Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian s’entretenait vendredi à Bamako avec les autorités de transition maliennes, après une journée passée dans le nord du pays avec les soldats français engagés dans des combats « pratiquement face-à-face » contre les islamistes armés.
M. Le Drian devait être reçu successivement à Bamako par le Premier ministre Diango Cissoko et le président par intérim Dioncounda Traoré.
En fin de journée, il se rend au Burkina Faso, pays qui conduit une médiation – suspendue de facto par la guerre depuis deux mois – dans la crise malienne pour le compte de l’Afrique de l’Ouest. Il s’entretiendra samedi matin avec le chef de l’Etat Blaise Compaoré, selon la présidence burkinabè.
M. Le Drian avait débuté jeudi sa visite au Mali par le massif des Ifoghas (nord-est), près de la frontière avec l’Algérie, où se déroulent les combats les plus durs contre les jihadistes liés à Al-Qaïda, repliés là depuis la reconquête par les troupes françaises et africaines des principales villes du nord: Gao, Tombouctou et Kidal.
Sur place, il a salué le « don de soi » des soldats français. Quatre d’entre eux ont été tués en deux mois, dont deux au cours de la semaine écoulée, près de Gao, la grande ville du Nord, et dans les Ifoghas.
« Nous avons fait une grande partie du travail (…) Il n’est pas complètement fini, il reste les deux poches » de résistance des islamistes dans le Nord et « à sécuriser » la zone de Gao, a déclaré le ministre à la radio Europe 1.
« Les combattants sont pratiquement face-à-face, ils se voient, et donc c’est à portée d’hommes, ça se passe au sol dans des conditions extrêmement dures », a assuré M. Le Drian.
Un jihadiste français prisonnier
Quelque 4.000 soldats français sont déployés au Mali et doivent amorcer leur retrait en avril, selon le président François Hollande. Les forces françaises, qui combattent dans le nord-est avec environ 800 soldats tchadiens, doivent à terme passer le relais à la mission ouest-africaine (Misma), à laquelle n’appartient pas le Tchad.
Mais l’armée malienne et la Misma paraissent pour l’heure incapables de sécuriser à elles seules le nord du pays.
« Les groupes sont quand même très nombreux », a relevé M. Le Drian à propos des combattants d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Il a également confirmé que deux jihadistes français avaient été arrêtés au Mali: l’un, arrêté en novembre et extradé mardi vers la France, et un second fait prisonnier avec une « demi-dizaine » d’autres jihadistes dans les Ifoghas.
Ce dernier doit être extradé vers la France « dans les moments qui viennent », a indiqué M. Le Drian. Selon lui, « cela montre qu’il y avait là constitution d’une espèce de lieu, d’une filière terroriste de guerre, qui pouvait accueillir certains jeunes en quête d’un destin radical, comme certains ont pu le faire en Afghanistan ou en Syrie ».
Le jeune jihadiste présumé déjà expulsé vers la France, Ibrahim Aziz Ouattara, qui a aussi la nationalité malienne, est soupçonné d’avoir cherché à rejoindre des groupes jihadistes opérant dans la région.
Parallèlement à la guerre en cours, les autorités maliennes sont engagées dans un processus de transition, encouragé par les partenaires extérieurs.
Ce processus doit aboutir à des élections générales promises par Bamako d’ici le 31 juillet, mais ce délai semble difficilement tenable, d’autant que les opérations militaires continuent dans une partie du pays.
La réconciliation entre les diverses communautés, notamment avec les Touareg et les Arabes, souvent vus comme des soutiens des islamistes et qui sont victimes d’exactions, est un autre chantier crucial.
Longtemps attendue, la création d’une Commission dialogue et réconciliation a été entérinée mercredi par le gouvernement. Ses membres doivent être rapidement désignés.
AFP