La production cacaoyère camerounaise maintient son parcours en dents de scie. Depuis sept saisons, elle alterne entre hausse et baisse. La dernière campagne – 2013/2014 –, qui s’est achevée le 15 juillet, n’échappe pas à la règle, puisque la production recule de 19 000 tonnes (-9 %), pour pointer à 209 905 tonnes, selon l’Office national de cacao et de café (ONCC). Après avoir engrangé plus de 21 000 tonnes (+9,28 %) au cours de la saison précédente.
Une contreperformance imputable à des conditions climatiques peu favorables. La persistance des pluies jusqu’en décembre 2013 dans certains bassins a perturbé le cycle de production. À cela s’ajoute « la faible disponibilité des pesticides et des fongicides, qui a conduit à un entretien insuffisant du verger », observe Omer Gatien Maledy, secrétaire exécutif du Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC).
Différence de qualité
Pourtant, les cours mondiaux sont les meilleurs constatés depuis trois saisons, se situant entre 1252 et 1613 F CFA/kg en Caf. Mais, signe des efforts à fournir en terme de qualité, le Cameroun ne tire pas toujours le meilleur profit de cette embellie, compte tenu de son différentiel – l’écart entre le prix de la tonne d’une origine donnée et le prix de référence sur le marché à terme de Londres – plus bas que la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria.
« Pour la campagne qui s’achève, on estime que le différentiel par rapport au Ghana, a entraîné un manque à gagner de plus de 30 milliards de F CFA [45,6 millions d’euros] et d’environ 10 milliards de F CFA [15 millions d’euros] avec la Côte d’Ivoire. Par rapport à ces deux origines, le manque à gagner dû au différentiel était estimé respectivement à 50 et 20 milliards en 2011/2012 », relève le CICC dans un récent rapport sur la campagne de commercialisation (1).
Engorgement du port de Douala
Les exportations s’inscrivent également à la baisse, en enregistrant 174 629 tonnes à la fin de la campagne écoulée contre 180 722 tonnes précédemment, soit un recul de 3,37 %. Elles pâtissent de l’engorgement du port de Douala depuis plus de dix mois.
« Nous avons eu des conteneurs immobilisés pendant plus de trente jours et plus de soixante conteneurs bloqués au port pendant le pic de la congestion. Cela a provoqué le ralentissement des opérations d’achat de cacao dû à l’immobilisation de notre trésorerie », remarque l’exportateur Ephreim Tchakounté, directeur général de Union Trading International (UTI).
« Les retards causés par la congestion du terminal [à conteneurs, ndlr] ont lourdement pénalisé les exportateurs, qui ont dû constamment renégocier leurs engagements auprès de leurs clients étrangers, en supportant de plein fouet, les effets de la détérioration de la qualité du produit entreposé dans des conteneurs pendant de longues semaines et cela dans un environnement aussi chaud et humide que celui de Douala », note pour sa part le CICC.
Cette situation a provoqué un gonflement des stocks de fin de campagne qui sont passés de 3355 tonnes en 2012/2013 à 5 827 tonnes récemment.
Révolution technologique
La filière cacaoyère mobilise 600 000 producteurs répartis dans sept bassins de production. Elle fait vivre six millions de personnes directement et indirectement et génère 200 milliards de F CFA de revenus par an. Cinquième producteur mondial et quatrième producteur africain, le Cameroun ambitionne d’atteindre les 600 000 tonnes à l’horizon 2020.
Source: Jeune Afrique économie