L’annonce hier après-midi d’une conférence de presse prévue ce lundi par Pascal Bodjona défraie la chronique dans les milieux politiques du Togo.
Très influent homme politique tombé en disgrâce, flanqué d’une affaire d’escroquerie internationale et détenu à la gendarmerie nationale, l’ancien proche collaborateur de Faure Gnassingbé, Chef de l’Etat togolais fait valoir tous les recours de droit pour prouver son innocence.
Mais seulement, depuis sa libération où il est resté dans le silence, beaucoup se posent la question sur ce qu’il est devenu et les projets qu’il nourrit dans l’ombre.
En homme politique redouté, on lui attribue la création d’un parti politique et une probable candidature à la prochaine élection présidentielle.
Des attributions qui lui vont comme des gants, que lui-même ne revendique pas, préoccupé plutôt par la démonstration juridique de son innocence.
Seulement, l’annonce de sa conférence de presse suscite des remous dans les milieux politiques, tant du pouvoir que de l’opposition. Des supputations, des interprétations et même des pronostics se font sur le contenu de son message à délivrer à l’opinion.
Concernant justement le dossier qui l’oppose à la justice togolaise, la chambre judiciaire a rejeté courant semaine tous les recours de droits exposés par Pascal Bodjona et ses avocats.
Yaya Abdoulaye, le Président de la chambre judiciaire de la cour suprême a seulement ignorer de motiver ce rejet par des instruments juridiques alors que précédemment, la chambre d’accusation de la cour d’appel avait déjà annulé la procédure d’accusation, d’inculpation et de détention de l’ancien ministre d’Etat pour faute de droit.
Ce nouveau développement pourrait, d’après nos informations, faire l’objet de la conférence de presse.
Ailleurs, l’ancien porte-parole du gouvernement serait disposé à répondre à toutes les questions, même celles liées à la politique.
La politique justement marquée par le rejet par les députés du parti UNIR au pouvoir de l’article 59 sur la limitation du mandat présidentiel et des manifestations de l’opposition pour exiger les reformes constitutionnelles et institutionnelles.
Les journalistes ne vont pas manquer de demander à l’ancien collaborateur de Faure Gnassingbé ses ambitions politiques pour 2015.
L’affaire d’escroquerie internationale en question concerne le mécontentement de Abbas Al Youssef, homme d’affaire émirati qui dit avoir été escroqué par des individus lui ayant fait miroiter une fortune appartenant à l’ancien président ivoirien Robert Guéi.
Deux autres personnes sont concernés par ce dossier : Sow Bertin AGBA, homme d’affaire togolais, cerveau de l’escroquerie en fuite après une mise en liberté provisoire, et qui se contente plutôt, depuis son refuge de rôder dans les pays voisins pour narguer les autorités togolaises.
L’autre, c’est Loïk Le Floch-Prigent, ancien patron français de la compagnie Elf, lui aussi remis en liberté après plusieurs mois passés à la gendarmerie qui a exposé son innocence, mais aussi celui de Pascal Bodjona dans le livre « Le mouton noir » où il a fait un grand déballage sur l’affaire, ses relations avec Abbas Youssef, les conditions de son extradition de la Côte d’ivoire au Togo, sa détention à la gendarmerie de Lomé, la procédure judiciaire et sa remise en liberté.
La nouvelle sortie annoncée de Pascal Bodjona, si elle est entièrement consacrée à cette affaire donne droit de penser que cette affaire n’est pas prête de connaître son épilogue.
Dans tous les cas, la conférence de presse est très attendue par plusieurs acteurs.
Carlos KETOHOU