Les fils et filles Adja ont honoré une fois encore le rendez-vous annuel de la célébration de leur fête traditionnelle, Togbui-Agni. Cette année, la fête a eu un cachet spécial avec la toute première sortie de Togbui Adja Tonawakpon, le 187ème roi intronisé le 30 Juin dernier, soit deux mois auparavant. Véritable occasion de retrouvailles à en croire Sowou Kokou, président du Comité d’organisation de cette fête.
Les peuples Adja résidant sur place ou venant de la diaspora se sont retrouvés pour « tourner les pages sombres des malentendus, des suspicions et méfiances afin de raffermir leurs relations fraternelles. C’est aussi l’occasion pour nous de réfléchir sur les problèmes qui freinent le développement de la préfecture et trouver des solutions », a-t-il déclaré devant la foule massée pour la circonstance.
Ils étaient nombreux, ces filles et fils Adja à faire le déplacement de Tado pour être témoins de ces moments de retrouvailles et d’intenses joies qui les rassemblent chaque année.
Ils sont venus du Bénin, du Ghana, du Nigéria, bref de tous les coins du monde et parmi eux, d’illustres personnalités natives du milieu. On peut citer entre autres la députée Christine Agnélé, le ministre Djossou Sémondji de la planification, le Consul de la Slovaquie Victor James SOSSOU.
Certaines personnalités dont Carlos KETOHOU, originaire de la localité et dont la grand-mère, Nabahoué qui était prêtresse dans la cour du précédent roi de Tado, Adjakanou Mabou n’a pu effectuer le déplacement de Tado, mais il nous a confié son attachement à ces manifestations.
Le Ministre Dammipi Noupokou des transports qui représentait le Chef de l’Etat à cette occasion, a encouragé les natifs du milieu à continuer par valoriser leur tradition à travers la célébration de cette fête qui permet aux jeunes de recevoir de leurs aînés, le savoir-faire des ancêtres.
Il a ensuite rappelé certaines vertus propres à l’Afrique qui lui permettent de privilégier le dialogue lorsque surgissent les différends. Il a félicité le comité d’organisation de cette fête avant de rassurer Sa majesté le roi Togbui Adja Tonawakpon ainsi que la vaillante population de Tado des dispositions que le gouvernement entend prendre pour solutionner leurs doléances.
Dans son mot de bienvenue, Sowou Kokou, a témoigné sa gratitude à tous ceux qui ont accepté de sacrifier leur temps pour venir partager avec eux, ces quelques heures de démonstration des richesses et valeurs traditionnelles des peuples Adja. Il a également retracé à toute l’assistance, l’historique du royaume de Tado et de la fête Togbui Agni.
Selon lui, les Adja, sont originaires de la vallée du Nil. Ils sont passés par Oyo au Nigéria et Kétou au Bénin sous la conduite du prince Togbui-Agni. Ils ont ensuite débarqué à Azamé par vagues successives à la recherche du bien-être. L’histoire raconte que l’arrivée du prince Togbui-Agni à Azamé coïncide avec une période de crise, caractérisée par la sécheresse, la famine, les épidémies et autres. Avec ses pouvoirs magiques, il arrivera après avoir rassuré les dirigeants d’Azamé, à exorciser le village à partir des paroles mystiques telles que « Ata-Adomi », Tado qui sera désormais le nom de la cité dont il deviendra le tout premier roi.
La prospérité connue par le village de Tado sous Togbui-Agni sera désormais célébrée tous les ans en son hommage. Sowou Kokou a appelé la population à la préservation des vestiges du peuple Adja que chaque fils doit contribuer à conserver dans un musée dont la construction doit créer un sursaut chez tous.
Il a aussi remercié le ministre Dammipi Noupokou, représentant personnel du Chef de l’Etat ainsi qu’à sa délégation et l’a invité à transmettre au Chef de l’Etat le soutien indéfectible du peuple Adja pour sa politique de paix, de réconciliation et de revalorisation des valeurs culturelles. La 47è édition de cette fête est placée sous le signe du pardon sincère.
Pour donner du baume au cœur des participants, les femmes joueuses du tam-tam parlant se sont mises à l’œuvre. La fête qui a connu l’arrivée de la délégation officielle autour de 9 heures s’est poursuivie jusque tard dans la soirée.
En prélude à cette fête, une conférence d’information a été organisée il y a quelques jours à Lomé. Placée sous le thème : « Histoire et archéologie du Royaume de Tado : des origines à nos jours », la conférence a été animée par le professeur Théodore Nicoué Gayibor et le Docteur Angèle Dola Aguigah et vise à revisiter l’histoire des peuples installés à Tado.
Les conférenciers ont exposé des recherches axées sur l’immensité culturelle et historique du peuple Adja. Le public présent à cette conférence a bénéficié d’un approfondissement dans la connaissance des communautés qui se sont installées dans cette localité. Aussi dénombre-t-on les Alu, les Azanou, les Za et les Adja-Ewé.
Ces derniers occupent aujourd’hui ce qui est convenu d’appeler l’aire culturelle Adjatado. D’après les historiens, la communauté des Alu serait la toute première à s’être installée sur le territoire depuis le millénaire passé. Mais pour les archéologues, cette communauté habitait la région avant les temps néolithiques et son origine est entourée de mystère. Selon leur coutume, les Alu seraient directement descendus du ciel et leur ancêtre au nom de Eyu tenait entre ses mains le marteau et l’enclume, symbole du travail et de la forge.