Ingrid AWADE : CHUTE…ET FIN

Les choses sont allées plus vite qu’on ne le pense. Quelques jours seulement après la nomination du commissaire général de l’OTR, l’office togolais des recettes, la Direction générale des impôts est débarrassée de sa puissante dame. Vite, la direction des domaines qui était un démembrement des impôts a été délogée de son personnel et rattaché au ministère de l’urbanisme. A ce jour, c’est beaucoup plus les impôts qui subissent les effets directs du séisme déclenché par l’instrument économique ; mais pourquoi les impôts, parce que là justement, règne une dame puissante, Ingrid Ataféinam Awadé  qui n’est plus à présenter mais qui nécessite un bon coup, un dernier coup de publicité pour son passage tumultueux à la tête de cette régie financière. Derrière elle, devrait s’ériger normalement un bon cadre de gouvernance susceptible de relever le niveau de l’économie. Voici comme dans la série « Les malheurs de Sophie » comment les extravagances d’Ingrid ont conduit à sa chute, puis à sa fin, du moins à la tête d’une régie financière importante au Togo.

Il y a quelques mois, le décret mettant fin aux fonctions du Directeur général de la Documentation nationale, le commissaire Aharh Alaharé devrait être rendu public. Faure était fou de colère. Mais ce n’est qu’après quelques éclaircissements que le Chef de l’Etat a annulé la décision. Motif du décret, dame Ingrid venait de sortir de la présidence. Elle s’y était rendue pour créer le scandale, visant à obtenir du Chef de l’Etat la véracité de l’information qui visait son limogeage confirmé à la tête des impôts. Ne voulant pas subir une fougue hautement menaçante d’une dame qu’il connaît, Faure a rassuré dame Ingrid de n’avoir jamais envisagé une telle décision. Oui, c’est vrai, il y a longtemps que les extravagances de Ingrid Awadé agaçait la tranquillité du président qui a voulu s’en débarrasser.  Bien assise dans les renseignements, elle a été informée in extremis et est allée défendre sa cause avec violence et fracas. Ingrid est très proche du commissaire Aharh ; qui assure en quelques sortes sa sécurité et ses renseignements ; l’autorité a attribué la fuite de l’information au signataire de nos passeports avant de se raviser qu’il n’était pas l’informateur. C’est dire que dame Ingrid dispose d’un réseau puissant qui l’autorise à faire tout, à mener tous les coups bas contre ses ennemis, adversaires, rivales, concurrentes, pour servir ses protégés qui finissent par tomber en disgrâce.

Mais alors, que faire pour mettre fin à cette superpuissance d’une dame ?

 L’OTR viendra faciliter les choses. Un appel à candidature est lancé. Ingrid n’a pas daigné postuler et comme une lettre à la poste, elle savait que ses jours sont comptés. Mais elle ne baissait pas les bras, croyant pieusement qu’il pouvait lui rester les domaines et les cadastres, secteur qu’elle gère à ses profits personnels au détriment de l’Etat. Il n’y a qu’à parcourir les parutions du  journal officiel de la république togolaise pour voir combien d’immeubles sont acquis mensuellement par Ingrid Awadé et compagnie.

Instruit par le Chef de l’Etat, le ministre Adji Otheth Ayassor a mis en débandade toute la bande à Ingrid. Le département des cadastres est dépoussiéré d’ores et déjà.

Depuis une semaine donc, sans tambour battant, Ingrid Awadé n’est plus la Directrice générale des impôts. Ses relations intimes avec le Chef de l’Etat se sont nettement dégradées, mais cela ne l’empêche pas de circuler librement en toute impunité.

Au Togo, c’est assez facile, lorsqu’on commet des crimes économiques au nez et à la barbe du monde entier, on est retiré tranquillement du système pour trouver l’occasion de bouffer l’argent détourné de l’Etat ou on est promu à une plus haute fonction. L’ancien ministre Payadowa Boukpessi, ou Ferdinand Tchamsi, ancien DG du fond d’entretien routier en sont des exemples patents.

 Samedi dernier, comme pour narguer ses détracteurs, dame Ingrid était apparue belle resplendissante de maquillage au palais des congrès de Kara dans le cadre du lancement d’un programme des finances par le ministère du développement à la base. C’est une des rares sorties de la dame de fer qui présente plutôt, en ces périodes de chemin de croix, une humilité qui ne lui ai pas reconnue.

Le Tout-Puissant Créateur du ciel et de la terre devrait être extraordinairement clairvoyant. Il avait la possibilité des mettre chacun des 6 milliards d’individus sur une planète personnelle, mais il a décidé de regrouper tout le monde, tous les hommes sur une planète Terre, une seule sans donner la possibilité à personne de s’échapper.

 Il nous fait subir donc de gré ou de force l’esprit de sociabilité, d’entraide, de partage, de sentiment et d’affection. N’eut été la bêtise libidinale d’Adam et Eve qui ont découvert que les croquis poilus fixés dans l’entrejambe servaient mieux que des objets de  décoration et  obliger Dieu à inventer le travail, les ronces et les épines, on en serait dans un monde merveilleusement gratuit. 

