Lorsque les partenaires en développement saluent la gouvernance et l’amélioration de la situation économique au Togo, beaucoup leur rigolent au nez de n’avoir pas maîtrisé la situation de la gouvernance au Togo. Pour les plus avertis, ces partenaires sont inondés par des faux rapports et fausses informations véhiculées par le système pour maquiller la triste réalité de la gouvernance économique et politique qui souffre de sérieuses dérives. Cumul de fonctions, longévité aux postes, culture de la médiocrité avec les hommes qu’il ne faut pas à la place qu’ils occupent, l’administration, Faure encourage le népotisme, la corruption et les détournements. Conséquence, le pays ne pourra pas avancer et les investisseurs ne seront pas encouragés à venir s’implanter. Jusqu’à quand ce contraste au plus haut sommet de l’État s’affranchira pour laisser place à la bonne gouvernance ?
Le dernier classement de la Fondation Mo Ibrahim qui n’avait d’ailleurs pas trouvé de lauréat digne de ce nom situait le Togo en 36ème position, loin derrière les voisins immédiats ; le Bénin, le Ghana, le Burkina Faso, ou encore le Sénégal, le Cap-Vert ou encore le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda. Les critères pour répondre aux critères de la bonne gouvernance ne relèvent en principe pas de la magie. Ils sont les critères standards auxquels doivent se soumettre les Etats pour faciliter le développement socio-économique et assurer le bien être de leurs populations.
Le Togo, sur toute la ligne veut rester en marge de ces grandes mutations dans la gouvernance mondiale en s’accrochant à des pratiques surprenantes et scandaleuses les unes que les autres.
Quelques exemples illustrent aisément ce qui est devenu une méthode au Togo.
Le contre-amiral Fogan ADEGNON est officier supérieur des Forces Armées togolaises. Il est le Directeur Général du Port autonome de Lomé. Il est aussi le maire nommé de la ville de Lomé. Il est à la fois le Président du conseil d’administration de la société aéroportuaire du Togo (SALT), de la société d’administration de la Zone France (Sazof), du CHU Sylvanus Olympio, de l’hôpital de Bè et de la société de transport de Lomé SOTRAL. Il est par ailleurs membre influent du conseil nationale de défense.
Ces multiples casquettes lui permettent de ne rien faire de bon, parce que, étouffé par toutes ces responsabilités, mais aussi lui donnent l’opportunité de multiplier des magouilles pour s’enrichir illicitement.
Au même moment, plusieurs cadres et compétences attendent sur le carreau alors le Monsieur est déjà admis à la retraite.
Autre exemple non moins éloquent. La Directrice de cabinet de la Président s’appelle Victoire Sidemeho Dogbé. Elle est depuis son entrée dans les sérails du pouvoir Faure Gnassingbé, Ministre du développement à la base, de la jeunesse, de l’emploi des jeunes et de l’artisanat. Curieux cumul qui affecte allègrement les autres ministères dans leur responsabilité. A elle seule, est dévolue la tâche de la jeunesse et de l’emploi des jeunes alors qu’à côté il existe un ministère de l’emploi et un autre de la fonction publique ou du travail. Le ministère de dame Dogbé qui multiplie les projets et les programmes qui se ressemblent les uns les autres et qui finalement ne résorbent pas les problèmes du développement est un gâchis pour l’Etat. Un sérieux audit permettra simplement de se rendre compte que l’argent du contribuable est géré au pifomètre avec à la clé l’argent liquide qui circule entre les frères et les sœurs de la ministre qui font pousser des immeubles partout à Lomé. Pour narguer le budget et tutoyer les finaces que le Ministre Ayassor brandit comme frappées par un assainissement, le ministère du développement à la base s’octroie on ne sait par quel procédure macroéconomique, le plaisir d’obtenir un financement de la société publique Togotélécom à plus d’un milliard de FCFA. Un milliard de FCFA pour offrir dans le tintamarre des houes et des balais aux populations alors cette société tire le diable à la queue et connaît des difficultés liées à son investissement. La super ministre, élue député se moque éperdument de la bonne gouvernance prônée et clamée par le Chef de l’État et est classée en bonne place dans la minorité de pilleurs des richesses du pays dont parle le Chef de l’État lui-même.
Le cas Ouro Koura Agadazi : Ouro Koura AGADAZI est le ministre de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Le secteur qui occupe près de 80% de l’économie du Togo. Un secteur stratégique donc qui a permis à son prédécesseur d’organiser dans une véritable chienlit les malversations financières, qui dans le détournement des intrants, qui dans les magouilles sur les projets liés à son secteur.
Ouro Koura Agadazi n’est sans doute pas venu pour remettre de l’ordre. C’est le clan qui est invité à l’abreuvoir avec à la clé l’opacité de gestion des dons des partenaires. Cumul de fonction, cela concerne également le ministère de l’agriculture. Il est en même temps le Directeur Général de l’agence nationale pour la sécurité alimentaire, ANSAT et en bonne place dans le comandement de l’armée. Impunément, il gère les deux structures au grand dam des compétences qui sont classées dans les tiroirs. La gouvernance n’est donc pas au rendez-vous.
