Attendu après sa prestation jugée décevante du premier débat de la campagne présidentielle, Barack Obama s’est montré beaucoup plus combatif lors du deuxième débat dans la nuit de mardi à mercredi face au candidat républicain Mitt Romney.
HEMPSTEAD, New York (Reuters) – Pressé de réagir après sa prestation jugée décevante lors du premier débat de la campagne présidentielle aux Etats-Unis, Barack Obama s’est montré beaucoup plus combatif mardi soir durant sa deuxième confrontation avec Mitt Romney.
Trois semaines exactement avant le scrutin du 6 novembre, l’enjeu pour le président démocrate était d’enrayer la dynamique en faveur de son rival républicain depuis leur premier duel le 3 octobre. Alors il a multiplié les attaques contre son adversaire, auquel il a notamment reproché, en évoquant sa fortune personnelle, de vouloir favoriser les riches au détriment des classes moyennes.
Les deux hommes ont répondu pendant un peu plus d’une heure et demie aux questions posées par un panel de 80 électeurs indécis réunis à l’université Hofstra de New York, n’hésitant pas à s’interrompre pour exprimer leurs désaccords, arpentant le tapis rouge pour appuyer leurs propos et tournant parfois l’un autour de l’autre comme deux boxeurs sur un ring.
Chacun des deux camps a revendiqué la victoire à l’issue du débat, mais selon un sondage réalisé par CNN, 46% des Américains estiment que Barack Obama en est sorti vainqueur, contre 39% qui ont jugé Mitt Romney plus convaincant. Un autre sondage réalisé pour CBS a aussi donné Obama vainqueur par 37% contre 30%.
Contrairement au premier débat où il avait lui-même reconnu avoir été « trop poli », Barack Obama s’est montré plus pugnace et a renvoyé à plusieurs reprises son rival républicain aux contradictions de ses déclarations passées, comme sur le droit à l’avortement ou la fiscalité.
« Le gouverneur Romney dit qu’il a un plan en cinq points. Le gouverneur Romney n’a pas un plan en cinq points, il a un plan en un point. Et ce plan vise à s’assurer que les gens au sommet bénéficient de règles différentes », a accusé le président démocrate.
Il a notamment reproché à l’homme d’affaires d’avoir dit dans un entretien télévisé qu’il trouvait normal de bénéficier d’un taux d’imposition moins élevé que celui d’une infirmière.
BILAN
« Je ne vais en aucun cas réduire la part payée par les contribuables aux revenus les plus élevés et je ne vais en aucun cas augmenter les impôts de la classe moyenne », s’est défendu Mitt Romney, qui a au contraire répété sa proposition d’un allègement généralisé de la fiscalité.
Prié par un électeur de préciser comment il allait financer des baisses d’impôt, alors que les démocrates lui reprochent son flou sur le sujet, Mitt Romney a répondu qu’il allait « limiter les déductions, les exonérations et les crédits, en particulier pour les gens les plus aisés ».
Le candidat républicain n’a pas été en reste: il a accusé Barack Obama de laisser une économie une berne, avec un chômage toujours élevé et des comptes publics dans le rouge.
« Le président a essayé mais ses politiques ont échoué. C’est un beau parleur et il sait très bien exposer ses projets et sa vision. C’est merveilleux, sauf que nous avons un bilan à examiner et que ce bilan prouve qu’il n’a tout simplement pas été capable de réduire le déficit (…) Je sais ce qu’il faut faire pour redémarrer cette économie », a dit Mitt Romney en mettant à plusieurs reprises en avant son « expérience dans le secteur privé ».
« Je sais ce qu’il faut faire pour créer des emplois », a-t-il martelé.
A Mitt Romney qui promettait de se montrer intraitable avec la Chine pour protéger les emplois américains, Barack Obama a cependant rétorqué: « Rappelez-vous que le gouverneur Romney a investi dans des sociétés pionnières en matière de délocalisation en Chine. Gouverneur, vous êtes le dernier à faire preuve de fermeté à l’égard de la Chine. »
Le candidat républicain a contre-attaqué en demandant à Barack Obama s’il connaissait la nature des investissements contenus dans son plan de retraite. « Il n’est pas aussi gros que le vôtre », lui a asséné le président démocrate.
« JE SUIS RESPONSABLE »
La politique étrangère n’a occupé qu’une faible part du débat et s’est focalisée sur l’attaque en septembre du consulat américain à Benghazi, qui a coûté la vie à quatre Américains, dont l’ambassadeur des Etats-Unis en Libye, Christopher Stevens.
Mitt Romney a affirmé qu’il avait fallu 14 jours à Barack Obama pour reconnaître qu’il s’agissait d’un acte terroriste et non d’une manifestation ayant dégénéré, mais le président a fait front en mettant en avant son statut de « commandant en chef ».
« Je suis le président et je suis toujours responsable et c’est pourquoi personne n’a plus intérêt que moi à déterminer exactement ce qui s’est passé », a dit le locataire de la Maison blanche, que la secrétaire d’Etat Hillary Clinton s’était efforcée mardi de protéger en déclarant qu’il n’avait pas été informé de demandes de renforcement de la sécurité de l’ambassade.
« Je suis responsable de ce qui s’est passé là-bas parce qu’il s’agit des miens et parce que c’est moi qui doit accueillir les cercueils quand ils rentrent à la maison – vous savez que je pense ce que je dis », a ajouté le président.
Les seuls applaudissements du débat ont d’ailleurs retenti quand la modératrice, Candy Crowley, a fait remarquer à Mitt Romney que Barack Obama avait bien, comme il venait de le dire, parlé « d’acte terroriste » dès le lendemain de l’attaque de l’ambassade.
Cette intervention de la journaliste de CNN lui a par la suite valu de vives critiques du camp républicain.
Tangi Salaün et Bertrand Boucey pour le service français
source Reuters