Mais curieusement, des créatures vivent au mépris de cette clairvoyance de sociabilité et de solidarité imposée par Dieu en vivant comme unique sur planète, et justement Dieu a prévu les temps  de la gloire, et les moments de la défaite pour ces inconsciences. Ingrid Awadé devrait faire partie de ces personnes pour qui l’existentialisme de Sartre n’est en aucun cas un humanisme. Le parcours n’est pas alléchant donc pour la dame.

Parcours tumultueux

Diplomée en science de gestion et titulaire d’un DESS en contrôle de gestion et système d’information, Ingrid Awadé a fait la pluie et le beau temps au Togo, tant dans les scandales financiers que politiques. Elle dispose par ailleurs d’un impressionnant palmarès en aventures amoureuses au point de se faire revendiquer par chacun de ses anciens conquérants.

Elle était à la tête de la société de gestion et d’intermédiation, SGI à laquelle elle s’intéresse de plus en plus depuis un certain temps.

Nommé à la tête  des impôts, et intime conseillère économique du Chef de l’Etat, Ingrid Awadé avait le visa de tous les excès, de toutes les bévues. Elle s’est d’abord imposée en gestionnaire du patrimoine de la famille Gnassingbé et tous ceux qui ont apprécié de mauvais œil cette intrusion sont rapidement liquidés, toutes leurs sources financières neutralisées. Elle s’est, pour ce faire, rapidement démarquée de Kpatcha Gnassingbé avant de rejoindre Faure pour mettre en difficulté le frère du PR qui finira condamné pour atteinte à la sureté de l’Etat. 

Redressements fiscaux taillés sur mesure, fourniture de faux renseignements sur des opérateurs économiques, investissements hasardeux et improductifs, Ingrid Awadé avait le vent en poupe et a fait fuir plusieurs opérateurs économiques qui n’avaient pas la poigne d’affronter cette dame trop puissante.

Ses premiers déboires remontent à environ une année après sa prise de fonction. Elle a été interpellée dans un aéroport occidental en possession d’une importante somme d’argent. Des centaines de milliers d’Euros. La situation avait été gérée au mieux au mieux pour ne pas créer un tollé.

Quelques années plus tard elle s’attribuera un vedettariat dans le financement des projets de façon illégale avec l’argent du contribuable. Très ambitieuse, elle avait souhaité avoir un homme d’influence qui drainera la jeunesse en sa faveur, un général civil, un Charles Blé Goudé. Voilà comment et pourquoi, Ingrid s’est rapprochée de Noel De Poukn, responsable matériels aux impôts qui s’érigera en jeune milliardaire.

Il dirigera sans grand succès la nouvelle jeunesse pour le soutien à Faure.  Des centaines de millions de nos francs ont été jetés dans ce truc sans grand rendement. La polémique autour de la création du parti Unir, la résistance de certains barons, et l’impopularité de Noel ont fait capoter le projet, mais beaucoup d’argent aura été jeté par la fenêtre.

Les dépenses folles sont au quotidien. Le simple bouquet de fleur par exemple qui est déposé devant la tribune officielle lors de la célébration de certaines fêtes comme le 13 janvier coûte plus de 2 millions de Francs CFA.

Les renseignements pour avoir des informations soit sur des personnes soupçonnées, ou des rivales ou encore de certains milieux d’opposition coûtent plus de cent millions par mois. Et si quelqu’un réussi à rentrer dans le cercle intime de Ingrid, il sera béni pendant la période où il y sera. La dose de Bafana qui est de 50 millions de FCFA est servie régulièrement avant la période de disgrâce.

Elle a réussi à multiplier des villas à coût de centaine de millions à ses protégés, homme de main, officiers et agents des renseignements etc. Des chantiers qui peuvent durer une semaine ou deux, même si les travaux sont bâclés et non durables. C’est le cas des villas de la cité OUA, les cinq villas des présidents, ou encore le château offert au Chef de l’Etat à Agou, ou encore plusieurs autres sentiers étalés sur le territoire national. Gaspillage à la clé. Lorsqu’il arrive que ces bénéficiaires n’obéissent pas à ses désidératas, les sanctions sont sévères. Les gifles et les insultes sont couramment distribuées aux ingrats. Ingrid est terrible. Elle passe souvent des commandes directes de certains produits vus dans les publicités de chaînes étrangères en payant billets d’avions et affrètement.  Parfois, pour une eau minérale ou un produit de beauté, ou un instrument de sex-shop ou encore une boisson spéciale, elle peut faire voyager à cout de billet d’avion un de ses serviteurs en Europe.  

Férue du Champagne, Ingrid éméchée est incontrôlable et s’adonne à la sagacité festoyante avec des cris de joie. 

C’est sans doute le dernier dossier que nous publions sur la dame de fer. Histoire de ne pas paraître comme des phallocrates qui déversent un acharnement sur une pauvre dame, belle et séduisante qui aime la vie et dont les égards ressemblent plutôt à de la puérilité. Elle venait de boucler la quarantaine. Pas trop âgée pour avoir ce passif lourd.

