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MINISTRES AHOUMEY : BALLADES EN ATTENDANT


D’aucuns croyaient que les priorités que s’est fixé le gouvernement Ahoomey-Zunu conduiraient les ministres à se comporter autrement mais nenni. Au lieu de voir dans quelle mesure travailler pour mener à bien la feuille de route à eux confiée par leur patron, les ministres ont repris avec leur mauvaise habitude habituelle : l’ouverture et la clôture des séminaires et ateliers. Comme quoi, les habitudes des gouvernements Houngbo I et II sont de retour.

Les ministres togolais sont décidément des paresseux. C’est du moins ce qui transparait dans le comportement de la nouvelle équipe formée il y a deux semaines par le Premier ministre Séléagodji Kwesi Ahoomey-Zunu. D’aucuns croyaient que la feuille de route que leur a confié le chef de l’Etat les conduirait à se comporter autrement. Mais rien n’y fit. Lentement mais sûrement, ils ont recommencé avec les mauvaises habitudes instaurées par leurs prédécesseurs, la participation aux ouvertures et clôtures des séminaires et ateliers organisés par des associations, organisations non gouvernementales ponctuées d’une bonne dose de publicité à la télévision nationale.

C’est la ministre de la Promotion de la femme, Patricia Dagban-Zonvidé qui a commencé les hostilités en se rendant à un séminaire organisé par le GF2D, 72 heures après la déclaration de politique générale de son patron à l’Assemblée nationale. La même ministre se lancera plus tard dans un soi-disant visite aux services relevant de son département, accompagnée bien sûr des caméras de la télévision d’Etat.

Après la ministre de la Promotion de la femme, c’est au tour de celui  de la Sécurité et de la Protection civile, le Colonel Damehame Yark, de procéder à l’ouverture d’un séminaire sur la lutte contre la drogue en Afrique de l’ouest. Le nouveau ministre des Arts et de la culture, Fiatuwo Kwadjo Sessenou n’a trouvé rien d’autre à faire que de partir en villégiature dans l’Agou pour participer à une fête traditionnelle célébrée dans cette localité. Quant au ministre nouvellement nommé de la Fonction publique et de la Réforme administrative, son baptême de feu a été une visite rendue aux candidats composant pour leur entrée à l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). Fofana Bakalawa, nouveau ministre des Sports et des Loisirs a pour sa part participé à la cérémonie de clôture du championnat militaire de handball. Tout ceci, sans oublier la remplaçante de la ministre Ibrahima Mémounatou qui a elle aussi ouvert un atelier à Lomé. Afi Ntifa Amenyo-Bebou semble s’inscrire dans la même logique que son prédécesseur qui, probablement, a été bouté hors des locaux de ce ministère à cause de ses inactions.

Et que dire de Yacoubou Koumadjo Hamadou. Champion dans le domaine pour avoir déjà passé quelques années dans les gouvernements précédentes, le nouveau  ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale s’est contenté de représenter le chef de l’Etat à la fête traditionnelle des Ana à Atakpamé. Naturellement et avec le zèle qu’on lui connaît,  il n’a pas manqué de saluer la politique d’apaisement du Président de la République conviant en des termes à peine voilés du même coup les populations de l’Ogou à adhérer à la vision du chef de l’Etat.

Voilà ce que les ministres togolais considèrent comme des actions allant dans la droite ligne de la mission qui leur a été confiée par le gouvernement. Voilà leur manière à eux de traduire dans les faits la feuille de route dressée par le chef de l’Etat pour guider l’action du gouvernement. Ouvrir et clôturer les cérémonies avec, à la clé, des perdiems ramassés chez tels ou tels organisateurs, tel est le comportement que se dictent les ministres qui se sont succédés dans les gouvernements respectifs du Togo ces dernières années. Pourtant, un ministre a mieux à faire que ça.

Un ministre, ça devrait  travailler

Nous en avions parlé dans nos précédentes parutions. Mais, les mauvaises habitudes ayant recommencé avec la nouvelle équipe gouvernementale, il serait bien de revenir sur la définition du mot ministre afin de pouvoir situer chacun des membres du gouvernement dans sa responsabilité.

Un ministre ne vient pas au gouvernement seulement pour se faire un peu d’argent. Le mot « ministre » vient du mot latin « minister » signifiant « serviteur » ou « premier serviteur ». Des différentes définitions qu’on lui donne, il en ressort qu’un ministre est un agent du pouvoir gouvernemental qui est à la tête d’un ministère ou d’un département ministériel. Il dirige les départements qui sont sous ses ordres, représente l’Etat pour ce qui concerne son ministère et représente son administration au sein du gouvernement. Il agit généralement sous la direction d’un Premier ministre. Il est généralement responsable devant le pouvoir législatif de la bonne exécution des services qu’il dirige.

Malheureusement, ceux qu’on nomme ministre au Togo ne comprennent jamais les choses de cette manière. Pour eux, être ministre signifie tout simplement percevoir un gros salaire, d’énormes indemnités ainsi que d’autres avantages mirobolants liés à cette fonction. En somme, on ne devient pas ministre pour servir son pays, mais pour s’enrichir. Un exemple très simple : combien d’entre ceux qui ont été nouvellement nommés n’ont pas fêté à la maison pour célébrer cette nomination ? L’actuel ministre en charge de la Communication, Djimon Oré, n’a pas hésité à organiser une fête dans son village natal à Morétan (Ogou) juste après sa nomination en 2010. Preuve qu’il est beaucoup plus préoccupé par ce qui entrera dans sa poche que par la mission qu’il doit accomplir à la tête de son département.

A l’instar de ce qui se fait dans les pays développés, un ministre doit être actif et s’illustrer beaucoup plus par son dynamisme, son travail et son abnégation. C’est bien ce à quoi doivent s’atteler les membres de l’équipe Ahoomey-Zunu au vu de la tâche que leur a confié le Président de la République. Une tâche qui ne sera pas facile à accomplir au vu de la situation délétère dans laquelle se trouve le Togo. En se basant également sur le fait qu’ils n’ont que quelques mois pour accomplir cette mission, les ministres ne devraient en principe pas perdre du temps pour des choses inutiles. Actions, imaginations, initiatives personnelles pour dynamiser leur département, tel doit être le leitmotiv de ces ministres.

Rodolph TOMEGAH

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