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CHU / Morgue privatisée : Calvaire chez les clients et les vendeurs de cercueil

Il y’a de cela quelques mois que la morgue du CHU Sylvanus Olympio est de nouveau opérationnelle. Ce nouveau complexe est certes plus adapté, mais des problèmes y subsistent. Hormis la flambée des prix  de conservation des corps, un problème assez remarquable touche principalement les vendeurs de cercueils aux alentours de la morgue. L’augmentation des tarifs de prestation et crise de mévente chez les divers prestataires. Là encore, la privatisation pénalise le citoyen lambda.

Des efforts ont été faits et les résultats perceptibles après le décaissement de près de 600 millions de FCFA. Les travaux de réhabilitation de la morgue principale du Togo lui ont donné une image moderne. Le nouveau complexe dispose de plus de civières et les conditions de conservation des corps sont acceptables. On note également l’aménagement des voies d’accès à la morgue. Les travaux ont duré près d’un an. Les corps ont été délogés, affectés à d’autres morgues.

Toutefois, des problèmes subsistent depuis la reprise des travaux. Les nouvelles tarifications des prestations de la morgue sont très élevées vu le pouvoir d’achat de la population. Certaines familles qui peinent déjà à trouver de quoi manger ne peuvent s’offrir le luxe d’y conserver les corps de leurs proches. Il n’est pas rare de voir sur place, des familles éplorées, surprises des nouveaux tarifs en arrivant, repartir avec le corps de leur proche. A titre d’exemple, les frais de conservation d’un corps pour une durée de 30 jours reviennent à 300.000F CFA au lieu de 180.000 F CFA avant la rénovation.

Cela est une évidence, privatiser un service qui devrait être public ne peut engendrer qu’une flambée des prix aux dépens des populations démunies. Et, avec le vent de privatisation qui souffle ces derniers mois sur les institutions clés du pays, l’on peut s’attendre au pire dans d’autres domaines. Les familles qui y ont fait un tour avec les corps sont désabusées. Après avoir dépensé des sommes colossales sans succès pour sauver leur membre malade, c’est le cout de la conservation du corps qui est l’autre casse-tête.

Aussi, note-t-on la résurgence d’un sérieux problème qui indispose plus d’un : en se promenant dans les quartiers environnant la zone de Tokoin, on remarque l’exposition anarchique de nombreux cercueils, tout près des maisons ou à côté des petits commerces. Une situation qui frustre et crée la panique chez les populations des alentours.

Selon nos investigations, il ressort que la majorité de ces vendeurs de cercueils exposaient leurs produits dans le couloir de la morgue du CHU, sous des hangars qu’ils avaient eux-mêmes construit.

Cependant, avec la réhabilitation du complexe, de nouvelles boutiques ont été construites aux abords de la morgue. Seulement, depuis la réouverture de la morgue, la direction reste silencieuse quant aux conditions  d’attributions de ces boutiques et d’aucuns se demandent pourquoi cette volonté manifeste de voiler certaines réalités.

Selon le témoignage des vendeurs de cercueils, malgré leurs multiples demandes pour connaitre les critères d’attribution de ces boutiques, les responsables sont restés muets, à croire que ces places ont déjà trouvé acquéreur : « Peut-être qu’ils réservent ces places pour leurs proches ou leurs amis ; qui sait ? », se questionne un vendeur.

Ces commerçants craignent vraisemblablement que la vente de cercueils dans ces boutiques soit attribuée à un particulier, une entreprise ou à certains proches des membres de la direction. De toute évidence, même si la morgue principale de Lomé a aujourd’hui une nouvelle image, le problème de corruption et de népotisme persiste.

Dans les couloirs, on annonce que des packs, allant de la conservation des corps jusqu’aux pompes funèbres ; apatams, corbillards, tenues mortuaires et même fanfares sont proposés aux familles endeuillées à des tarifs très élevés. Ce qui met sur les carreaux tous les prestataires qui offraient avant ce service.

La morgue de Lomé est un autre problème de gouvernance au Togo. Brader, s’approprier avec le masque de privatisation frappe aujourd’hui à toutes les portes. Celle de la morgue aussi.

Affaire à suivre….

 

Eric GAGLI

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