L’ONU et la France ont réclamé, jeudi, des « sanctions exemplaires », suite au lynchage d’un ex-Séléka présumé par des soldats centrafricains, survenu la veille.
Face à la persistance des violences, le ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian, a estimé, ce jeudi matin, que l’ONU pourrait « vraisemblablement » prolonger le mandat des forces françaises de l’opération Sangaris, qui devait initialement durer six mois. Dans la foulée, Paris a condamné des « actes odieux » et également demandé des « sanctions exemplaires » tout en soutenant « la décision de la présidente Catherine Samba Panza d’ordonner une enquête, afin que les auteurs des violences soient identifiés et répondent de leurs actes devant la justice ».
Deux chaînons manquants : les forces de police et de gendarmerie, et la justice
Pour Florent Geel, de la Fédération internationale des Droits de l’homme (FIDH), « la mise en place d’une cellule spéciale d’enquête et d’instruction chargée de ces crimes doit être une priorité du nouveau gouvernement pour tracer une ligne rouge et que les crimes ne restent pas impunis ». Le général Gaye a, quant à lui, souligné « la nécessité d’un sursaut pour éviter la violence aveugle, inutile à laquelle nous assistons aujourd’hui ». Il a également condamné l’impunité ambiante qui règne dans le pays et qui permet de laisser des individus « attenter à la vie d’un homme, profaner son corps » en plein jour. De façon générale, « toutes les opérations de sécurisation actuellement à Bangui souffrent de l’absence de deux chaînons manquants », les forces de police et de gendarmerie et la justice, a expliqué le général Gaye.
Ce mercredi 5 février, des soldats centrafricains ont lynché un homme accusé d’être un ancien rebelle de la Séléka, après une cérémonie officielle où la présidente Catherine Samba Panza avait célébré la renaissance d’une armée nationale. C’est la première fois que les FACA (armée régulière) étaient réunies depuis la prise du pouvoir, en mars 2013, de la rébellion Séléka, majoritairement musulmane, dont les éléments sont aujourd’hui cantonnés ou en fuite depuis la démission de leur chef, Michel Djotodia, de la présidence le 10 janvier.
La passivité des forces internationales
Plusieurs dizaines de militaires centrafricains ont participé directement à ce lynchage, sourire aux lèvres et enthousiastes, sous l’œil de la presse internationale. Aucun soldat ne s’est interposé. Interrogé sur l’inaction de la force africaine Misca, présente sur les lieux au moment du drame, le général a affirmé que si « le chapitre 7 autorise à aller jusqu’à un maximum de choses, ça ne signifie pas que face à chaque situation, il faille en arriver immédiatement à la confrontation par les armes. La force létale doit être utilisée avec retenue ».
Ces derniers jours, plusieurs organisations non gouvernementales, notamment Amnesty International et Human Rights Watch, ont dénoncé la passivité des forces internationales face aux violences dont sont particulièrement victimes les musulmans à Bangui, assimilés aux anciens rebelles qui avaient multiplié les exactions pendant des mois contre les populations chrétiennes. Des attaques de groupes armés aux pillages et assassinats, de terribles récits continuent d’affluer de province où les forces internationales sont peu présentes.
(Avec AFP)