Le mystère s’éclaircit de plus en plus sur les raisons qui ont motivé la démission du Premier Ministre togolais, Gilbert Houngbo, le soir du mercredi 11 juillet 2012. De sources proches de l’entourage de ce dernier, le chef du gouvernement n’a pas rendu le tablier de son propre gré. Il y a été contraint par le président de la République qui lui a demandé sa démission après le conseil des ministres tenu le même jour. Les mêmes sources indiquent que Gilbert Houngbo aurait des divergences de point de vue avec le chef de l’Etat sur la manière de trouver une solution à la crise qui secoue le pays depuis près d’un mois. Une crise née de la répression systématique et militaire dont sont fréquemment victime des centaines de milliers de Togolais unis au sein du « Collectif Sauvons le Togo », collectif dont les revendications sont pourtant légitimes.
Les proches collaborateurs de celui qu’on peut désormais appeler ancien Premier ministre du Togo tiennent néanmoins à souligner « qu’il n’y a pas de crash entre Gilbert Houngbo et Faure Gnassingbé ». Une information à prendre avec des pincettes quand on sait les conditions dans lesquelles est intervenu ce qui ressemble plutôt à un limogeage.
Des divergences de point de vue entre un Président et son Premier ministre, ça peut arriver. Toutefois, cela n’empêche pas de conclure que Gilbert Houngbo a été, à l’instar de certains de ses prédécesseurs, victime du système qui verrouille le Togo depuis des décennies. Arrivé à la primature en septembre 2008, l’ancien directeur Afrique du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a cru pouvoir changer les choses d’un coup de baguette magique. Mais très vite, il va se confronter aux réalités du pays. Des supers ministres qui refusent souvent de lui rendre compte et qui, de surcroît, refusent d’obéir à ses ordres en dépit de son statu de chef du gouvernement, des officiers de l’armée qui défient publiquement son autorité, voilà qui font dire à Claude Améganvi, le secrétaire général du Parti des Travailleurs, que « Gilbert Houngbo a subi un camouflé cinglant ».