Autour d’Ingrid, il y en a qui ont profité, qui profitent et vont tomber avec elle, si la rigueur est de règle. Dans sa nature féline, elle se débarrasse rapidement  de ses proies après avoir entretenu une relation simple ou compliquée. Bien sûr elle en a fait des victimes qui rasent aujourd’hui les murs en la maudissant quotidiennement. Mais il en reste qui accrochés à elle et bénéficiant de sa protection risquent de péricliter.

Le plus en vue est le patron du CIB INTA, le sieur Meba.

C’est un homme d’affaires accompli qui a sans doute réussi. Il a implanté dans les coins et recoins du Togo, des centres informatiques qui lui marchent assez bien. Il a réussi avec le label Ingrid Awadé à obtenir plusieurs marchés de fourniture de matériels informatiques et de bureaux à plusieurs institutions. Seul scandale du sieur MEBA qui s’agite à prendre la tête de la Fédération, de la Chambre de Commerce, il ne paie pas rigoureusement les impôts.

Le matériel informatique n’est pas détaxé au Togo, mais l’homme bénéficie en raison de sa proximité avec Ingrid Awadé des largesses illégales qui risquent de le rattraper. Un redressement fiscal du CIB INTA fera apparaître de grosses irrégularités. Il tombera avec Ingrid, sans nul doute, comme lui-même a réussi à bouter du cercle d’Ingrid certaines personnes dont le Dr Kodom, ou encore l’oncle du Chef de l’Etat Sylvestre Mensah.

Kpatcha BASSAYI

L’autre manitou qui a aussi abusé du soutien de la dame de fer dans l’impunité est Bassayi Kpatcha. Il est le patron de l’entreprise BTP dénommée CENTRO. Cité par le CST d’être impliqué dans l’incendie des marchés, Bassayi est aussi l’auteur de plusieurs chantiers mal réalisés qui sont tombés en ruine les uns les autres. L’argent débloqué n’est pas dépensé. Ce qui fait de Bassayi un homme extrêmement riche.

Les services de renseignement togolais ont réussi à obtenir des dossiers sur Bassayi Kpatcha. Ce monsieur dans une affaire de femme, de cul donc, a décaissé des millions de dollars pour payer plus de quatre avocats occidentaux (français et américains) en vue de juguler une crise sexuelle aux Etats Unis. Ou a-t-il trouvé tout cet argent ? des autorités togolaises se sont posées la question.

D’autres sangsues à Ingrid sont aussi concernées par la chute de la dame. Atcha Titikpina qui a subitement disparu de la scène, après son limogeage de la tête des FAT et sa mise en retraite surveillée, le général civil Noel De Poukn qui s’est caché ces derniers temps en mettant en veilleuse son histoire de NSPF, femmes et hommes aujourd’hui subissent les effets collatéraux de la chute de Ingrid Awadé.

Une liquidation en douce

Contrairement à ce qui est défendu sur la dame, elle a fait feu de tout bois pour rester aux impôts, mais en vain. Tutoyant le président, bloquant la portière de voiture au départ, envoyant des lettres de menace, mais Faure Gnassingbé a enclenché le rouleau compresseur dans une stratégie assez originale. Dans une lettre adressée aux régies financières, le Ministre de l’économie et des finances demande à tous les collecteurs de verser l’argent recouvré quotidiennement  sur un compte à la BCEAO. Note qui a pris effet depuis novembre 2013. Depuis ce temps donc, l’argent ne circule plus dans les couloirs des impôts, des douanes. Il semble que d’autres sociétés d’Etat sont concernées par cette mesure, notamment le port. Quelle reforme ! Même si rien n’est sûr sur les lendemains de l’OTR, il faut noter que le mode opératoire à ce jour met hors d’état de nuire des fossoyeurs de l’économie togolaise.

L’histoire de Ingrid Awadé ressemble fort bien au héros de ces dessins animés dénommés « les malheurs de Sophie » Sophie est une petite fille carabinée qui vit chez une tante après la disparition de ses parents. Malgré la méchanceté avec laquelle elle était traitée, il ne lui manquait jamais d’occasion de commettre des gaffes et quotidiennement. C’est elle qui fini toujours par payer les pots cassés de ses bêtises.

Ingrid Awadé dit on est une fille intelligente qui avait la chance de se servir de cette intelligence et de sa séduction physique pour imprimer une étiquette professionnelle à la mission qui lui a été confiée. Mais malheureusement, elle s’est vite détournée de l’objectif de résultats pour voir se réjouir ceux qui pour la plupart ont été victimes de son parcours à la tête des impôts. Le Togo y compris. Ingrid Awadé, c’est sans doute la Chute mais aussi probablement la fin…Comme quoi, au royaume de Faure Gnassingbé, il n’ ya pas de pitié pour les salopards.

Oh Marie conçue sans péchés, priez pour nous qui avons recours à vous.

Carlos KETOHOU