La tempête qui souffle sur la zone Euro continue de menacer la survie de cette zone. Elle ressemble de plus en plus à un navire qui a perdu son équilibre en pleine mer et est sur le point de chavirer à tout moment et dont les occupants sont toujours à la manœuvre pour réaliser un sauvetage miraculeux. En clair, la zone Euro est vraiment malade de sa crise financière. Les pays comme le Portugal, l’Espagne et la Grèce portent dans l’ordre croissant de gravité les germes de l’implosion de cette zone.
Malgré l’aide et les mesures drastiques, en particulier les restrictions budgétaires caractérisées par un contrôle de l’endettement et une augmentation des impôts, lesquelles sont imposées par la Banque centrale européenne à ces pays avec le concours du FMI pour remettre la zone sur le chemin de l’équilibre budgétaire et de la croissance, la situation est toujours préoccupante.
De ce fait, la stabilité de la zone n’est pas pour demain. Et ce sont les populations qui en pâtissent. Au nombre des répercussions de cette situation, on peut citer le relèvement des taux d’imposition de certains produits ayant pour effet une augmentation de leur prix sur le marché ; le relèvement des contributions sociales prélevées sur les salaires ; la montée vertigineuse du chômage etc.
En d’autres termes, les populations des pays menacés sont exposées à la cherté de la vie. C’est ce qui explique les mobilisations et les contestations qui fusent dans les pays de l’Union, au bord de la menace, ou qui font déjà face à des mesures d’austérité. L’Espagne et le Portugal ont fait l’amère expérience de ces mouvements de contestation la semaine dernière. En France, une marche contre l’austérité a eu lieu ce dimanche 30 septembre 2012 même si le pays n’est pas sous la menace directe de cette crise.
En raison de son appartenance à la zone Euro, la France est exposée au même titre que les autres pays de l’Union aux conséquences de la faillite de la zone. Si le gouvernement français n’est pas tellement sous pression par rapport à la manifestation contre les mesures d’austérité parce que l’économie française n’étant pas encore sérieusement ébranlée par la crise, la Grèce, l’Espagne et le Portugal sont dans la tempête de cette crise financière. Dans ces pays, les gouvernements sont sous la pression de leur opinion publique. Ils sont obligés de réviser leur copie en revenant sur des décisions contestées.
En prenant en compte les contestations et les protestations des populations que l’on gouverne, l’on donne la preuve de s’intéresser aux préoccupations de celles-ci. La démocratie veut que l’opinion publique soit le baromètre des actes de gouvernance même si à certains moments des mesures douloureuses sont nécessaires pour un redressement de l’économie. Une large adhésion des gouvernés à une politique nationale est un gage de stabilité et de développement. Le gouvernement portugais l’a compris en faisant récemment marche arrière sous la pression populaire, en renonçant à une réforme de la sécurité sociale qui tendait à relever les contributions sociales prélevées sur les salaires. Même si les dirigeants africains ne sont souvent pas à l’écoute de leur opinion publique, il revient à leur population de mettre suffisamment la pression sur ceux-ci pour qu’ils se plient à la volonté populaire. Les Togolais doivent se servir de cette arme pour amener le chef d’Etat à faire les réformes qui sont conformes à l’esprit de la constitution de 1992 qu’ils se sont donnée par référendum et qui a été par la suite toilettée et vidée de sa principale substance pour la conformer au désidérata d’une seule personne. Les Togolais doivent comprendre que c’est en plaçant l’intérêt national au-dessus des intérêts particuliers, c’est en s’engageant sur le chemin de la vraie démocratie, que chacun pris individuellement aura son compte.
Le Togo doit être la propriété de tous. De ce fait, nul ne peut s’accaparer de toutes les richesses du pays en réduisant les autres à des citoyens de seconde zone condamnés à être réduits et condamnés à la pauvreté à vie.
En de pareil cas, c’est en sortant de la passivité et en se mettant sur la voie de la conquête de ses droits qu’on sortira de l’ornière. Il incombe à chaque Togolais d’apporter chacun à sa manière sa contribution au vrai changement dont a besoin la Terre de nos aïeux.
Nasser O.Y.