Foli-Bazi Katari, le Président du Conseil d’administration de la CEET a été pris à partie hier dans une séquestration consécutive au mouvement d’humeur au sein de la compagnie d’Energie. Il s’est échappé en faisant défoncer la porte et casser les serrures. C’était plus sérieux qu’on le pense. Guichets fermés, agents remontés, chants et slogans marxistes, clients refoulés, c’est la scène constatée dans la plupart des agences de la Compagnie Energie Electrique du Togo, la CEET qui est la société de fourniture de l’énergie électrique. Que se passe-t-il donc. Les agents sont à bout de souffle de leurs revendications engagées depuis le 20 aout 2014.
Pour les agents de l’énergie électrique, il est inconcevable de continuer à supporter la division par deux des pas d’avancement depuis 2007, la perte de près de 20% de leurs traitement et la hausse du tarif avantage d’agent de la compagnie.
Dans une lettre adressée au ¨Président du Conseil d’administration de la CEET, les responsables syndicaux de la CEET expriment leur ras-le-bol face à leur situation « la division de nos pas d’avancement par deux depuis le 5 novembre 2007, la suppression de l’indexation en 2010, occasionnant une perte de 17,4% sur les traitements de chaque agent de la CEET pour la période allant de 2010 à 2013 ainsi que la hausse du tarif agent CEET en février 2011, sont simplement des actes posés, non seulement pour éroder les acquis des travailleurs mais aussi et surtout, pour supporter certaines charges de CONTOUR GLOBAL ».
Les syndicats vont plus loin en indexant la cause de leur malheur : la société Contour Global que les autorités tentent de sauver en faisant supporter par la CEET les lourdes charges : « toutes nos négociations allant dans le sens de l’amélioration des conditions de vie et de travail de la CEET achoppent sur les problèmes de trésorerie que nous causent Contour Global…» stipule le courrier adressé au Président du Conseil d’administration qui a été obligé de venir sur les lieux.
Hué par les manifestants, Foli-Bazi Katari n’a pu trouver de solution idoine qu’à demander aux travailleurs de reprendre le travail avant la satisfaction de leurs revendications.
Ceux-ci n’étaient pas disposés à obéir à cette instruction et l’ont séquestré dans les locaux de la CEET. Il a été obligé d’appeler au secours pour qu’on vienne fracasser la porte avant qu’il ne soit libéré. Ceux-ci promettent des lendemains noirs qui risquent d’être sans courant électrique.
Histoire d’amener les responsables à trouver des solutions aux problèmes cruciaux qui minent le secteur.
CONTOUR GLOBAL, la pomme de discorde
La centrale électrique dénommée Contour Global est au centre de toutes les polémiques au Togo depuis sa création. Evaluée à de 200 milliards de FCFA par une société Américaine, CONTOUR GLOBAL sera très vite abandonné par les responsables de la Compagnie Electrique du Bénin CEB et l’Etat togolais. La CEET fera désormais face aux frais exorbitants de la centrale énergétivore.
La Compagnie de l’Energie Electrique du Togo seule, paie donc la faramineuse somme de 1.6 milliard par mois et en plus de cela verse d’après nos informations, une somme de plus de 35 milliards de FCFA par an à CONTOUR GLOBAL, ce qui revient à environ à près de 55 milliards par an.
La CEET devra payer cette somme pendant 25 ans avant que CONTOUR GLOBAL ne devienne sienne.
Dans tout ceci, l’Etat togolais s’est totalement désengagé en ce qui concerne le paiement de ses fonds. Difficile de comprendre cette fuite de responsabilités des dirigeants quand on sait que la CEET est une société étatique.
Les discussions entre les responsables syndicaux de la CEET et son Conseil d’Administration intervenue hier n’a pas fait bougé les lignes.
Elles sont promises pour continuer ce matin et les agents menacent de durcir le ton si le conseil d’administration reste sur sa décision.
La tension est aujourd’hui très vive à la CEET et couve depuis plusieurs mois déjà. Elle s’articule autour de plusieurs antagonismes et des groupes d’intérêt : le mandat de l’actuel directeur général, les questions de primes, les dissensions entre ministère de tutelle et direction, les influences du conseil d’administration, la manipulation des agents et les questions ethniques sont autant de maux sur lesquels nous reviendrons en dossier lié à la CEET. Des conflits qui risqueront de faire tomber des têtes tant au niveau des cadres de la CEET qu’au niveau du ministère.
Lorsque, dans une boîte, on en arrive à la séquestration du président du Conseil d’administration, à l’interpellation du ministre de tutelle et à l’intransigeance des agents, c’est dire qu’il y a de sérieux problèmes à suivre de près.
Cette situation ne semble pas donner un lendemain meilleur dans le monde des travailleurs surtout que la Synergie des Travailleurs du Togo déclenche elle aussi une grève dès ce mercredi 11 février 2015 et ce pour 72 heures.
Le front social est plus qu’en ébullition…mauvaise augure pour une période électorale elle aussi très agitée.
Alfredo Philomena