Protégés par la police et accueillis dans une nouvelle école où tout avait été fait pour qu’ils se sentent bien, les petits élèves de Sandy Hook à Newtown (Connecticut) ont repris la classe jeudi, pour une journée aussi « normale » que possible, 20 jours après le massacre qui a révulsé les Etats-Unis.
La presse avait été soigneusement tenue à distance et la sécurité était omniprésente.
Toutes les voitures arrivant dans le périmètre de la nouvelle école, située à Monroe, à quelque 10 km de Sandy Hook, étaient arrêtées par la police et l’identité des conducteurs vérifiée, a constaté un journaliste de l’AFP. Ceux qui n’avaient rien à faire là étaient fermement refoulés.
Tout avait été mis en oeuvre pour permettre une reprise aussi normale que possible pour les quelque 500 enfants de l’école Sandy Hook, âgés de 5 à 10 ans, dont beaucoup étaient en classe le 14 décembre quand 20 élèves de CP et six femmes de l’encadrement ont été tués au fusil d’assaut par un jeune de 20 ans, Adam Lanza.
Pour faciliter la transition, les bureaux, les crayons, les peintures, les sacs à dos, tout ce qui faisait le quotidien des enfants avait été transporté dans la nouvelle école, un collège désaffecté rebaptisé « école primaire Sandy Hook », repeint et réaménagé durant les fêtes.
« Nous aurons une journée normale, ferons ce qui est bon pour les enfants », avait déclaré mercredi la responsable locale des écoles Janet Robinson, insistant sur la nécessité pour eux de retrouver leur « routine ».
Parents bienvenus à l’école
Des ballons verts et blancs, de gros noeuds verts, aux couleurs de Sandy Hook, avaient été installés sur le parcours jeudi, ainsi que des panneaux souhaitant la bienvenue aux enfants. Les murs de l’école étaient décorés de flocons de neige en papier, envoyés de très nombreuses écoles « du monde entier », selon Mme Robinson.
« Je pense que maintenant, cela doit être l’école la plus sûre des Etats-Unis », a également souligné Keith White, porte-parole de la police de Monroe, après une journée portes ouvertes où parents et enfants avaient pu découvrir mercredi la nouvelle école, en présence des enseignantes.
Certains enfants jeudi ont repris le bus scolaire. D’autres ont été accompagnés par leurs parents, le coeur serré.
« Je ne suis pas sûre d’être encore prête à les laisser repartir », a déclaré une mère, Sarah Swansiger sur CNN.
Les parents étaient bienvenus à l’école, invités à y passer la journée s’ils le souhaitaient. Des conseillers étaient sur place si besoin.
La petite ville de Newtown, très soudée, reste profondément traumatisée par le massacre, dont l’auteur armé jusqu’aux dents s’est suicidé à l’arrivée de la police. Il avait auparavant tué sa mère. Ses motivations n’ont pas été élucidées.
Même si ce n’est pas le premier massacre à endeuiller un établissement scolaire aux Etats-Unis, il a particulièrement choqué les Américains, en raison du nombre et de l’âge des enfants. Et il a relancé, pour au moins quelques semaines, le débat sur les armes à feu.
« C’était le pire jour de ma présidence et je ne veux pas que cela se reproduise », a déclaré la semaine dernière le président Barack Obama.
M. Obama a chargé son vice-président Joe Biden de présenter des recommandations d’ici à fin janvier sur comment prévenir ces tueries.
La sénatrice démocrate de Californie Dianne Feinstein a également annoncé une proposition de loi pour interdire notamment les fusils d’assaut et les chargeurs à grande capacité – proposition soutenue par M. Obama.
Mais le puissant lobby des armes, la NRA, a déjà opposé une fin de non recevoir à tout changement même minimal des lois.
AFP