Le président sortant du Ghana, John Dramani Mahama, a été déclaré vainqueur de la présidentielle, dimanche, mais l’opposition dénonce des fraudes, dans un pays considéré comme un exemple de stabilité et de démocratie.
La commission électorale a annoncé les résultats au terme d’une journée aux multiples rebondissements, suite au vote de vendredi et samedi, alors que les enjeux du scrutin sont particulièrement importants dans un pays en plein boom économique, alimenté notamment par la récente production pétrolière.
Une chaîne de télévision locale avait donné M. Mahama gagnant, plus tôt dans la journée, un résultat vivement démenti par l’opposition qui a dénoncé des fraudes et qui a déclaré avoir la preuve que son candidat, Nana Akufo-Addo, était le vainqueur du scrutin.
Selon la commission électorale, M. Mahama a remporté l’élection avec 50,70% des suffrages, contre 47,74% des voix pour son adversaire, M. Akufo-Addo.
Huit candidats, au total, ont participé à cette élection, à laquelle il fallait obtenir plus de 50% des suffrages pour éviter la tenue d’un second tour.
« Mesdames et messieurs, sur la base des résultats communiqués, je déclare John Dramani Mahama président élu », a déclaré à la presse Kwadwo Afari-Gyan, le chef de la commission électorale.
Des observateurs extérieurs du Commonwealth, de la Cédéao et du groupe local CODEO se sont accordés à qualifier le scrutin de paisible et transparent.
Mais l’opposition a publié un communiqué avant l’annonce des résultats officiels afin de dénoncer des fraudes.
« Nous avons assez de preuves concrètes pour démontrer que la présidentielle de 2012 a été remportée par notre candidat, Nana Akufo-Addo » face au président sortant, affirme le NPP (Nouveau parti patriotique) dans ce communiqué.
« Nous avons constaté un système de fraudes, dans lequel un nombre considérable de voix a été soit ajouté au candidat du NDC (Congrès démocratique national, au pouvoir) soit soustrait au candidat du NPP », affirme l’opposition.
Le NPP réclame un audit sur le décompte des voix et sur les informations recueillies par machines biométriques d’identification des électeurs – dont certaines sont tombées en panne – avant que les résultats de la présidentielle ne soient annoncés officiellement.
Dans le sillage de ces déclarations, environ 300 manifestants de l’opposition ont été dispersés par les forces de l’ordre à l’aide de gaz lacrymogène devant le siège de la commission électorale à Accra.
« La commission a demandé (à l’opposition) de fournir des preuves » des accusations qu’ils ont formulé, ce qu’ils n’ont pas fait pour l’instant, à déclaré Christian Owusu-Parry, porte-parole de la commission électorale, à l’AFP.
M. Mahama, âgé de 54 ans, a pris le pouvoir en juillet dernier à la mort de John Atta Mills dont il était le vice-président. M. Akufo-Addo, avocat et fils d’un ancien président, se présentait à la présidentielle pour la seconde fois, à 68 ans, après avoir perdu à moins d’1% en 2008.
Les élections présidentielle et législatives se sont tenues vendredi, mais elles ont dû se prolonger samedi à certains endroits, des bureaux de vote ayant rencontré des problèmes techniques liés au nouveau système d’identification biométrique et à des retards de livraison de matériel électoral.
Les deux principaux partis ont alterné au pouvoir depuis l’avènement du multipartisme en 1992, faisant du Ghana un modèle de stabilité dans la région.
Le pays de 24 millions d’habitants connaît une forte croissance économique due à ses exportations de cacao et d’or, auxquelles vient s’ajouter, depuis 2010, une production pétrolière encore modeste mais pleine de promesses.
AFP