Ça y est. Le président sénégalais nouvellement élu donne l’exemple de la démocratie, du principe de l’alternance et du respect de la parole donnée. Macky Sall a fait ce qu’aucun président africain en exercice n’a le courage de faire et ne rêve même pas oser poser comme.
Il a décidé, à la surprise générale de réduire le mandat présidentiel qui était de sept ans à son élection à cinq, avec, tenez-vous bien, effet immédiat.
Il ne s’est pas targué sur des considérations susceptibles légendaires des chefs d’Etats africains assoiffés de pouvoir et de volonté manifeste de s’y accrocher.
Il a été assez clair devant ses interlocuteurs à paris : « Nous voulons, par une révolution des mentalités et des habitudes, poser les fondements durables de la bonne gouvernance, par une rupture en profondeur dans nos rapports individuels et collectifs avec le service et le bien publics. Voilà pourquoi, après ma prise de fonction il y a bientôt deux ans, j’ai voulu susciter un nouvel état d’esprit qui fait de la transparence et de la reddition des comptes la quintessence même de la gestion des affaires publiques. C’est le sens de la déclaration de patrimoine que j’ai faite après mon élection, et de la réforme institutionnelle que j’ai initiée, pour mettre notre système démocratique aux standards internationaux les plus exigeants, dans la stabilité et la modernité des Institutions républicaines. Cette réforme ramènera à cinq ans, renouvelables une seule fois, le mandat de sept ans pour lequel j’ai été élu. Elle sera d’application immédiate» a déclaré le successeur d’Abdoulaye Wade.
A la lecture de ces déclarations, on ne se croirait pas en Afrique, ce continent qui a fait des élections frauduleuses pour se maintenir au pouvoir la norme.
La déclaration de Macky Sall est très riche de sens. Il a évoqué la bonne gouvernance, concrétisée par la déclaration de ses biens à la prise de pouvoir et s’attache aux principes de transparence vis-à-vis des biens publics. Il a, pour terminer, posé les bases d’une alternance par la limitation de mandat et la réduction de nombre d’années.
Comparée au Togo, la situation de démocratie évoquée par le Président sénégalais va étonner les plus hautes autorités dont le Chef de l’Etat Faure Gnassingbé.
Voilà un homme qui a pris le pouvoir au lendemain de décès de son père dans une succession militaire vite dénoncée par une population massacrée avant qu’il ne vienne se faire élire dans la chienlit.
Il réussira à résister pendant 5 ans à la contestation populaire pour se faire élire par une autre élection qui le conduit à une nouvelle prévue pour 2015.
Sous son règne, les principes de gouvernance, de transparence de respect des droits humains sont foulés au pied.
Alors qu’il est en train de boucler 10 ans à la tête du Togo, donc deux mandats et dont ont réclame la limitation, il se fait aider par des ouailles qui jasent à longueur de journée que la loi n’est pas rétroactive et si limitation de mandat il y avait, cela ne prendrait pas en compte les dix années qu’il venait de passer à la tête du Togo.
C’est le sacrilège et une insulte grave infligé aux défenseurs de ces principes.
Voilà que le Président sénégalais, qui est venu au pouvoir dans une élection transparente, saluée par son adversaire et qui a tous les moyens de laisser persévérer les atouts constitutionnels qui lui permettent de végéter au pouvoir, qui court pour vite pour s’en débarrasser.
Une bonne leçon, un bon exemple que le Togo, qui se plait dans un anti-démocratisme fougueux à vite se rendre compte que l’alternance et les principes de la bonne gouvernance sont le moteur du développement et dans la gestion de la chose publique, l’intérêt collectif, l’intérêt de la nation prend le pas sur des intérêts personnels qui obligent à s’accrocher au pouvoir.
Lorsque vous refuser de quitter le pouvoir, c’est le pouvoir qui vous quittera. Faure Gnassingbé, le Chef de l’Etat est interpellé….
Quant à Macky Sall, les fruits de cet engagement n’ont pas tardé pour son pays. Il venait donc après sa déclaration de mobiliser 5785 milliards de FCFA auprès des bailleurs de fonds pour faire de son pays une nation émergente.
Quoi de plus simple et de plus beau ?
Carlos KETOHOU