Les institutions, les Hauts conseils et les Hautes autorités au Togo se suivent et se ressemblent. Pour la plupart, la proie est laissée pour l’ombre et le problème combattu reste entier. L’histoire de la corruption au Togo date de Mathusalem et les mesures pour l’endiguer sont toujours renvoyées aux calendes grecques. Après un long atermoiement sur la lutte contre la corruption au Togo à la suite de l’arrêt de mort de la Commission anti Corruption mise en place en 2001, les autorités togolaises inventent un nouveau sigle : HAPLUCIA.
Cette haute autorité, au lieu de faire la différence en prenant en main les multiples cas de corruption au Togo continue de chercher ses marques. Entre le manque d’audace et d’initiative et l’aveu d’incapacité, voici comment le groupe Wiyao se livre à une nouvelle forme de comédie à l’endroit du peuple.
La cour des comptes, institution de la république créée depuis plus de 5 ans déjà n’a jamais pu sorti un rapport impulsif et dénonciateur des cas de corruption dans lesquels baignent les administrations et les institutions togolaises. A la création de l’Office togolais des recettes OTR une commission anti fraude et anticorruption a été mise en place. Un numéro vert appelait à la dénonciation des cas. A ce jour, la communication sur le numéro vert a cessé et la commission anti fraude n’a jamais pu exposer des cas de corruption qui se succèdent.
Autorité de régulation des Marchés publics ARMP, l’autre sigle qui appelait aussi à travers un numéro vert à dénoncer les cas de corruption dans l’attribution et la passation des marchés est restée insensible à tous les cas de corruption qui ont meublé le secteur des marchés publics surtout des travaux et des infrastructures. Le Directeur Général, le sieur René Kapou est parti, la queue entre les jambes sans raison. Pourtant, les acteurs du domaine ont dénoncé plusieurs cas de corruption, les citoyens ont laissé des messages sur le numéro vert. Cela n’a servi à rien. A quoi bon de continuer à perturber la tranquillité des togolais en les harcelant à dénoncer les cas de corruption ?
Face à ces vagues d’échecs, le gouvernement a trouvé mieux de créer un nouveau gadget institutionnel, la Haute Autorité de Prévention et de lutte contre la Corruption et les infractions assimilées qui depuis sa création tourne en rond sans initiative précise.
Sa dernière sortie est celle qui, au lieu de faire son travail selon le cahier de charge jette son dévolu sur les citoyens qu’elle appelle à faire des dénonciations des cas de corruption.
Ces cas, aussi gros que le nez au visage, si la Haplucia devrait commencer à travailler dessus aurait déjà fait du bon boulot. Puisque, les membres de cette Haute autorité, citoyens togolais dans l’abord, vivent et sont au courant de cas de corruption au Togo. Une institution mise en place par le chef de l’Etat qui a déjà totalisé plusieurs mois d’existence ne va pas continuer à demander aux populations de dénoncer les cas de corruption avant de se mettre au travail. Cela s’avoisine à l’incapacité, au manque d’audace, au déficit d’autorité et au manque d’initiative. C’est comme un nouveau marié, qui après les noces, demande aux invités de venir aider à faire enceinter sa femme, ou encore une équipe de football sur le terrain attend les instructions des spectateurs pour engager le ballon et marquer des buts.
De toutes les institutions citées, la Commission Anti corruption d’Assiongbon Follivi dont on ne connait même pas le statut actuel avait mieux fait en 2001 sous le Dictateur Général Eyadéma. Elle avait établi un chronogramme sur les cas, avait mis une équipe d’enquête et descendait sur le terrain pour mener les investigations, tirer les conclusions, produire des communiqués, interpeller les auteurs et recouvrer l’argent détournés. Plusieurs centaines de millions de FCFA avaient été rapatriés au trésor. Même si le Général Dictateur avait profité de cet instrument pour régler les comptes à ses ennemis, la réalité des faits était vraisemblable et les auteurs ont reconnu avoir détourné les fonds de l’Etats. Il y avait donc action. Il y avait initiative, il y avait résultat.
La qualité de cette commission résidait dans la discrétion avec laquelle les investigations étaient faites. Les citoyens togolais, à l’époque où les réseaux sociaux n’étaient pas mis à contribution pour se faire de la propagande, étaient informés à travers les communiqués des résultats et des mesures.
Pour lutter contre la corruption, il faut, pour Haplucia, éviter de tomber dans le sensationnel, dans les rumeurs et ragots de rue et dans les aprioris. Les stéréotypes comme clichés qu’on remarque déjà dans les sorties de Wiyao Essohanam, Président de Haplucia ne peuvent refléter un travail scientifique qui puisse combattre et endiguer le mal.
La corruption est partout, au nez et à la barbe de tout le monde. Il n’ ya qu’à engager un travail sérieux d’investigation pour cerner ses contours.
Si HAPLUCIA n’a pas de termes de références en la matière, l’Indépendant Express, Lauréat du meilleur Prix de Lutte contre la Corruption peut l’orienter dans cette ouverture géographique de la question.
