Premier ministre japonais Shinzo Abe, un pronucléaire, s’est rendu samedi matin à la centrale atomique de Fukushima, trois jours seulement après son investiture afin de démontrer sa détermination à surmonter la crise.
Accompagné de plusieurs journalistes, dont une de l’AFP, M. Abe a passé une heure et demie sur le site de Fukushima Daiichi (Fukushima N°1) un an après la stabilisation du complexe atomique dont quatre des six réacteurs ont été gravement endommagés par le séisme et le tsunami monstrueux du 11 mars 2011 dans le nord-est de l’archipel.
D’énormes quantités de substances radioactives avaient alors été libérées dans l’air, le sol et la mer.
« Merci à tous. C’est très dur mais c’est grâce à vous que les travaux progressent vers le démantèlement », a déclaré M. Abe à « J Village », la base de départ et de retour des ouvriers chargés des travaux à Fukushima Daiichi.
« En cette période de fêtes de fin d’année, même si c’est très difficile aussi pour vos familles, oeuvrez avec courage en veillant bien à votre sécurité », a poursuivi le Premier ministre avant de s’engouffrer dans un bus pour gagner le site de la centrale, distant de 20 km.
Revêtu d’un inuforme bleu et d’un masque de gaze, Shinzo Abe s’est rendu en bus près des réacteurs 5 et 6, les moins endommagés, ainsi que près des sites où sont entreposés les déchets et gravats radioactifs.
Dans un bâtiment antisismique, il s’est entretenu quelques minutes avec des ouvriers, en présence du patron de la compagnie Tepco exploitante de la centrale. Il a adressé un message de « remerciements et d’encouragements » à environ 80 de ces travailleurs qui « font face à un défi sans précédent ».
Shinzo Abe, qui a souligné que le site était « désormais dans une phase de préparation pour le démantèlement », a dit vouloir « accélérer autant que possible les opérations » car la revitalisation de Fukushima est essentielle (pour la revitalisation du Japon).
Après sa visite à la centrale, le Premier ministre s’est rendu à Kawauchi, une localité qui veut faire revenir les habitants pour redonner vie à la région sinistrée. Shinzo Abe s’est arrêté à la première supérette à rouvrir dans cette ville fantôme. Il a serré la main à quelques anciens habitants qui résident toujours dans des préfabriqués provisoires situés à distance de la zone contaminée.
« On est des réfugiés », a confié une grand-mère à l’AFP. « Vous savez: c’était une belle ville avant, mais maintenant il n’y a plus que des personnes âgées qui sont prêtes à revenir », a glissé un autre.
« Croyant au mythe de la sûreté, nous avons promu l’énergie nucléaire. Regrettant ce qui s’est passé, nous allons oeuvrer de toutes nos forces pour que vous retrouviez votre vie quotienne antérieure », a-t-il ensuite déclaré à une partie des ex-résidents réunis à Koriyama.
Quelque 160.000 personnes ont quitté la région contaminée dont une partie est devenue totalement inhabitable.
Elu Premier ministre le 26 décembre après l’écrasante victoire de son Parti libéral-démocrate (PLD) aux élections législatives dix jours plus tôt, M. Abe ne cache cependant pas la volonté de son gouvernement de réactiver les réacteurs nucléaires qui seront jugés sûrs par l’Autorité de régulation, une entité indépendante établie en septembre.
Mais, sur les lieux de la plus grosse catastrophe nucléaire depuis celle de Tchernobyl en 1986, il est resté prudent: « Je veux conduire une politique énergétique responsable, ce qui signifie que dans les trois prochaines années nous allons faire le maximum pour faire progresser les énergies alternatives à commencer par les renouvelables et définir dans les 10 ans à venir quel est le meilleur bouquet énergétique ».
Une décision pour chacune des 48 tranches arrêtées (sur un total de 50) sera prise dans les trois ans, avait-il promis durant sa campagne.
Le Premier ministre juge que le Japon ne peut, pour des raisons économiques, se passer d’énergie nucléaire.
L’objectif « zéro nucléaire » promis par le précédent gouvernement de centre gauche a d’ores et déjà été enterré par son ministre de l’Industrie le jour-même de sa nomination.
AFP