PARIS (Reuters) – Pourtant peu adepte du style « président-VRP » qu’il reprochait à Nicolas Sarkozy, François Hollande a organisé lundi une opération de communication soignée pour accueillir à l’Elysée la signature du contrat record de 234 appareils obtenu par Airbus.
Moins de deux ans après avoir serré la main de Barack Obama en Indonésie pour un contrat de 200 Boeing, le magnat indonésien Rusdi Kirana a donc topé sous les ors de la République pour un contrat d’une valeur théorique d’environ 18 milliards d’euros.
Une semaine après un déplacement critiqué à Dijon, le chef de l’Etat français a, selon son entourage, « naturellement » jugé que ce contrat « historique dans l’histoire de l’aviation », méritait d’être signé à l’Elysée.
« Les grands contrats d’Airbus, c’est un exemple pour notre économie », a déclaré François Hollande aux journalistes conviés pour assister à une cérémonie qui a coïncidé avec le lancement de la « semaine de l’Industrie » organisée par le ministère du Redressement productif.
Avec une cote de popularité qui flirte désormais avec les 30% de bonnes opinions et de sombres prévisions macroéconomiques, le président français a vanté la santé de la filière aéronautique et promis que son exemple serait suivi.
« Notre ambition au plan européen, c’est non seulement de poursuivre la belle aventure d’EADS mais également de concevoir d’autres EADS pour d’autres secteurs économiques avec nos partenaires européens », a-t-il dit.
Point fort de la cérémonie, François Hollande a pris la main de Rusdi Kirana et celle du président directeur général d’Airbus Fabrice Brégier pour immortaliser le contrat devant les photographes.
PAS DE « FAVORITISME DIPLOMATIQUE »
Plus habitué à endosser le rôle de pompier pour des entreprises en difficultés, l’exécutif français avait aussi essayé de redonner espoir à l’opinion en décembre avec le contrat des chantiers navals STX France avec l’armateur Royal Caribbean Cruise Line pour la construction d’un paquebot géant.
Interrogé sur ses impressions lors de son passage dans le palais présidentiel, Rusdi Kirana, à la réputation d’ascète et qui dit aimer voyager en classe économie, n’a pas semblé impressionné outre mesure par la portée de l’événement.
« Je suis content d’être ici mais je suis plus intéressé dans les habitations que je construis pour mes employés et leur familles », a-t-il confié à Reuters.
A Paris comme à Washington, le président de la compagnie aérienne indonésienne Lion Air aura déboursé, même en tenant compte des ristournes accordées par les constructeurs, plus que les 10 milliards d’euros du plan de sauvetage européen pour Chypre.
Souhaitant se démarquer de la « diplomatie de contrat » affichée selon lui par Nicolas Sarkozy, François Hollande avance lors de ses déplacements à l’étranger le concept d’une « diplomatie économique » où les rôles entre les entreprises et l’Elysée sont clairement définis.
Pour lui, il revient à l’Etat de créer les relations diplomatiques propices pour que les entreprises françaises remportent des contrats par la qualité et la compétitivité de leurs offres plutôt que par « favoritisme diplomatique ».