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Programme Ahoumey Zunu : Fourre-tout ou réinventer la roue ?


66, voilà le nombre de députés qui ont accordé leur confiance à la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre togolais Kwesi Séléagodji Ahoomey-Zunu ce jeudi 02 août à l’Assemblée nationale. Un programme fourre-tout qui revient sur tout ce que ses prédécesseurs ont présenté mais qu’ils n’ont jamais pu rendre effectif. Les 16 députés de l’Union des Forces de Changement (UFC) présent à la cérémonie ont voté pour tandis que les 3 députés du Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) se sont prononcés contre le programme du chef du gouvernement. Les axes du programme du nouveau Premier Ministre sont autant ambitieux qu’utopiques. La plupart des projets du programme ont été annoncés par ces prédécesseurs. Mais le chantier reste vierge. À moins qu’Ahoumey Zunu compte s’armer de moyens miraculeux pour réussir là où tous les autres sont passés à côté.

Voici une autopsie sommaire du programme de gouvernement ZUNU.

Le programme présenté par le Premier ministre s’articule essentiellement autour de la feuille de route de route dressée par le Président de la République. Conformément à ses orientations, l’action du gouvernement sera organisée en priorité autour de quatre grands axes de cette feuille de route. Il s’agit de l’approfondissement du dialogue démocratique ; le respect des règles de bonne gouvernance ; la promotion d’une société internationale pacifique et la protection des citoyens contre l’insécurité ; et enfin, le développement d’une économie de proximité.

A propos du premier axe, le gouvernement, d’après le Premier ministre, entend accorder un degré de priorité élevé à la relance du dialogue et des concertations politiques « dans le but de traduire dans les faits le souci d’ouverture et de cohésion nationale constamment exprimé par le chef de l’Etat. A cet effet, un certain nombre de mesure d’apaisement seront prises parmi lesquelles l’accélération de la mise en œuvre des recommandations de la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) et de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (CVJR). Difficile de croire que la totalité des recommandations seront mises en œuvre quand on sait que ceux qui sont les principaux auteurs des actes de tortures sont libres et, pire, continuent d’avoir la confiance du chef de l’Etat.

 

Sur le cadre électoral, le gouvernement entend engager des discussions et consultations pour favoriser des mesures susceptibles de contribuer à l’organisation d’élections apaisées. Mais là aussi, la question se pose de savoir à quoi aboutiront les discussions et consultations auxquelles fait allusion le chef du gouvernement. Puisque ce dernier à indiqué aux députés préoccupés par cette question qu’il ne voit pas jusqu’alors ce qui n’est pas bien dans le Code électoral.

Concernant le second axe c’est-à-dire le respect des règles de bonne gouvernance entend faire de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. « A cet effet, le gouvernement fera preuve de vigilance accrue face aux prévarications et aux abus divers des agents et autres préposés de l’Etat. Le climat des affaires sera également amélioré, dit-on.

En 2008, Gilbert Houngbo en a également fait son cheval de bataille. Mais quatre ans après, force est de constater que la corruption n’a jamais eu la vie aussi dure. Ce qui est encore plus déplorable, c’est que ce phénomène est beaucoup plus l’apanage de ceux qui sont au sommet de l’Etat. Faure Gnassingbé ne l’a-t-il pas reconnu dans son discours du 27 avril dernier quand il déclarait dans son discours que les richesses nationales se retrouvent dans les mains d’une minorité ?

Protection accrue des citoyens contre l’insécurité et promotion de la paix dans la sous-région, en Afrique et dans le monde, voilà ce à quoi compte s’atteler l’équipe d’Ahoomey-Zunu en ce qui concerne le troisième axe : promotion d’une société internationale pacifique et protection des citoyens contre l’insécurité. Cela se traduira par la professionnalisation accrue des agents de sécurité à travers une meilleure formation ; une meilleure couverture sécuritaire du territoire national ; un renforcement des capacités pour mieux canaliser les interventions et éviter l’usage disproportionnée de la force dans les opérations de maintien de l’ordre etc. Pour un pays dont les forces de l’ordre se sont illustrées à plusieurs reprises par leur indiscipline notoire et une violence d’un degré rare envers des manifestants de l’opposition, ces mesures ne peuvent qu’être les bienvenues.

Le quatrième et dernier axe de la feuille de route du gouvernement veut développer une économie de proximité en mettant en place une stratégie globale alliant accélération de la croissance économique et inclusion. Cet axe va également mettre un accent particulier sur le développement à la base, l’emploi des jeunes et le développement des secteurs sociaux et sur l’agriculture et le développement rural. Il apportera également un soutien plus accru aux secteurs porteurs de croissance.

A l’analyse, le programme du nouveau Premier ministre n’a rien de mauvais. Bien au contraire, il comporte des points qui, mis en œuvre, pourront contribuer à faire avancer le Togo. Mais, Ahoomey-Zunu aura-t-il les moyens et la latitude nécessaire pour l’accomplir et ainsi mieux faire que ces prédécesseurs ? Voilà toute la question. Une question qui mérite d’être posée quand on se base sur le fait qu’au Togo, non seulement les Premiers ministres n’ont aucun pouvoir, mais aussi, sont souvent tournés en bourrique puis jetés dehors comme de vulgaires bandits. Et quand on sait que le problème réel du pays est son système politique, il y a de quoi être sceptique quant au bon aboutissement du présent programme. Voilà la raison pour laquelle le CAR a voté contre ce discours programme, tout en estimant que la solution aux problèmes du Togo ne réside pas dans le changement fréquent de Premier ministre, mais dans la volonté de ceux qui sont au pouvoir d’accepter  un jour la logique de l’alternance. Sinon, a déclaré Kossi Amégnona, président du groupe parlementaire CAR, on aura beau changer de Premier ministre, les problèmes vont persister. Justement, au Togo, les beaux textes et les beaux discours sont légion mais n’ont jamais été mis en œuvre.

 

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