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TdE : L’eau potable est une denrée rare

 

 

 

Se procurer l’eau est et demeure  un parcours de combattant  dans bon nombre  de quartiers en pleine capitale Lomé.  Et pourtant, en  Septembre 2000, les Nations du monde,  dont le Togo,  lors de leur assemblée générale tenue à New York, ont pris des engagements  en vue de réduire de façon substantielle  les souffrances de leurs peuples. Il  s’agit bien des  huit  Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) dont l’accès à l’eau potable figure  en bonne place. L’échéance de 2015 fixée est à trois ans d’expiration mais force est de constater  que la capitale togolaise manque  d’eau  dans nombre  de  ses  quartiers, ce qui laisse à désirer sur le sort des habitants des banlieues de la capitale et surtout ceux de l’intérieur du pays qui vivent la croix et la bannière. Et pourtant, il y a une société qui gère l’eau, la  Togolaise des eaux (TdE) qui est censée apporter des solutions aux sollicitations des clients.  

 

 Le défilé des bidons jaunes, des cuvettes et seaux ne faiblit pas dans la capitale togolaise, Lomé. Il suffit de se rendre dans certains quartiers comme Nukafu, Casablanca, Tokoin Hôpital, CEBEVITO, Kégué, Hédjranawoé et consorts pour se rendre à l’évidence. Enfants, jeunes et vieux  ne cessent de se prêter à ce rendez-vous aux points de vente d’eau provenant de quelques rares forages construits par les mieux nantis pour pallier à la pénurie d’eau. En ce qui concerne les clients de la TdE, le problème reste entier malgré les dépenses que ceux-ci effectuent avant leur abonnement.

Les coûts des matériels

 

Les frais de location compteur et d’entretien branchement se situent entre 765 FCFA et 1500 FCFA par mois (hors taxe ; le taux de TVA étant de 18%) suivant le diamètre des tuyaux.

Les coûts de branchement sont dans l’ordre de 118.000 FCFA mais varient en fonction du diamètre des tuyaux. Il existe des coûts variables selon la tranche dans laquelle se trouve le client. Les Togolais, dans le souci de satisfaire leur besoin, font des pieds et des mains pour s’abonner aux services de la TdE. Mais au fil des jours, le désespoir prend place dans les maisons à cause des mauvaises prestations que cette société leur fournit.

La TdE, une société à la traîne

A l’approche des fêtes de fin d’année ou à des moments  forts de l’année, les sociétés comme Togocel et  Togo Télécom assaillent leurs clients avec une ribambelle d’offres, la CEET se rapprochent de plus en plus des populations et d’autres sociétés encore font des promotions en vue de motiver leurs clients pour qu’ils s’intéressent mieux à leurs services.  A la TdE, ce n’est pas du tout le cas.  Lors de la Foire de  Novembre 2009, elle a rabaissé le prix des branchements à 70.000 F CFA, ce qui a permis à près de 2.000 Togolais de souscrire à cette offre. Mais, c’était une confiance désabusée. L’argent collecté,  selon nos recoupements, aurait servi à financer les déplacements du directeur général de la société à l’époque, le sieur Yawo EVENYA qui a fini plus tard par être emporté par les réclamations et les dérangements de ceux là qui ont souscrit à cette offre promotionnelle et qui ont été à plusieurs reprises tourné en bourrique par les agents de la TdE.

Actuellement, la TdE est «orpheline» de directeur général. Elle est aujourd’hui la seule société de distribution d’eaux au Togo. Initialement connue sous le nom de la Régie Nationale des Eaux du Togo (RNET), elle a été privatisée  au début des années 2000 et a pris la dénomination actuelle de la Togolaise des Eaux, TdE. Raison de plus qui devrait lui permettre d’assainir sa gestion pour mieux satisfaire les demandes de  ses clients que n’importe quelle autre société.  Paradoxalement, c’est elle qui traîne les pas derrière les autres.

Les lamentations  des clients et magouilles de tous ordres y sont monnaie courante. Les pannes pour lesquelles les services techniques sont sollicités prennent des jours voire des semaines à trouver  des solutions. La plupart des matériels et équipements datent de l’époque coloniale et sont devenus du coup vétustes. Les canalisations sont désuètes et les travaux de réfection des infrastructures routières en cours à Lomé compliquent davantage le problème dans les quartiers où la pénurie d’eau ne se faisait pas sentir.

La situation que vivent les populations de Lomé en matière d’eau potable suscite beaucoup d’interrogations dans la mesure où depuis 2009, l’Agence française de développement (AFD) a alloué une enveloppe financière de 11 millions d’euros en subvention  à cette société. Cette assistance  s’inscrivait  dans le cadre de  la poursuite  des objectifs fixés dans le programme d’urgence en appui à la TdE  pour la période 2009-2013. Ces fonds étaient destinés au renforcement des capacités de gestion de la TdE, l’amélioration du niveau de service et de production d’eau potable et la réhabilitation et l’extension des réseaux de la ville de Lomé, dans le cadre d’une réforme institutionnelle du sous-secteur de l’eau urbaine.  Ce financement devrait donner une bouffée d’oxygène à cette société pour améliorer ses prestations vis-à-vis des clients. Mais ce n’est pas le cas et le périmètre urbain de la ville de Lomé continue de souffrir dans l’approvisionnement en eau. Il en est de même pour le grand Lomé qui est l´espace géographique que recouvrent les cinq communes de la ville de Lomé et les six cantons de Baguida, Toglékopé, Agoènyivé, Légbassito, Aflao Sagbado et Sanguéra. En effet le Grand Lomé est représentatif du territoire national togolais en ce qui concerne ses composantes socio-économiques, politiques, démographiques et ethniques. La ville de Lomé à elle seule contribue à près de 60% au Produit Intérieur Brut (PIB) du Togo. Il va s´en dire qu’il est appelé à devenir le moteur du développement économique et social du pays et l´exemple de développement urbain dont s´inspireront les autres villes dans le cadre de la politique de décentralisation que le gouvernement togolais a engagée.  Le manque  de cette denrée qu’est l’eau en pleine capitale est regrettable. Le grand chantier de développement ne peut se réaliser dans la mesure où l’accès à l’eau devrait  continuer par être un  casse tête chinois pour les populations.  L’appui que  l’AFD a porté à la TdE  devrait couvrir les besoins  en eau jusqu’en 2013.  Et si le délai n’a pas encore expiré mais que surgissent des problèmes, il y a lieu de s’interroger sur la manière dont la gestion des fonds a été faite. C’est le lieu de rappeler aux responsables de cette société d’emboiter le pas à la Compagnie d’Energie Electrique du Togo (CEET) afin que le bon exemple que celle-ci  est en train de donner en étendant  et en renforçant son réseau dans les banlieues de Lomé et à l’intérieur du pays soit copié. Il revient aux dirigeants de la TdE d’ouvrir les yeux vers d’autres bailleurs de fonds et faire preuve d’une bonne gestion car la mauvaise gestion et la corruption n’ont plus leur place dans la cité. La responsabilité du gouvernement est engagée.

Jean-Baptiste ATTISSO

 

 

EauTDE
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