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Gbonè: l’exclu qui chamboule tout!!

 

C’est un secret de polichinelle.  Depuis le 25 Juin dernier, la Cour Constitutionnelle du Togo a rendu public la liste des candidats retenus pour la compétition électorale du 21 Juillet prochain. Parmi ces candidats, il y  en  a  qui sont issus de formations politiques et d’autres indépendants. Mais il  y a une liste de candidats indépendants qui suscitent  curiosité et interrogation au sein  de l’opinion  outre la forfaitaire de Dahuku Péré: il s’agit de la liste baptisée « Indépendants GBONE » du nom du député Henri Gbone du Commité d’action pour le renouveau (CAR). Véritable tollé qui a occasionné la réaction immédiate du Comité directeur du parti.

  » Le CAR tient à informer le public que par décision du Comité directeur en date du 25 Juin 2013, Monsieur Henri Yawovi Gbone est exclu du parti « , indique un communiqué  de presse signé par le  secrétaire national du parti, Jean Kissi. Un responsable de ce parti que nous  avons interrogé pointe un doigt accusateur sur la Cour Constitutionnelle qui a validé sa candidature alors que celui-ci n’a pas présenté une démission en bonne et due forme du parti.  La promptitude du communiqué  annonçant son exclusion était  une  preuve que  Gbone n’a pas démissionné du CAR avant de  conduire la liste des indépendants dans le Yoto natal.

L’incompréhension ou la  gourmandise au menu  d’une exclusion?

 La  brouille entre GBONE et le Comité directeur du CAR ne date pas d’aujourd’hui. Tout est parti  des élections législatives de 2007 à l’issue desquelles il devait céder  sa place à son suppléant. Selon les informations en notre possession, cette exclusion serait consécutive à son entêtement à être maintenu coûte que coûte sur la liste du parti dans la circonscription électorale de Yoto  en lieu et place d’un  autre  candidat. Mécontent du refus du parti de le présenter, il s’est présenté en candidat indépendant  dans ladite circonscription. A s’en tenir à sa décision de  se mettre en marge du parti  et de postuler en candidat indépendant, on peut dire que l’ingénieur agronome avait lui-même pris la décision de s’écarter des rangs  de son parti  avant la décision du Comité Directeur sur l’exclusion. Selon un responsable du parti interrogé sur les mobiles de cette  exclusion, « le fait qu’il soit présenté en candidat indépendant suffit largement pour l’exclure ». Le CAR est un parti où règne la discipline et le parti appartient à tous les militants et ne saurait être pris en otage, a poursuivi  la  même source jointe au téléphone. Cette déclaration,  à peine violée, laisse entrevoir la mainmise et la gloutonnerie de Henri Gbone qui croit qu’il est le seul militant du CAR dans le Yoto Est dont il est originaire.   

Un rappel historique qui vaille la peine

 En 1994, Henri Gbone avait porté le flambeau du Comité d’action pour le renouveau dans la circonscription électorale  de Yoto Est dont il est originaire, plus précisément du village de Tokpli. Il était plébiscité  dans sa circonscription puisse que Me Agboyibor avait lui-même déblayé le terrain pour la première fois  aux législatives de 1985 où il était candidat indépendant. Avec la création du CAR en 1991, le parti devrait avoir des représentants sur toute l’étendue du territoire. Me Agboyibor voulait rallier tous les natifs de sa préfecture à sa cause. Des ressources humaines et financières étaient sollicitées de gauche à droite. C’est ainsi que Henri Gbone, agronome de son état,  a été approché. Volontiers, il a accepté accompagner les idéaux du parti avec le peu de moyens dont il disposait. Après deux ans et demi de collaboration, les élections législatives de 1994 pointaient à l’horizon. Il a été positionné illico presto dans la circonscription de Yoto-Est où le Rassemblement du peuple togolais était vomi complètement de même que l’Union togolaise pour la démocratie (UTD) d’Edem Kodjo qui n’était qu’un roitelet.

Henri Gbone, Me Agboyibo et un troisième candidat  avaient  raflé les trois sièges de Yoto Est, Centre et Ouest pour le CAR. Henri Gbone a siégé lors de la mandature de 1994 à 1999.  A la fin de cette mandature, l’opposition a décidé de boycotter le scrutin législatif de 1999. En 2007, suite à l’Accord politique global (APG), l’opposition a pris part à l’élection législatif au cours duquel Me Agboyibo était Premier  ministre. Gbone a fait  des pieds et des mains  pour occuper  une seconde fois le siège au nom du parti pendant que les instances décisionnelles du parti optaient pour son suppléant afin d’éviter, selon nos recoupements,  des frustrations au sein du parti. Notre agronome a multiplié par zéro tous les accords internes signés avant le scrutin et a menacé de quitter le parti si la pression continuait de s’exercer sur lui.

