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L’EEPT et l’EMT : pas d’élections sans réformes

L’Eglise évangélique presbytérienne du Togo et l’Eglise méthodiste du Togo craignent le pire pour le Togo et demandent le report des élections législatives du 20 décembre de quelques mois. Face à la presse ce mardi à Lomé, jour de l’ouverture de la campagne, les hommes de Dieu demandent au pouvoir de procéder d’abord aux reformes et faire les élections par la suite. Lisez ici l’intégralité du message pastorale de l’Eglise évangélique presbytérienne du Togo et l’Eglise méthodiste du Togo …

 

Au Peuple de Dieu au Togo,
A toutes les Togolaises et à tous les Togolais,
A toutes les communautés évangéliques presbytériennes et méthodistes du Togo,
A tous les acteurs de la scène politique,
Aux hommes et femmes épris de vérité et de justice.
Chers fidèles du Christ, chers concitoyens,
– Notre Espérance est vivante : « Fortifiez-vous et ayez du courage ! Ne craignez point et ne soyez point effrayés « Deutéronome 31 : 6
Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés, pour une espérance vivante, par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage qui ne se peut ni corrompre, ni souiller, ni flétrir, lequel vous est réservé dans les cieux, à vous qui, par la puissance de Dieu, êtes gardés par la foi pour le salut ….C’est là ce qui fait votre joie, quoique maintenant, puisqu’il le faut, vous soyez attristés pour un peu de temps par diverses épreuves… 1 Pi ,4-6

Chères sœurs, chers frères en Christ, le sentiment d’inquiétude mêlé d’exaspération qui semble nous envahir en cette période de l’Avent nous a déterminé à vous adresser ce message pastoral pour vous inviter à demeurer fermes dans la foi avec une Espérance Vivante.
Dieu est avec le peuple togolais, il est Immanuel. C’est pourquoi il nous rejoint toujours au plus fort de nos doutes, de nos détresses et des intempéries. Il est celui qui nous met debout malgré notre situation d’asthénie « sociale ».
La situation sociopolitique que nous vivons au Togo en cette fin d’année nous invite chacun et chacune en ce qui le concerne à réfléchir sur notre capacité à vivre ensemble et à dépasser les crises. Malgré les multiples efforts, malgré les différentes initiatives porteuses d’approche de solutions, la crise togolaise semble réfractaire aux différents remèdes administrés depuis 28 ans.
La dernière tentative de la CEDEAO avec l’adoption de la Feuille de route de sortie de crise n’a pas donné les résultats attendus : aux querelles d’interprétation du document, ont succédé les difficultés de mise en œuvre des mesures pourtant acceptées par les protagonistes. Cette attitude de notre classe politique viscéralement obnubilée par la défense de ses intérêts politiciens amène légitimement à se poser des questions sur son attachement pour le peuple qu’elle aspire à diriger, et sur la considération qu’elle a pour les efforts de la communauté internationale, et les facilitateurs de la crise. Une évaluation objective de la mise en œuvre des recommandations de la Feuille de route de la CEDEAO laisse apparaître un bilan mitigé : en effet peu de recommandations ont été intégralement appliquées et celles qui le sont suscitent des polémiques quant aux résultats atteints. Nous voulons ici nous référer, en particulier, aux recommandations relatives aux réformes constitutionnelles et institutionnelles ainsi qu’au processus électoral en cours. Force est de constater que d’une part les réformes n’ont toujours pas été faites, et que d’autre part la révision du fichier électoral a été faite par la CENI sans la « participation inclusive » de l’ensemble de ses acteurs.
C’est donc avec une grande souffrance que l’EEPT et l’EMT déplorent les conditions non consensuelles dans lesquelles le peuple est appelé à s’engager dans un nouveau processus électoral.
Pourtant, dans notre appel du 24 Juillet 2018, nous interpellions les instances de la CEDEAO ainsi que tous les protagonistes de la crise sur le fait que « la mémoire collective du peuple de Dieu au Togo garde encore vivaces les conséquences douloureuses des échecs des solutions administrées par le passé, lesquelles solutions ont malheureusement affecté beaucoup de vies et de familles que le devoir évangélique de compassion nous impose de ne pas oublier ».
Pourtant, nous exhortions les principaux acteurs de la résolution de la crise à mesurer la gravite de la situation afin que les propositions de solution n’engendrent pas « un nouveau cauchemar pour les populations ».
Le climat de tension et d’inquiétude qui semble régner en ces moments où toute la communauté chrétienne s’engage dans l’espérance de l’Avent exige de nous responsables d’Eglise d’interpeller toute la classe politique togolaise sans exception sur le risque d’une exacerbation de la crise sociopolitique et d’une nouvelle dégradation du tissu social.
Au vu de tout ce qui précède, nous voudrions, au nom de la primauté de la paix, appeler les autorités compétentes à privilégier la recherche de solutions consensuelles et durables de la crise actuelle, et à repousser de quelques mois les élections législatives prévues le 20 décembre ; si elle était prise, une telle décision ne devrait pas être interprétée comme le signe d’une quelconque faiblesse mais plutôt comme une preuve d’amour pour le peuple et une manifestation du sens de la responsabilité de ceux-là qui sont aux affaires.
Un report de quelques mois des élections législatives donnerait, par ailleurs, une nouvelle occasion aux acteurs politiques, éventuellement avec l’aide des institutions religieuses, d’approfondir le dialogue pour lever les pesanteurs (psychologiques et autres) qui empêchent d’aller aux réformes et d’embrasser un processus électoral consensuel. Comme nous le disions dans notre lettre pastorale du 30 juin 2017, « l’intérêt supérieur de la nation togolaise (…) commande de dépasser la peur et d’oser explorer les voies et moyens susceptibles de rassurer sur les conséquences d’une éventuelle alternance politique à la tête de l’Etat : il faudrait en effet intérioriser le principe que l’alternance politique ne débouche pas nécessairement sur une « chasse aux sorcières ».