La corruption réside dans l’attribution des marchés publics et l’exécution de ces marchés, surtout les travaux publics et les infrastructures.
La corruption ce sont les facturations et les surfacturations. La corruption, ce sont les factures fictives, ce sont des pots de vins, ce sont des trafics d’influence. La corruption c’est la concussion, c’est le détournement des salaires, notamment de retraités et surtout des anciens combattants.
La corruption c’est du sommet à la base. C’est dans la gestion des budgets de la présidence aux balayeurs de rue. C’est dans la gestion de paiements au trésor, c’est dans la gestion des frais de mission, c’est dans la gestion des recettes de l’Etat.
Haplucia devrait s’engager et aller sur le terrain, fouiller des documents et interroger les personnes concernées par des cas tirer des conclusions.
Pour être plus clair, dans ce pays, CECO BTP, cette entreprise à allure multinationale s’est effondrée du jour au lendemain laissant un triste héritage en matière de patrimoine, en matière de prêts dans les banques, en matière de dettes, bref en matière de gestion. Le capital de l’Etat est sans doute mis en jeu. Qui sont les auteurs, commanditaires et complices de ce sabotage ? Haplucia devrait éclairer la lanterne des togolais.
Dans ce pays, plusieurs milliards de FCFA se sont volatilisé dans l’exécution des travaux de contournement de la faille d’Alédjo, de la route Lomé Anfoin Vogan, de la voie Tabligbo Tsévié et sur plusieurs autres tronçons. Qui en sont les manœuvriers de ces pagailles ?
Où en est-on du projet de rénovation du Palais des gouverneurs. Qu’est ce qui s’est passé pour que les travaux ne soient jamais réceptionnés et soient finis en queue de poissons ?
Qui sont les complices de la Haute corruption orchestrée à l’Hôtel du 2 février avant et après le départ de Radison Blu. Et que dire de l’interminable chantier de PEFACO sur la plage en face de ETI, promis pour être livré en deux ans mais reste en ruine après six ans de démarrage ?
Quels sont les comptes financiers des différents sobriquets du ministère du développement à la base avec notamment le FNFI et ses différents sobriquets.
La corruption c’est dans les ministères, dans les Direction générales. C’est hier avec ceux qui avaient géré, c’est aujourd’hui avec ceux qui gèrent et ce sera demain avec ceux qui seront aux commandes. Grande corruption, petite corruption, corruption passive, corruption active. Haplucia devrait se mettre au travail.
La police, la gendarmerie, l’armée ; dans ce secteur on y dénombre la corruption. Les rackets sur les routes, les procédures viciées dans les brigades, le détournement des fonds des éléments qui partent en mission de maintien de la paix dans plusieurs pays.
Et puis la justice togolaise est pour la corruption ce que le Vatican représente pour l’église catholique. Juges, magistrats, avocats, Président de Tribunaux reconnaissent que la justice est corrompus. L’opinion nationale et internationale sait qu’au Togo la justice n’est pas au service des justiciables. Pour couronner le tout les rapports des deux CAN 2013 et 2018. M. Wiyao ne devrait pas s’étonner que ce soient les citoyens qui ont demandé à voir clair dans les responsabilités de la gestion des deux CAN. Il devrait s’en autosaisir pour surprendre les Togolais.
Les différentes concessions au Port de Lomé, les exploitations de mines au Togo, les trafics en mer et dans le ciel sont émaillés de corruption.
La liste est longue. Et avec cette ribambelle de cas, de secteurs, Haplucia ne devrait pas tourner en rond dans la distraction des citoyens à dénoncer des cas. Les cas sont là. Il y a de la matière. Il suffit d’avoir le pouvoir, l’autorité, l’audace ou la volonté de travailler sur la corruption au Togo.
Par ailleurs, il est important de soulever un autre point, celui relatif à la sensibilisation de la population sur la corruption. Elle est quotidienne dans l’espace et dans le temps. Haplucia devrait se donner plutôt la peine et les moyens de mener de grandes campagnes de sensibilisation et de vulgarisation des principes de lutte contre la corruption plutôt que de se refugier derrière les réseaux sociaux pour appeler à dénoncer alors qu’on ne garantit pas la protection de dénonciateurs dans un pays ou la force prime la loi.
Ou bien HAPLUCIA n’est pas nanti de ce plein pouvoir pour traquer les vrais auteurs de malversations ou bien la haute autorité n’a pas les moyens ou bien encore l’institution de Wiyao Essohanam ressemble à ces différents gadgets mis en place par le système au pouvoir pour satisfaire les désirs de programmes et institutions internationales de classement. Instrument du pouvoir comme la plupart de ces institutions créées pour les beaux yeux de la communauté internationale.
Le pouvoir public a l’obligation de mettre en œuvre une vraie politique de lutte contre la corruption, plutôt que de continuer à amuser la galerie avec des institutions de façade qui se succèdent et qui se ressemblent par leur état léthargique et comateux.
Carlos KETOHOU