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SYRIE: premier bombardement au Liban, l’opposition se choisit un Premier ministre

L’aviation syrienne a bombardé pour la première fois lundi le Liban alors que l’opposition syrienne, réunie à Istanbul, tentait de se choisir un Premier ministre pour gérer les territoires de Syrie conquis par les rebelles hostiles au président Bachar al-Assad.

« L’aviation syrienne a bombardé lundi, pour la première fois depuis le début du conflit, il y a deux ans le nord du Liban, touchant Wadi Khail, près de la ville frontalière d’Arsal », selon le département d’Etat américain qui confirmait une information de source militaire libanaise plus tôt dans la journée.

Une porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland, a parlé « d’escalade significative dans les violations de la souveraineté territoriale libanaise dont la Syrie se rend coupable ».

La France a elle aussi condamné les bombardements, dénonçant une « escalade » et une « nouvelle et grave violation de la souveraineté du Liban ». « Le bombardement aérien effectué aujourd’hui par les forces armées du régime syrien en territoire libanais, dans la région d’Ersal, constitue une nouvelle et grave violation de la souveraineté du Liban », a déclaré le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Philippe Lalliot.

Dans un premier temps, un haut responsable militaire libanais n’avait évoqué auprès de l’AFP que des tirs de roquettes « sur la frontières entre le Liban et la Syrie » sans pouvoir dire si les tirs avait frappé le territoire libanais ou seulement le territoire syrien.

Les responsables de la coalition, reconnue par des dizaines de pays comme le seul représentant légitime du peuple syrien, ont, eux, débuté lundi une réunion de deux jours à Istanbul en Turquie. La rencontre a débuté sur une note positive avec l’annonce par l’Armée syrienne libre (ASL) de son soutien à un gouvernement intérimaire.

« Nous soutiendrons ce gouvernement et travaillerons sous son égide », a déclaré lors d’une conférence de presse Selim Idriss, le chef d’état-major de l’ASL, qui constitue la principale force armée de la rébellion.

« Nous prenons la responsabilité de protéger le gouvernement (intérimaire) dans toutes les zones libérées de Syrie, et si un ministre veut se rendre dans une zone non libérée, nous prenons la responsabilité de le protéger, jusqu’au coeur de Damas », a souligné M. Idriss.

Le chef rebelle a également garanti que l’ASL était en mesure de contrôler les armes qu’on lui confiait, alors que la France s’est dite prête à armer les rebelles avec la Grande-Bretagne, même en l’absence d’un consensus au sein de l’Union européenne.

« Nous espérons que les pays européens prendront la décision de nous donner des armes et des munitions (…) Nous leur donnons toutes les garanties que ces armes ne tomberont pas dans de mauvaises mains ou dans celles d’extrémistes », a-t-il affirmé.

Forts de ce soutien, les 73 représentants de la Coalition doivent tout d’abord choisir la forme de l’exécutif qu’ils entendent mettre en place, entre un gouvernement intérimaire aux larges prérogatives politiques ou un organe exécutif aux pouvoirs plus limités, qui permettra à l’opposition d’occuper le siège de la Syrie lors du prochain sommet de la Ligue arabe, fin mars.

Un consensus semblait se dégager lundi en faveur de la création d’un véritable gouvernement.

« Je peux dire qu’environ 60 des 73 membres de la Coalition veulent qu’un gouvernement soit formé », a déclaré un porte-parole de la Coalition, Khaled al-Saleh.

Ils doivent ensuite se prononcer sur le nom du Premier ministre.

Sur douze candidats, trois font figure de favoris: un ex-ministre de l’Agriculture de l’ancien président Hafez al-Assad, Assaad Moustapha, l’économiste Oussama al-Kadi et un cadre supérieur dans les télécoms, Ghassan Hitto. Avec un avantage pour les deux derniers cités, estimait lundi Samir Nashar, un des membres de la Coalition.

M. al-Kadi est né en 1968 à Alep et dirige à Washington le Centre syrien pour les études politiques et stratégiques. M. Hitto est né en 1963 à Damas et a passé près de vingt-cinq ans aux Etats-Unis, où il a été un cadre dirigeant d’entreprises de haute technologie avant de rejoindre la Turquie et les rangs de la révolution fin 2012.

Gérer les zones « libérées »

Le chef de l’exécutif doit être élu par un scrutin majoritaire à deux tours, mais les discussions se poursuivaient pour tenter d’obtenir le consensus le plus large possible autour d’un seul nom avant l’élection.

« Nous travaillons dur pour atteindre un consensus. Personne ne peut garantir qu’il y aura un vote lors de la réunion aujourd’hui ou demain, mais il y a une grande chance que ça arrive », a déclaré M. Nashar à l’AFP.

« Même les plus vieux Parlements dans le monde prennent beaucoup de temps pour prendre une décision. Pour moi, c’est un signe de démocratie (…) Ce n’est pas un mauvais signe », a commenté pour l’AFP le président de la Coalition, Ahmed Moaz al-Khatib.

La première tâche du Premier ministre, s’il est élu, consistera à nommer un gouvernement chargé de gérer les territoires du nord et de l’est du pays conquis de haute lutte par les insurgés mais plongés dans le chaos.

Ce nouvel exécutif devra nécessairement être basé en Syrie, a souligné M. al-Saleh, « un gouvernement qui fonctionnerait via internet ou Skype, ça ne peut pas fonctionner ».

Elu par une Coalition dont la représentativité est souvent contestée par les militants sur le terrain, le Premier ministre devra rapidement confirmer en Syrie même sa légitimité.

Si le vote a lieu, « le Premier ministre va se rendre en Syrie et avoir une série de rencontres avec les chefs de groupes rebelles qui combattent le régime d’Assad », a affirmé M. Nashar.

Ces rebelles délimiteront « jusqu’à quel point ils sont prêts à accepter les prérogatives du Premier ministre. Cela pourrait prendre du temps », a-t-il ajouté.

AFP

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