Gnamma Latta : Gnamma Latta était récemment le Ministre de la sécurité et de la protection civile. Mais tenez-vous bien, avant d’occuper ce poste, il était Directeur Général de l’Agence nationale de l’aviation Civile (ANSAT). Il n’a jamais été débouté de ce poste qu’il a cumulé avec le ministère pendant deux ans avant de retourner à ses vieilles amours après son éviction du ministère. Scandale dans un pays normal, fait divers au Togo. Pour couronner la forfaiture, le Chef de l’État le propulse à la tête du conseil d’administration de Togotélécom en remplacement d’un autre vampire de l’économie togolaise, Yao Kanekatoua, ancien directeur Général de la BTCI, banque qu’il a coulée au pilori et du patrimoine togolais saigné à blanc. Le cas Gnamma Latta est également un cumul de fonction contraire aux règles de la bonne gouvernance.
Les cas Charles Kondi AGBA, ministre et Président du MAEP, il y quelques mois sont aussi des exemples palpables.
Plusieurs autres personnes complètent cette liste de cumul de fonctions. Préfets maires , ministres conseillers avec des responsabilités à la tête des conseils d’administration, Directeurs généraux-conseillers, tout ceci en violation des lois et textes en vigueur.
Longévité aux postes, mépris pour la bonne gouvernance.
L’autre grosse plaie dont souffre la gouvernance au Togo est sans doute la longévité aux postes de responsabilité. C’est un obstacle à la bonne gouvernance et une porte ouverte à la corruption et à la mauvaise gestion des biens de l’État. Les exemples n’en manquent pas.
Pekemsi à la LONATO : La dernière génération de togolais n’a sans doute pas connu un autre Directeur Général de la loterie Nationale que le sieur Pekemsi Kudjow Kum. Près de 20 ans à la tête de cette société alors qu’il n’est pas compétitif face aux cadres qui ont des compétences à faire valoir. On lui reproche la gestion mais l’homme a la bénédiction de l’exécutif et règne en toute impunité à la tête de cette société stratégique.
Koffi Walla Katanga: Lui aussi est un autre épiphénomène économique ; Un autre scandale. A la tête de la caisse nationale de sécurité sociale, il détient le record de l’homme qui a le plus duré à la tête d’une société d’État. Admis à la retraite depuis plus de dix ans, il continue de régner en toute opacité sur cette société. On lui reproche des missions faramineuses grassement financées, des réunions budgétivores et une gestion purement clanique de cette société et de ses patrimoines. En début de cette année, il a encore défié ses détracteurs en arguant qu’ils seront déçus de le voir régner toujours et toujours sur la caisse nationale de sécurité sociale. Il y règne, ayant sans doute les pieds sur terre au mépris de la bonne gouvernance.
Sylvère Akrima Kogoé : Il est le Directeur Général de la société aéroportuaire de Lomé. Bien sûr, lorsque passe plus de dix ans à la tête d’une même société et au même poste, l’usure cède à la compétence et les innovations ne peuvent pas être au rendez-vous. Le complexe de décanat oblige qu’on rejette ou qu’on néglige systématiquement les propositions de jeunes cadres qui sont fous d’innovations. On devient un gourou qui veut coller sa marque anachronique à la société. C’est le cas de cet enseignant de journalisme qui est presque oublié à la tête de la SALT alors que les université et les école produisent des cadres non moins compétents, des togolais qui ont envie de révolutionner ces différents secteurs.
Les magouilles et les dérives économiques
Au Togo, il est notoire, il y a un véritable laisser aller et il est autorisé de constater au jour le jour que les pratiques malsaines liées à la gestion des biens publics sont légion dans les administrations, dans les sociétés, dans le corps judiciaire. La corruption est de règle, les détournement sont devenus un sport national, le laxisme et la mauvaise gestion inondent le développement économique . Curieusement, ces crimes économiques restent totalement impunis, le Chef de l’État, lorsqu’il est débordé, fait enlever le criminel du poste qui s’en va jouir tranquillement de l’argent détourné.
Plusieurs chantiers dans les travaux publics sont restés inachevés ou mal exécutés. Les auteurs ont disparus après avoir encaissé et détourné les fonds. Les passations des marchés et les appels à candidature ne répondent pas aux critères de bonne gouvernance. Le système de commissions de 5 à 10 pour cent n’est pas sorti des habitudes.
Beaucoup se demandent aujourd’hui dans le cas des travaux publics pourquoi donc, les travaux inachevés d’Ebomaf tant sur le boulevard ou d’Agoenyivé à Adidogomé n’interpellent personne. Tout simplement parce que ceux qui sont légalement chargés de contrôler et de sanctionner ont déjà eu leurs parts de commissions et n’ont plus aucun pouvoir d’interpeller l’entreprise.
Les magouilles et les pots de vins dans les procédures de signature des contrats avec les sociétés étrangères notamment avec la société NECOTRANS, les irrégularités dans les choix des sociétés et les obstacles dressés contre des sociétés qui ne veulent pas céder à la corruption, les surfacturations et les arrangements pour produire les rapports, même au plus haut niveau avec les institutions de Brettons-wood ne peuvent en aucun cas faire développer le pays. La corruption est un ennemi mortel à la gouvernance et au développement.
La responsabilité revient donc au chef de l’État de sévir face au laxisme constaté dans la gestion quotidienne des biens et des richesses de l’État.
Cela va dans l’intérêt de sa gouvernance économique et de la gouvernance politique. Le peuple a droit aux comptes face à la gestion de l’État. Mais lorsqu’un État fait du cumul de fonctions et de la longévités aux postes et à la tête des société d’État, le pays court à la dérive et les frustration s’accumulent pour laisser droit à des tensions.
Carlos KETOHOU