Me Agboyibo, qui lui était candidat élu pour  le parlement, a très vite cédé son fauteuil à son suppléant en la personne Kossi Amégnonan, l’actuel président du groupe parlementaire CAR. Selon certaines sources, cela n’a pas été un sinécure pour le parti de désigner Kossi Amégnonan à ce poste, le natif de Tokpli s’étant  farouchement opposé, arguant qu’il faisait partie des militaires de première heure et avait déboursé de l’argent pour soutenir le parti. Et ainsi, Amégnonan faisait partie de la dernière génération de militants. Cahin,  caha, il a finalement dû se ranger sur la décision du parti en renonçant à son ambition pour la présidence du  groupe parlementaire.   Depuis ces disputes, les relations entre Gbone et ses collègues du groupe et même les autres militants des instances ne sont plus au beau fixe. Pour preuve,  des absences répétées aux réunions du parti et aux séances plénières du parlement, des salutations glaciales entre lui et  Amégnonan.

A la veille des échéances en cours, et selon les propos que nous avons recueillis auprès d’un responsable du parti,  tous les candidats y signé des accords conformément à la discipline du parti. Se sentant  évincé  de la liste des candidats retenus, Henri Gbone a décidé de faire cavalier seul en associant certains de ses compagnons pour l’aventure de la candidature indépendante dans une préfecture où les voix seront âprement  disputées. Est-ce par cupidité ou par mauvaise foi, l’avenir en dira            .

Les chances des candidats dans la circonscription de Yoto

A la différence des scrutins législatifs  de 1994 et 2007 où la préfecture était divisée en trois circonscriptions électorales (Yoto Est, Centre et Ouest), le scrutin de Juillet 2013 aura pour  base toute la préfecture comme circonscription électorale. En clair, il ne suffirait plus à Gbone et ses compagnons de miser peut-être sur la popularité dans l’Est  et  prétendre gagner le siège. Il faudrait ratisser large à l’Ouest comme au centre, zones  où il est très méconnu.

Même à l’Est, la bataille s’annonce très rude. Il aura à composer  avec Agboyomé Kodjo, également originaire de Tokpli  et tête de lice du Collectif Sauvons le Togo puis Koffi Kalenyo de la Coalition Arc-en-ciel.

Egalement en course dans le Yoto, les candidats de UNIR (Union pour la république), de l’Union des forces de changements et des indépendants comme « AGBELI-HONAMETO », des individus que le pouvoir a coopté pour semer la zizanie et la pagaille pour émietter les voix d’une circonscription quasi et traditionnellement favorable au Comité d’action pour le renouveau. Il y a plus de trois ans, le Rassemblement du peuple togolais ( RPT)  a infiltré  le village natal,  Kouvé,  de Me Agboyibo  à travers  certains ressortissants à Lomé à travers une amicale bidon  qui disait s’investir dans le développement local de ce village et plus tard dans tout le Yoto.  Aujourd’hui, tout  le monde connaît le vrai visage de ces ressortissants  et il revient à la population de Yoto de les juger. Mais comme à l’intérieur du pays, la paupérisation à son summum, il suffirait  pour ces militants de UNIR de distribuer quelques bols de sel de cuisine comme ce fut le cas en 2010  pour avoir l’électorat de ces citoyens qui ne « comprennent  » pas grand’ chose  des enjeux électoraux et votent la plupart  des cas les yeux fermés. Dommage.

Avec le refus obstiné de briguer une troisième mandature à l’Assemblée, la question qui se pose est de savoir si l’honorable GBONE veut faire carrière à l’assemblée comme il l’a fait en agronomie. Le bon sens voudrait qu’il sache que les postes électifs sont des fonctions conjoncturelles qu’on assume temporairement. Surtout avec un poste électif de cet acabit, son acte est risqué. L’on  ne peut prétendre dire que le parti auquel l’on est affilié refuse sa candidature et se positionner en indépendant contre celui-ci. Surtout après avoir brigué deux mandats, Gbone devrait pouvoir  mettre  frein à ses appétits.  Même si l’on fondateur d’un parti politique, le temps passe et d’autres compétences émergent. Autant les laisser éclore.   Me Agboyibo  qui est le père fondateur du CAR a peut-être lui-même compris cette leçon en quittant la tête de cette formation.

 Somme toute et selon beaucoup d’observateurs, les chances  du CAR s’amenuisent avec  cette scission qui intervient à une période très sensible du  cycle électoral qui devrait amorcer la phase de campagne dans une semaine,  à moins d’un revirement  de la Commission électorale nationale indépendante(CENI).  Loin de se jeter dans des prévisions,  les résultats  des urnes édifieront  mieux les uns et les autres.  

 

Jean-Baptiste ATTISSO

 

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