La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, a laissé planer mardi le suspense sur le choix d’un nouvel avion de combat pour son pays, au premier jour d’une visite de 48 heures à Paris, tout en pointant avec son hôte François Hollande les limites des politiques d’austérité menées en Europe.
Le Rafale du Français Dassault, le F/A-18 Super Hornet de l’Americain Boeing et le Gripen NG du suédois Saab sont en compétition pour un contrat de plus quatre milliards d’euros avec le Brésil, qui a lancé un appel d’offres sur l’achat de 36 avions destinés à moderniser sa flotte.
« Nous avons repoussé le choix (…) et cela prendra un certain temps en fonction du temps que mettra l’économie brésilienne pour récupérer », a déclaré la présidente brésilienne lors d’une conférence de presse avec François Hollande.
Son prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva, qui a présidé le Brésil de 2003 à 2010, avait publiquement exprimé en 2009 sa préférence pour l’appareil de combat français. Mais depuis l’accession au pouvoir de Mme Rousseff, en janvier 2011, Brasilia a repoussé de mois en mois sa décision.
Paris table sur sa promesse d’effectuer d’importants transferts de technologie au Brésil pour remporter ce marché, malgré le coût élevé du Rafale.
« Sur le Rafale, le Brésil a tous les éléments pour choisir et donc c’est sa liberté et du moment et du matériel. Je sais les qualités exceptionnelles du Rafale, elles ont été plusieurs fois démontrées. Je ne pense pas qu’il soit utile d’en dire davantage », a déclaré le président français.
Solidité de la zone euro
Les deux chefs d’Etat ont été davantage à l’unisson pour pointer les limites des politiques d’austérité actuellement menées en Europe.
Mme Rousseff a souhaité que « les politiques récessives, qui ont déjà échoué en Amérique latine, ne continuent pas à produire le même problème » en Europe.
« Si nous sacrifions les conquêtes sociales, nous perdrons la bataille du développement », a insisté Mme Rousseff, saluant les efforts de son prédécesseur pour réduire la pauvreté et combiner des mesures économiques et sociales.
Jugeant « cruciale » pour le Brésil la solidité de la zone euro, la présidente brésilienne a plaidé avec M. Hollande pour le renforcement de l’Union économique et monétaire, au menu du prochain conseil européen de jeudi et vendredi à Bruxelles. « Il sera difficile de sortir des turbulences des marchés sans mettre en place une véritable Union bancaire ».
« Nous pensons qu’il est possible, principalement pour les pays excédentaires, de prendre des mesures pour augmenter leurs investissements », a-t-elle également jugé.
Sur la même longueur d’onde, M. Hollande a souligné que certains « pays doivent faire des efforts de compétitivité » mais d’autres « doivent réduire leurs excédents commerciaux et soutenir la demande intérieure », visant implicitement l’Allemagne.
Les deux chefs d’Etat ont aussi plaidé pour un « nouvelle gouvernance » mondiale. Le président français François Hollande a suggéré la création « d’un conseil de sécurité économique et social » au niveau des Nations unies.
AFP