Détruit par les djihadistes du Mujao, ce pont est situé sur un axe d’échanges majeur entre la ville de Gao et le Niger.
«Allez, les gars, allez! C’est la dernière!» Les militaires français s’encouragent avant de reprendre à pleines mains les épaisses barres d’acier qu’il s’agit de faire glisser le long des galets de roulement, dernière étape de la reconstruction du pont de Tassiga.
La chaleur, dans cette portion désertique du nord du Mali, atteint parfois les 70 degrés. «Des conditions pénibles», commente laconiquement le lieutenant Charles, du 31e régiment du génie, qui a dirigé les travaux. Situé entre Gao et la frontière nigérienne, l’ouvrage avait été détruit par les djihadistes du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) à la fin du mois de janvier, peu avant la libération de Gao. Les combattants islamistes espéraient alors ralentir la progression des militaires en provenance du Niger voisin.
Mais aujourd’hui, le pont de Tassiga est à nouveau debout. Trente tonnes d’acier qui s’étendent au-dessus du fleuve Niger, sur une longueur de vingt-quatre mètres. C’est ce qu’on appelle un pont Bailey: préfabriqué en France, il a été assemblé sur le site en à peine trois jours, à la manière d’un Meccano géant. «Le pont avait été détruit par un explosif, explique le lieutenant Charles, il y avait une brèche de soixante-dix centimètres qui empêchait tout véhicule de passer. Donc on a construit un pont par-dessus celui qui était cassé.»
Anticiper la saison des pluies
Et il y avait urgence. Depuis la destruction de l’ouvrage, il était difficile mais encore possible de traverser le fleuve Niger, en passant à gué par une déviation. Une déviation que la saison des pluies rendra bientôt impraticable. «Il fallait anticiper la montée des eaux, raconte le lieutenant Charles, donc c’était le bon moment. Il n’y a pas encore de précipitations, on pouvait travailler, mais il fallait faire vite pour garantir une circulation permanente sur l’axe.»
À 150 km (…)