Nous tenons à rappeler la sainteté et la sacralité de la vie de chaque Togolaise et de chaque Togolais et à interpeller chacun et chacune, où qu’il/ elle se trouve, sur le respect de la vie et de la dignité de son frère, de sa sœur et du peuple togolais.
Chères sœurs, chers frères, en ces moments de questionnement et d’incertitude où vous semblez crier comme Jérémie et Ezéchiel : « ….Ma force est perdue, Je n’ai plus d’espérance en l’Éternel !.. Notre espérance est détruite, nous sommes perdus» (Lam 3 :18 ; Ez 37 :11), l’EEPT et l’EMT vous convient à une espérance vivante.
Frères, Sœurs, Togolaises et Togolais : « « Fortifiez-vous et ayez du courage ! Ne craignez point et ne soyez point effrayés ».
A la suite d’Abraham, nous espérons contre toute espérance avec la ferme conviction que le peuple togolais retrouve la joie de vivre ensemble. (Rm 4,18).
Car, l’espérance vivante à laquelle nous vous appelons est persévérante et réparatrice. Elle est un moteur qui permet de jeter sur chaque événement de notre vie, un regard renouvelé susceptible de rompre les digues de la peur ambiante, de détruire en nous l’angoisse et les germes de résignation.
C’est pourquoi nous vous exhortons à avancer sans découragement, à redoubler de prières et de supplications afin que notre pays le Togo, l’or de l’humanité demeure sous l’abri du Très Haut.
Il incombe donc à chacun et chacune d’entre nous de devenir porteur et porteuse de la responsabilité de l’espérance quel que soit l’endroit où il/ elle se trouve. Car, « Bien plus, nous nous glorifions même des afflictions, sachant que l’affliction produit la persévérance, la persévérance la victoire dans l’épreuve, et cette victoire l’espérance. » Rom 5, 3-4
Chères sœurs, chers frères, Togolaises, Togolais, en ces périodes de l’Attente, que votre Espérance reste Vivante.

Lomé, le 03 décembre 2018

Le Modérateur de l’EEPT, La Présidente de l’EMT,

Pasteur Daniel Mawussi Akotia Rév. Martine Grâce N.M. Zinsou Lawson

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