GENEVE, Suisse, 1er juillet 2014/African Press Organization (APO)/ — L’Experte indépendante des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en République Centrafricaine, Marie-Thérèse Keita-Bocoum, a déclaré lundi que la mise en place de la MINUSCA constituait un tournant décisif dans la réponse apportée à la situation complexe que traverse le pays.
« Cette réponse doit être multidimensionnelle, concertée et mieux articulée afin de pouvoir relever les nombreux défis auxquels est confrontée la République Centrafricaine (RCA) », a précisé l’Experte indépendante.
« Pour ce faire, j’invite la communauté internationale à rapidement doter la MINUSCA de toutes les capacités et ressources nécessaires pour qu’elle puisse pleinement faire usage de son mandat et atteindre les objectifs qui lui sont assignés. », a-t-elle indiqué lors de la présentation de son dernier rapport* au Conseil des droits de l’homme le 24 juin.
« Ceci doit être réalisé en coopération avec les autorités de transition, les forces internationales de maintien de la paix, les partenaires internationaux et l’équipe de pays des Nations Unies », a ajouté Marie-Thérèse Keita-Bocoum.
Le rapport de l’Experte indépendante a permis de mettre en lumière la situation des droits de l’homme en RCA, sur la base des observations et informations recueillies lors de ses deux visites effectuées du 4 au 14 mars et 10 au 18 avril 2014. Il identifie plusieurs domaines d’assistance technique et de renforcement des capacités, et formule diverses recommandations.
Le rapport conclut que de nombreuses violations des droits de l’homme commises en RCA depuis la recrudescence de la crise en décembre 2012 touchent au droit à la vie et incluent des exécutions extrajudiciaires, des cas de torture, de viol de femmes et de filles, des incendies de villages, des pillages et diverses exactions.
Depuis décembre 2013, la crise a pris une forme sectaire par le biais d’affrontements entre, d’une part les ex-Séléka (pour la plupart musulmans), et d’autre part, les anti-Balaka (pour la plupart chrétiens et animistes). Le rapport note que les deux groupes continuent de se livrer à des violations graves des droits de l’homme et que les attaques systématiques et violentes d’une communauté contre l’autre se poursuivent. Les exactions commises par les deux groupes comprennent notamment des massacres et des déplacements forcés de communautés, en majorité musulmanes.
« Depuis son indépendance, la République Centrafricaine est, et a été, marquée par la mauvaise gouvernance, la corruption, le népotisme et des gabegies de toutes sortes. Si rien n’est fait pour assurer la sécurité des personnes et des biens, le pays continuera à être un sanctuaire pour la prolifération des armes légères et de petit calibre, des groupes armés et des criminels de tout ordre », a souligné l’Experte indépendante.
Son rapport a également permis d’établir que la crise avait été de nature politique dès ses débuts et que l’aspect religieux avait été récemment exploité à des fins politiques. « Cette tournure récente pourrait conduire à la partition du pays, étant donné que la minorité musulmane cherche désormais à s’installer dans la partie nord du pays ou à chercher refuge dans les pays voisins », a précisé Mme Keita-Bocoum.
Dans son rapport, l’Experte indépendante a également formulé des recommandations autour de trois axes principaux visant à résoudre la crise en RCA et à remettre le pays sur la voie du développement durable. Mme Keita-Bocoum a ainsi recommandé :
a) d’assurer la sécurité de la population en général et celle des personnes à risque en particulier contre les attaques violentes et ce, par le déploiement de forces de maintien de la paix tel qu’énoncé dans la résolution 2149 du Conseil de sécurité,
b) de fournir au gouvernement l’assistance technique nécessaire pour lui permettre de lutter efficacement contre l’impunité et de restaurer la chaîne pénale et l’autorité de l’Etat,
c) de renforcer les initiatives locales en faveur de la réconciliation entre communautés afin de promouvoir la notion de « vivre ensemble ».
(*) Pour accéder à une copie du rapport (A/HRC/26/53), veuillez cliquer sur : http://www.ohchr.org/EN/HRBodies/HRC/RegularSessions/Session26/Pages/ListReports.aspx