Au sommet de l’Etat, les positions sont tranchées à propos de Pascal Bodjona, ancien Directeur de cabinet, proche des proches de Faure Gnassingbé.
Les autorités togolaises qui étaient informées depuis deux semaines du contenu du verdict qui les désavoue au profit de l’ancien porte-parole du gouvernement, ont tenu plusieurs réunions pour voir l’opportunité ou non de le libérer avant la campagne et de devancer la décision de la cour de justice de la CEDEAO.
Non, non, dirait un premier courant qui pense que le ministre dénommé grand format est allé trop loin dans sa témérité en déclenchant la guerre au pouvoir alors qu’il devrait, ou bien se taire ou bien aller demander pardon à Faure : «en tout cas, moi, vous me perdrez, je vais retourner en Europe si Pascal est libre. Je ne peux pas vivre dans un pays avec un Pascal Bodjona en liberté » menacera un conseiller zélé dans l’affaire Pascal.
Ce courant est soutenu par un autre petit ministre qui voit aussi son destin basculer dans la mise en selle de Pascal.
Pour lui, un Bodjona libre en période de campagne électorale est une bombe qui va faire éclater le régime.
Le ministre a avancé la colère et la détermination de sa femme, Zaïna et de certains de ses amis de l’opposition au cas échéant. Il pense que ce sera la débandade autour de Faure Gnassingbé.
Le deuxième courant est incarné par des plus tolérants qui pensent sans le dire haut et fort que le Président a aussi une part de responsabilité dans le durcissement de ton de Pascal. Pour ce courant piloté en partie par certains anciens barons qui ne portent pas trop UNIR et ses reformes dans leurs cœurs, il est possible de faire revenir Pascal au bercail, à condition qu’on approfondisse les discussions avec lui.
Le dernier courant est composé des indifférents, ceux pour qui l’affaire Pascal ne fait ni chaud, ni froid, composé des nouveaux venus au parti et aux côtés de Faure Gnassingbé, le vice président de UNIR compris.
Pour eux Pascal n’est pas une menace en prison ou en liberté tant que Faure Gnassingbé sera là, lui qui est le Chef de l’Etat. Ils tirent leurs intérêt chez Faure et non chez Pascal.
Les discussions et réunions successives ont laissé le dernier mot au Chef de l’Etat qui a brillé comme à son habitude par le silence. Ni oui, ni non et selon ses proches, cette attitude est synonyme de «je ne ferai pas… » ce qui fait conclure que la décision de la cour de justice de la CEDEAO rendue ce 24 avril avait été interprétée et tranchée depuis deux semaines par le pouvoir.
Tous pensent que ce sera fait, cette libération, qu’après les élections. Mais à ce jour, avec l’allure critique et indécise qu’ont pris la campagne électorale et le boycott par Faure Gnassingbé de certaines localités stratégiques, on pense que Pascal Bodjona serait libéré conformément au verdict du 24 avril de la cour de justice…. Une liberté obligatoire qui pourrait intervenir avec ou sans Faure à la tête du Togo après le scrutin du 25 avril. Les proches de Pascal s’en frottent les mains.
Accusé dans une rocambolesque affaire d’escroquerie internationale, Pascal Bodjona a été arrêté et détenu à la prison civile de Tsévié depuis près d’un an après une procédure judiciaire dénoncée par les diseurs de droit.
Porté devant la cour de justice de la CEDEAO, l’affaire connaît depuis ce jour, 24 avril, son épilogue avec la décision de la libération immédiate de l’ancien ministre et le versement d’une indemnisation à la victime de la justice togolaise.
Alfredo Philomena