Le chef du principal groupe d’opposition marocain, Abdessalam Yassine, est décédé jeudi, a annoncé un porte-parole du groupe islamiste Al Adl Wal Ihsane (Justice et bienfaisance).
Le cheikh Yassine, qui était âgé de 84 ans, souffrait de la grippe, selon Hassan ben Najeh, membre des jeunes du mouvement islamiste. Son état de santé était fragile depuis quelque temps.
Ses obsèques, qui se dérouleront vendredi à Rabat, pourraient donner lieu à une manifestation contre le pouvoir.
Al Adl Wal Ihsane, qu’il avait fondé en 1981, est un mouvement politique non autorisé mais toléré par les autorités marocaines et considéré comme la seule organisation d’opposition capable de mobiliser au sein de la population du royaume.
Il a joué un rôle majeur dans la vague de protestation de 2011 qui, dans le sillage du « printemps arabe » né en Tunisie, a amené la monarchie à instaurer des réformes constitutionnelles diluant partiellement ses pouvoirs étendus.
Le mouvement de contestation s’est essoufflé après le départ d’Al Adl Wal Ihsane en raison de conflits avec l’opposition laïque.
On ignore pour le moment qui succédera au défunt, emprisonné à plusieurs reprises pour son opposition à la monarchie.
« C’était l’un des plus grands adversaires de la monarchie. Il aurait pu rassembler des centaines de milliers de personnes dans une ville comme Casablanca, mais ne l’a jamais fait parce qu’il ne recherchait pas l’affrontement », explique le politologue Mati Mondjib.
« Après sa disparition, les différentes factions au sein d’Al Adl Wal Ihsane vont se disputer à propos de l’accent à donner à la politique et à la prédication, ce qui risque de provoquer une scission. »
Al Adl Wal Ihsane est distinct du Parti pour la justice et le développement (PJD), une formation islamiste modérée formée dans les années 1990 qui a remporté les élections législatives de novembre 2011.
Son chef de file, Abdelilah Benkirane, dirige actuellement le premier gouvernement dominé par des islamistes au Maroc.
Le groupe de Cheikh Yassine reste en revanche à l’écart du système en raison de son refus de reconnaître au roi Mohammed VI sa qualité de « Commandeur des croyants ».
Reuters