« La paix n’est pas un mot, c’est un comportement ». La maxime est bien connue de tous, du régime RPT/UNIR, aussi. Mais la posture, sinon l’attitude de ceux qui se nourrissent de la violence aveugle, en vendant sans consentement aux populations civiles sans défense, la peur et la terreur, tortures et morts, ne saurait jamais expliquer comment les chantres de la barbarie et adeptes de la crue cruauté peuvent du coup se définir apôtres de la paix et de la non-violence. Surprenant ! Le forcing est trop beau pour être bon, et le doute doit être ici engagé. Puisque la supercherie est irréfragable. Une escroquerie intellectuelle, dira-t-on.
Depuis que le régime RPT/UNIR s’est approprié les concepts de paix et de la non-violence, Faure Gnassingbé et ses soutiens ne cessent de proclamer à tous les échos que la paix sociale est sérieusement menacée au Togo. Des marches et meetings sont organisés à cet effet pour disent-ils, dénoncer ce qu’ils appellent le « terrorisme politique », « l’extrémisme ou l’intégrisme religieux » des membres du PNP, Parti national panafricain de Tikpi Atchadam.
Seulement, les comportements de ceux qui se réclament apôtres de paix et de la non-violence au Togo, contrastent véritablement avec leurs discours et actes politiques qu’ils tiennent sur le terrain. Que ce soit à Lomé, à Sokodé, Bafilo, Kparatao, Kara ou Mango, etc. les populations togolaises vivent au quotidien dans une psychose généralisée, puisqu’elles sont constamment maintenues dans une peur indicible et une terreur aux antipodes du réel.« Ils (les militaires, ndlr) sont venus à 6 heures du matin en défonçant nos portes. Ils ont bastonné les femmes, 10 coups chacune sur les fesses. Ils ont demandé d’après nos époux qui depuis, ont fui la ville pour se réfugier dans la brousse. Ensuite, ils nous ont demandé de retourner dans nos chambres sinon, ils vont nous fusiller. Ils ont tout saccagé. Ils pillent les maisons et volent l’argent des gens. Mon fils était dehors, ils disent qu’ils vont l’asperger d’essence et le brûler. Ils ont arrêté des élèves. La majorité de la population fuit vers le Ghana. Certaines personnes partent vers d’autres localités du pays. Vraiment, nous sommes désemparés à Mango », a déclaré une femme victime de la barbarie des militaires dans le nord du pays où on parle de près de 300 togolais qui ont fui vers le Ghana voisin suite aux manifestations du 20 septembre 2017. Trois personnes dont un enfant de neuf (09) ans ont déjà trouvé la mort à Mango.
Cette déclaration de la dame devait paraître comme la partie visible de l’iceberg, puisque partout sur le territoire togolais, le pouvoir de Faure Gnassingbé redouble d’ardeurs dans les violences sur de pauvres populations civiles qui portent pacifiquement leurs revendications d’alternance et de changement. Aussi beaucoup affirment-ils que la ville de Sokodé, désormais épicentre de cette contestation populaire, est assiégée depuis le 19 août 2017 par les bérets rouges, une unité d’élite, qui terrorisent quotidiennement les populations de cette localité du pays.
Kparatao, village natal du président du PNP a aussi été théâtre de la brutalité des treillis. Dans ce village frondeur du nord du pays, une vache attachée a été « assassinée », criblée de balles par une escouade de militaires au motif que l’animal « menaçait les forces de défense et de sécurité ». Terrible indécence !
Mais c’est de cette manière particulièrement bizarre que le pouvoir de Lomé porte ses « nobles » valeurs de paix et de non-violence. « Tout le monde sait que ce régime a été bâti sur la violence, de l’argent et du mensonge. Tout le monde le sait et ça ne trompe personne. Ni les togolais ni les africains avisés ni les amis du Togo et de l’Afrique », dixit Tikpi Atchadam avant de souligner que« le régime RPT/UNIR veut avoir en face un ennemi à abattre. Ils veulent faire une guerre, et quand nous nous présentons en pacifistes, ils sont dérangés. Ça déjoue tout leur plan. Parce que c’est leur terrain, la violence. Comme ils ne nous voient pas sur ce terrain, ils sont mal à l’aise. Ils veulent coûte que coûte nous mettre sur leur terrain, là où ils sont très à l’aise », a-t-il ajouté.
Aussi faudrait-il rappeler que les discours des premiers responsables du régime RPT/UNIR sont toujours aux antipodes des concepts de paix et de non-violence que chante le parti au pouvoir. « Ils s’amusent avec le feu », a déclaré le 18 août 2017, le ministre de la sécurité, le colonel Yark Damehane sur une station radio avant d’invoquer l’expression de « légitime défense » devant une population civile qui manifeste les mains nues.
Le 19 août 2017, quand bien même qu’ils n’étaient pas armés, deux manifestants ont été fauchés, tués à balles réelles lors de la marche du PNP. Et comme le régime est plus à l’aise dans le langage et l’utilisation des armes, Christian Trimua, ancien ministre en charge des institutions de la République, a surpris plus d’un avec une déclaration qui résonne comme un aveu de ceux qui depuis 2005, se sont installés à la tête du Togo en usant des armes. Il déclare : « Prenez (aussi) les armes et faites ce que vous voulez ». Pour Christophe Tchao, président du groupe parlementaire UNIR à l’Assemblée Nationale, « Si le Togo va brûler, nous brûlerons tous ».
Voilà comment ceux qui se portent garants de la paix et de la non-violence se distinguent dans des propos incendiaires. Des forces réactionnaires qui restent dans la provocation, cherchant comme le dit Tikpi Atchadam, à « faire la guerre ».
La preuve, le régime ne déverse dans la rue des jeunes incités par 5000 francs Cfa et de quelques beignets que lorsque l’opposition appelle le peuple, conscient et consciencieux du drame de gouvernance que vit le Togo depuis des lustres, à lutter pour l’avènement de la démocratie au Togo. « Nul n’a le monopole de la rue », « si tu sors, je sors », scandaient ces jeunes désœuvrés, loués par un régime aux abois pour prendre part à leurs manifestations.
Bien que leur « champion » Faure Gnassingbé ait maintes fois déclaré que « jamais plus la politique ne doit faire couler le sang au Togo » et organiser une cérémonie de purification en mémoire des martyres, le régime continue inlassablement de tuer et d’enterrer les Togolais. À quoi ça sert de parler de paix et de non-violence en aiguisant sa machette, en chargeant son revolver et toujours disposé, prompt à œuvrer dans le massacre de paisibles populations ? La paix, faut-il le rappeler, n’est pas un vain mot, mais c’est un comportement.
Sylvestre K. BENI