Pour gagner, se présenter comme le futur vainqueur: telle est la tactique de Mitt Romney pour rallier à lui les derniers indécis, à dix jours de l’élection présidentielle américaine.
Le candidat républicain, légèrement devancé dans les sondages par son rival démocrate Barack Obama, a désormais recours dans ses interventions publiques à un artifice qui ne peut plus passer pour un lapsus.
« Si je suis président », lance-t-il avant de feindre de se reprendre avec un « Quand je serai président » qui déclenche immanquablement les hourras de ses partisans.
L’équipe de Mitt Romney n’a de cesse de proclamer que le temps joue en faveur de son poulain, un constat que l’entourage de Barack Obama, sentant le danger, n’a de cesse de démonter.
Trois semaines après avoir inversé les courbes dans les sondages à la faveur d’une contre-performance du président sortant dans leur premier duel télévisé, le candidat républicain se pose désormais en triomphateur probable du scrutin du 6 novembre.
« Il veut être perçu comme le vainqueur attendu pour donner aux quelques indécis des Etats clés le sentiment que voter Romney, c’est voter pour le prochain président des Etats-Unis », analyse Larry Berman, professeur de sciences politiques à l’université de Géorgie.
Les conseillers de Barack Obama affirment que le camp Romney tente de faire croire faussement à l’opinion que le vent a tourné en faveur du candidat républicain.
Ils reconnaissent que Mitt Romney a rebondi après le premier débat, mais soulignent que le président sortant l’a emporté dans les deux autres et que les chiffres parlent en sa faveur.
OBAMA ATTIRE LA FOULE
Ce dernier a d’ailleurs infléchi son discours ces derniers jours, mêlant l’optimisme sur une victoire finale à une plus grande agressivité vis-à-vis de son adversaire, raillé pour ses virages idéologiques au gré de son auditoire et son manque de sincérité.
Le président sortant affirme aujourd’hui haut et fort que c’est désormais lui qui tient la corde.
A l’appui de cette thèse, son entourage, mais aussi des analystes indépendants, mettent en exergue les projections qui lui sont favorables dans le collège électoral -dont les 538 grands électeurs sont désignés Etat par Etat-, la tendance des votes anticipés qui va vers lui et la réaction enthousiaste de certains électeurs à son appel à voter par anticipation.
Lors d’une tournée de 48 heures mercredi et jeudi dans huit Etats -Iowa, Colorado, Nevada, Floride, Ohio, Virginie, Californie et Illinois-, Barack Obama a attiré la grande foule.
Jeudi, il a obtenu le soutien de l’ancien secrétaire d’Etat républicain Colin Powell, ainsi que du Washington Post, ce qui pourrait lui être utile électoralement dans le nord de la Virginie, voisin de la capitale, alors que l’issue du scrutin est indécise dans cet Etat.
Ignorant ces éléments, Mitt Romney parie sur sa posture de vainqueur. Son dernier courriel adressé à d’éventuels soutiens financiers de sa campagne en atteste. Il est intitulé : « L’élan ».
« Les gens aiment les gagnants, et il (Romney) se présente exactement comme tel, avec sa vision positive de l’Amérique », souligne le stratège républicain Rob Johnson.
Source: Reuters