L’on pouvait s’y attendre, et de nombreux citoyens ivoiriens craignaient cette situation. Le président Alassane Ouattara se déclare candidat à la présidentielle d’octobre 2020. Cette décision du président ivoirien met la Côte D’ivoire dans une situation critique. Alors que le pays sort d’une crise électorale survenue il y’a à peine dix (10) ans, cette décision fait craindre le pire.
« J’ai décidé de répondre favorablement à l’appel de mes concitoyens me demandant d’être candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020. Je suis donc candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 » ; c’est par ces mots que le Président Alassane Ouattara a annoncé ce jeudi 06 août 2020, lors de son traditionnel discours à la nation ivoirienne à la veille de la fête de l’indépendance, son désir de briguer un troisième mandat à la tête de l’Etat ivoirien. Il s’était pourtant dit apte à passer le pouvoir à une jeune génération.
En début d’année, les responsables religieux et les chefs traditionnels avaient exprimé leurs inquiétudes au Président, craignant des troubles à l’issue de la présidentielle de 2020. Alassane Ouattara avait alors donné son assurance pour contribuer à la stabilité de la Côte D’ivoire. En mars dernier, il avait annoncé qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle d’octobre 2020 ; un choix qui avait été salué de partout. Mais aujourd’hui, il revient sur sa parole et sa décision d’être candidat est perçue comme une trahison, une déloyauté envers sa patrie.
Les évènements précédents ont sans conteste porté un coup dur au RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix). De lourdes épreuves se sont succédé. La crise sanitaire a bouleversé les programmes politiques ; les dissensions au sein du parti et plus récemment, le décès d’Amadou Gon Coulibaly, Premier Ministre et candidat choisit par Alassane Ouattara pour représenter le parti à la présidentielle de 2020 ont entrainé des troubles sans précédent.
Face à ces récents évènements, le Président Alassane Ouattara se dit dans l’obligation de se présenter pour un nouveau mandat afin dit-il “de continuer de mettre, sans relâche, mon expérience au service de notre pays“. Pourtant cette décision risque de faire sombrer le pays dans une nouvelle crise comme l’affirment de nombreux activistes de la société civile. Cette candidature est jugée tout à fait illégale et anticonstitutionnelle. C’est d’ailleurs ce que soutient le leader du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Henri Konan Bédié. Alassane Ouattara n’a normalement pas le droit de se représenter après deux mandats. Mais manifestement, la constitution a été modifiée à son avantage.
Alassane Ouattara prend donc le risque d’embraser la Côte D’ivoire pour se maintenir au pouvoir, à l’image des nombreux dictateurs africains qui se sont lancé dans la même bataille. Dans certains pays, les choses ont mal tourné pour ces présidents conservateurs ; ce fut le cas au Burkina Faso avec Blaise Compaoré ou encore en Gambie avec Yaya Jammeh.
D’autres ont réussi par certaines manœuvres à se maintenir au pouvoir (Togo, Gabon…).
Pour le Président Alassane Ouattara, le futur nous le dira. Lui qui cherchait à s’éloigner de cette image de président dictateur fait malheureusement un faux pas et s’inscrit sur la liste des dictateurs africains.
Eric G.