Au moment où la pandémie de coronavirus fait sa loi dans le monde, à l’heure où une crise sanitaire aux conséquences économiques et sociales importantes frappe l’humanité de plein fouet, il revient à l’humanité d’en tirer des leçons pour son avenir. La Covid-19 n’a pas que des conséquences dramatiques pour l’humanité mais elle laisse à travers celles-ci, des leçons pour repenser l’existence de l’humain. Dans un article publié par le diplomate togolais Professeur Robert DUSSEY, Ministre des affaires étrangères, de l’Intégration africaine et des Togolais de l’Extérieur a évoqué dans une approche à la fois philosophique, historique et sociologique, dix leçons à tirer de cette crise sanitaire mondiale engendrée par le Coronavirus. Pour le philosophe et homme politique, un nouvel ordre mondial est indispensable pour l’avenir de l’humanité.
Si la pandémie de coronavirus est la première crise sanitaire qui a pris autant d’ampleur et fait autant de dégâts à l’époque contemporaine, l’histoire enseigne et prouve qu’elle n’est pas la première crise sanitaire que le monde ait connue. De la Peste d’Athènes en Grèce antique courant 430 à 426 avant Jésus-Christ aux ravages du VIH SIDA et de Tuberculose et aujourd’hui la Covid-19, l’humanité a connu plusieurs crises sanitaires qui ont emporté des millions de vies. Cependant, la situation actuelle dans laquelle le monde se trouve, donne l’impression que l’humanité n’a pas tiré des leçons du passé. Dans ses réflexions, le Professeur DUSSEY s’est appesanti sur des leçons à l’échelle mondiale pour l’établissement d’un nouvel ordre mondial mettant l’humain par-dessus toute autre considération. Au total, il évoque dix leçons pour bâtir un nouveau monde post-Covid-19.
Replacer l’homme au centre des préoccupations mondiales, c’est la première leçon que l’humanité doit tirer de la Covid-19. Dans un monde où l’humain perd de plus en plus sa dignité au profit des intérêts économiques, financiers et politiques, le nouvel ordre mondial que l’on espère après cette pandémie doit partir d’un retour à la dignité humaine. Le monde dans son état a perdu ce sens de dignité humaine ; un monde où pour des considérations politiques ou économiques, l’humain est prêt à sacrifier l’humain, des nations sont prêtes à détruire des nations. Le monde d’après Covid-19 doit repenser ses priorités et assurer la primauté de l’être humain sur tout.
Une deuxième leçon à tirer, la pandémie de Coronavirus a montré à toutes les sociétés humaines qu’elles ne sont aussi fortes et puissantes comme elles ne pouvaient l’imaginer. En l’espace de quelques mois seulement cette pandémie a bouleversé le monde entier, elle a changé le cours normal des choses et mis en péril tous les programmes préétablis. La certitude qu’avaient même les grandes puissances du monde a laissé place à la panique. L’on se rend compte que l’avenir de l’humanité est plus qu’incertaine vu l’impuissance des avancées technologiques et les limites de la médecine moderne face à ce virus mortel.
Les mesures de riposte contre la Covid-19 se soumettent aujourd’hui à l’épreuve des inégalités que l’on a toujours décriées dans le monde. Des inégalités entre les citoyens d’un même pays et aussi des inégalités entre les différents Etats du monde. Cette réalité compromet donc l’efficacité des mesures visant à éradiquer cette pandémie sur la surface de la terre ce qui doit servir d’un enseignement pour l’humanité. Pour parvenir à établir un nouvel ordre mondial, les sociétés humaines doivent travailler à éliminer les inégalités dans un premier temps entre les concitoyens d’un même pays et ensuite entre les différentes régions du monde. La problématique de la redistribution des ressources doit être remise sur la table.
Quoiqu’on dise, la pandémie de coronavirus montre aux yeux du monde l’inadéquation des choix économiques de nos Etats et les politiques économiques qui sont mises en place dans les différentes régions du monde. De la nécessité de changer de modèle économique basé sur la réalité que vivent les êtres humains et non des chiffres de croissance ou de PIB avancés mais souvent en incohérence avec le quotidien des populations.
Une autre leçon est à tirer de la provenance du virus qui est à l’origine de cette pandémie aux conséquences économiques dramatiques. Le covid-19 est d’origine animale. Cette réalité ne peut que soulever la question des rapports entre l’être humain et son environnement. Les débats écologiques doivent refaire surface afin que l’humain tout en profitant de son environnement dans l’harmonie, le protège et le préserve car sa santé et son épanouissement économique en dépendent.
Pour se faire l’Homme doit donc penser à sa réconciliation d’avec la nature et donc repenser ses relations d’avec elle. Pendant longtemps l’on pensait que la planète Terre est la propriété de l’Homme. Cette façon de percevoir les choses aboutit aujourd’hui à la situation actuelle. Désormais l’Homme doit réaliser qu’il n’est qu’un héritier de la planète Terre parmi tant d’autres.
La Covid-19 a également donné une leçon sur l’état des connaissances en matière de la médecine et de l’industrie pharmaceutique. Cette pandémie a révélé l’illusion dans laquelle le monde vivait, comptant sur l’avancée des connaissances dans le domaine de la médecine moderne. Il y a quelques mois, l’on ne pouvait imaginer qu’un virus pourrait dicter sa loi au monde entier jusqu’à ce point. De cette urgence sanitaire naquirent des tentatives de recherches de remèdes qui relancent les éternels débats bien sûr critiques entre les chercheurs du monde scientifique.
Comme on pouvait le constater, depuis le déclenchement de cette épidémie qui a mu en pandémie quelques semaines plus tard, les fake news ont contribué à entourer la pandémie soit de la négligence soit de la psychose paralysant ainsi les plans de riposte établis contre cette pandémie. Cet état de fait soulève la question d’éthique qui ne peut trouver sa résolution que dans une éducation humaine repensée.
L’homme politique togolais a également évoqué d’autres leçons à tirer de cette pandémie. La propagation de la Covid-19 qui en l’espace de quelques mois a touché toutes les régions du monde prouve que l’on doit désormais se sentir en tant que citoyen du monde à qui tous les défis du monde préoccupent quel qu’en soit son appartenance à un pays. C’est en cela que des solutions communes peuvent être trouvées aux défis à l’échelle mondiale.
Pour finir, le diplomate a mis l’accent sur la coopération internationale face à de grands enjeux ou défis auxquels nos États sont confrontés. La lutte contre la Covid-19 ne peut donc être perçue comme une affaire de chaque pays. Mais plutôt une affaire collective qui nécessite une coopération internationale sans distinction entre les puissances mondiales et les pays moins avancés. Voilà comment le Professeur DUSSEY Robert pense le monde post-Covid-19.
Amos Dayisso