Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense, a entamé jeudi une visite de trois jours au Mali, au Niger et au Tchad, pour « préparer l’après-guerre » à l’issue des opérations militaires qui ont permis de démanteler les réseaux jihadistes qui occupaient le nord du Mali.
Les entretiens politiques sont au centre de cette troisième visite au Mali du ministre depuis le début de l’intervention française, le 11 janvier.
A Bamako, Jean-Yves Le Drian doit s’entretenir du processus électoral avec le président malien Dioncounda Traoré et le Premier ministre, Diango Cissoko.
A Gao, plus grande ville du nord du Mali où il se rendra vendredi, M. Le Drian s’adressera aux forces françaises déployées dans cette région.
Cette nouvelle visite débute le jour où le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé la création d’une force de maintien de la paix de 12.600 Casques bleus, chargée de stabiliser le nord du Mali, la Minusma (Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali).
La création de la Minusma accélère du même coup le processus qui doit aboutir au passage de relais des forces françaises aux forces africaines et de l’ONU.
La phase aiguë des opérations militaires au Mali s’achève, après la destruction des installations des groupes islamistes armés dans le nord du pays, qui, selon le ministère français de la Défense, ont désormais été « menées sur la quasi-totalité du territoire autrefois contrôlé par les groupes terroristes ».
Ces derniers ont perdu la capacité de conduire des opérations coordonnées, mais peuvent encore mener des actions de harcèlement contre les forces maliennes et les soldats français, comme ils l’ont fait ces dernières semaines autour de Gao (nord) et Tombouctou.
Le déplacement de Jean-Yves Le Drian « vise à préparer l’après-guerre » et il « doit adresser un message de confiance aux autorités politiques maliennes afin que les Maliens se saisissent de l’avenir de leur pays », écrit le ministère de la Défense dans un communiqué.
« Rassurer les Maliens »
Paris insiste pour qu’une élection présidentielle ait lieu en juillet au Mali et maintient la pression sur les autorités de Bamako afin qu’elles s’engagent résolument dans la restauration du processus démocratique.
« Organiser l’élection en juillet, c’est faisable sur le plan technique », souligne-t-on dans l’entourage du ministre, et la France entend convaincre le pouvoir à Bamako de l’urgence d’engager un dialogue avec les populations du nord, en particulier les Touareg.
Sur le plan militaire, la transition a commencé avec le début du retrait des quelque 4.500 soldats français et le passage de relais aux contingents de la Misma, la force des pays africains composée de 6.300 hommes.
« Il y a une forme de confort pour tous de nous voir sur le terrain », souligne un proche du ministre, pour qui Paris doit « rassurer les Maliens sur la Minusma et les pousser à prendre les décisions nécessaires pour la transition politique ».
Paris a annoncé qu’un millier de ses soldats resteront au Mali au-delà de la fin 2013, pour soutenir en cas de besoin les forces de l’ONU.
A Niamey, Jean-Yves Le Drian s’entretiendra avec le président Mahamadou Issoufou. Le Niger, qui compte lui-même des touareg dans sa population, a, selon Paris, un rôle important à jouer dans le processus de réconciliation malien. Les soldats nigériens, dont un bataillon est déployé à Ménaka au Mali, intègreront la Minusma.
Au Tchad, le ministre s’entretiendra avec le président Idriss Déby pour lui exprimer sa reconnaissance pour l’engagement des soldats tchadiens au côté des français au plus fort des opérations dans le nord-est du Mali.
La Minusma aura également besoin des militaires tchadiens qui ont prouvé leur efficacité sur le terrain depuis le début du conflit.
Le Parlement tchadien a voté mi-avril en faveur du retrait progressif des soldats tchadiens, dont, selon N’Djamena, 36 ont été tués et 74 blessés.
AFP