Au moins dix personnes ont été tuées lundi par une attaque suicide à la voiture piégée dans le centre de Mogadiscio, selon le gouvernement somalien, un attentat revendiqué par les insurgés islamistes shebab, le plus meurtrier depuis septembre dans la capitale.
Selon des sources sécuritaires ayant requis l’anonymat, le chef régional des services somaliens de renseignement, Khalif Ahmed Ereg, était visé par l’attentat et a été blessé. Aucune confirmation officielle n’a pu être obtenue.
« L’attentat suicide a été perpétré près du Théâtre national dans le quartier d’Hamarweyne de la capitale quand un kamikaze au volant d’une voiture a percuté un minibus » de transport collectif et « au moins dix personnes ont été tuées et 15 blessées », a indiqué le cabinet du Premier ministre somalien, Abdi Farah Shirdon, dans un communiqué.
Le texte ne fait aucune mention de Khalif Ahmed Ereg.
« Le mouvement shebab est responsable de l’organisation de l’attaque contre le mécréant Khalif Ereg » contre lequel « un saint a commis l’acte sacrificiel », a affirmé à l’AFP Ali Mohamud Rage, porte-parole des insurgés islamistes.
« Les attaques contre ce type d’individus continueront jusqu’à ce qu’ils soient éliminés du territoire sacré de Somalie », a poursuivi le porte-parole, l’accusant d’avoir « les mains tâchées du sang du peuple » somalien.
Selon un témoin, Hassan Salad, une partie des victimes se trouvait dans le « minibus touché par l’explosion ». « Il y a de la fumée et des corps éparpillés sur les lieux » de l’explosion, a-t-il raconté à l’AFP.
Des images prises par un photographe de l’AFP montrent un châssis carbonisé, dernier vestige d’un véhicule totalement détruit, à côté d’un minibus enflammé, le tout dégageant une épaisse fumée noire. De nombreux débris parsemaient la chaussée. L’explosion a apparemment sérieusement touché un restaurant devant laquelle elle s’est produite.
Les shebab ont multiplié les actions de guérilla et les attentats, notamment à Mogadiscio, depuis qu’ils ont été chassés en août 2011 de la capitale par une force de l’Union africaine (Amisom).
Ils ont depuis essuyé une série ininterrompue de revers militaires et ont dû abandonner progressivement la totalité de leurs bastions du sud et du centre somaliens à l’Amisom et à un contingent éthiopien, entré en novembre 2011 en Somalie.
Des combattants shebab ont néanmoins repris sans combat dimanche la ville de Hudur, capitale de la province de Bakool, à environ 300 km au nord-ouest de Mogadiscio, quelques heures après le départ des troupes éthiopiennes qui tenaient la ville depuis fin 2011.
Les forces gouvernementales somaliennes et milices alliées ont suivi le contingent éthiopien, laissant le champ libre aux insurgés et poussant environ 2.000 habitants à fuir la ville. Les raisons du départ des soldats éthiopiens de Hudur n’étaient pas connues dans l’immédiat.
Les shebab ont d’après des témoins également pris le village d’Awdinle, à 25 km au nord de Baïdoa, la grande ville du sud somalien, ancien bastion des islamistes dont ils ont été chassés par les troupes éthiopiennes en février.
L’attentat de lundi est le plus meurtrier dans la capitale somalienne depuis celui perpétré en septembre par deux kamikazes dans un restaurant situé en face du Théâtre national, tuant 18 personnes.
Le Théâtre national de Mogadiscio avait lui-même été visé début avril 2012 par un attentat qui avait fait six morts, pendant une cérémonie officielle à laquelle participait le gotha du gouvernement somalien. Fermé durant 20 ans en raison de la guerre civile dans le pays, le Théâtre national avait rouvert un mois plus tôt.
Le dernier attentat à Mogadiscio remonte au 1er mars et a fait au moins trois morts. Un kamikaze avait déclenché les explosifs qu’il portait sur lui devant un restaurant du front de mer fréquenté de la capitale, tuant les deux gardes l’ayant empêché d’entrer. Une voiture piégée avait ensuite explosé, tuant une personne supplémentaire.