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Allocution de l’ambassadeur Smaïl Chergui, Commissaire à la paix et à la sécurité de l’union africaine, Forum de Brazzaville sur la réconciliation nationale et le dialogue politique en République Centrafricaine, 21 au 23 Juillet 2014

BRAZZAVILLE, Congo, 21 juillet 2014/African Press Organization (APO)/ — Allocution de l’ambassadeur Smaïl Chergui :

Excellence Denis Sassou-Nguesso, Président de la République du Congo et Médiateur de la CEEAC dans la crise centrafricaine,

Excellences les chefs d’Etat et de Gouvernement des pays de la région et autres chefs de délégation,

Distingués représentants de la communauté internationale,

Chers sœurs et frères de la République centrafricaine,

Mesdames et Messieurs,

Au nom de la Commission de l’Union africaine et de sa Présidente, Dr. Nkosazana Dlamini-Zuma, je voudrais exprimer notre gratitude au Président Denis Sassou-Nguesso, Médiateur de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale dans la crise centrafricaine, pour avoir bien voulu accueillir ce Forum de Brazzaville. Le Forum offre l’occasion aux Centrafricains de dialoguer en toute sérénité et, nous l’espérons, d’engager, dans la transparence et dans un esprit de responsabilité partagée, le nécessaire processus de réconciliation nationale. Il doit leur permettre de surmonter les profondes blessures générées par la crise qui afflige leur pays, de se retrouver autour des enjeux qui vaillent et de conjuguer leurs efforts pour dessiner des perspectives plus radieuses pour leur peuple meurtri.

Plusieurs chefs d’Etat et autres hauts responsables des pays de la région rehaussent de leur présence la présente rencontre. Il s’agit là d’un signe fort de leur engagement continu en faveur de la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en RCA, engagement que la Concertation tenue en marge du Sommet de l’Union africaine à Malabo, à la fin du mois de juin 2014, avait, une fois de plus, illustré. Tout au long de ces années de crise, la solidarité de la région n’a jamais fait défaut. Celle-ci a pris des formes multiples, allant du déploiement d’opérations de soutien à la paix à la patiente entreprise de rapprochement des points de vue des acteurs centrafricains, en passant par l’octroi d’une généreuse assistance financière et l’accueil des réfugiés centrafricains fuyant la violence qui déchire leur pays.

Je salue la présence de nos partenaires internationaux à ces assises. Depuis l’éclatement de la crise actuelle, ils ont accompagné tous les efforts visant à mettre un terme à la violence et à jeter les bases de la restauration durable de la paix et de la sécurité. L’Union africaine leur est reconnaissante pour leur appui multiforme au processus de stabilisation de la situation. Nous sommes convaincus de pouvoir compter sur leur implication continue.

A nos sœurs et frères centrafricains ici présents, dont, faut-il le souligner, dépend, en dernière instance, la réussite de ce Forum, je voudrais tout d’abord réitérer notre solidarité et notre compassion. Nous partageons vos souffrances et mesurons avec vous l’ampleur des défis qui doivent être relevés. En répondant positivement à l’invitation que le Médiateur vous a adressé, vous apportez la preuve de votre volonté de tirer pleinement profit de la solidarité et de la sollicitude de la région et, plus largement, de celle de la communauté internationale, pour faire avancer la cause de la paix et de la réconciliation dans votre pays.

Excellences les chefs d’Etat et de Gouvernement,

Mesdames et Messieurs,

La convocation du Forum de Brazzaville a été convenue lors de la 5ème réunion du Groupe international de contact sur la République centrafricaine, tenue à Addis Abéba le 7 juillet dernier. Elle procède de la conviction que la restauration durable de la paix et de la sécurité requiert, au-delà des actions vaillamment conduites sur le terrain par la MISCA avec l’appui des autres forces internationales, la relance du processus politique et la réalisation d’une véritable paix des cœurs et des esprits.

Le Forum n’est que le point de départ, évidemment crucial, d’un processus qui comprendra plusieurs autres phases, notamment les concertations prévues au niveau des différentes préfectures centrafricaines et la rencontre élargie qui aura lieu à Bangui pour marquer le couronnement de nos efforts conjoints. Nous nous devons de réussir cette première étape, pour créer la dynamique nécessaire à l’aboutissement du processus de paix et de réconciliation nationale en République centrafricaine.

Tous les regards sont tournés vers Brazzaville. L’espoir est immense. Il ne peut être déçu. De fait, lourdes sont les responsabilités qui pèsent sur vos épaules. Brazzaville doit marquer un tournant décisif et placer résolument la République centrafricaine sur une trajectoire vertueuse permettant de promouvoir durablement la paix, la concorde nationale et le bien-être du peuple centrafricain.

Pour ce faire, il est crucial que tous les acteurs ici présents fassent preuve de désintéressement, de dépassement de soi et d’esprit de sacrifice au service de leur pays. Il n’y a place ni pour les calculs politiciens, ni pour la défense d’intérêts étroits et égoïstes. L’heure n’est plus aux règlements de comptes et à la vengeance. Aujourd’hui, seul doit compter l’intérêt supérieur du peuple centrafricain, car ce qui est en jeu c’est la survie même de la République centrafricaine. Il faut enterrer les haines et promouvoir le pardon, non par l’oubli des atrocités de ces derniers mois, mais grâce à un examen lucide et franc du passé et du présent, pour bâtir un avenir commun, rétablir la cohésion sociale et ancrer définitivement le vouloir-vivre ensemble qui est au fondement de toute nation.

La communauté internationale peut et doit assister la RCA. Elle le fait déjà de multiples façons : la médiation n’a eu de cesse de chercher à hâter un règlement politique ; les forces internationales s’emploient à restaurer la sécurité et plusieurs de leurs personnels ont payé du sacrifice ultime leur détermination à mettre en œuvre le mandat qui leur est confié ; la région et les partenaires internationaux ont mobilisé des ressources significatives pour permettre à la RCA de faire face à de pressants défis socioéconomiques ; la communauté humanitaire est au chevet des populations affectées par la crise. La situation tragique que connait la RCA, en dépit de l’existence de plusieurs autres urgences, figure maintenant au rang des priorités de la communauté internationale.

Dans le même temps, il est clair que le monde extérieur ne peut se substituer aux acteurs centrafricains, conscient qu’il est que le règlement de la crise n’est possible qu’à la condition que les Centrafricains eux-mêmes jouent pleinement le rôle primordial qui leur revient. Ils doivent s’approprier le processus en cours, en assurer la direction et en garantir l’aboutissement. Ils se doivent de tirer pleinement avantage de la mobilisation actuelle de la communauté internationale, en ayant à l’esprit que l’absence de progrès tangibles sur la voie de la réconciliation risque d’entamer sa bonne volonté et de l’amener à tourner son attention vers d’autres situations tout aussi pressantes.

Excellences les chefs d’Etat et de Gouvernement,

Mesdames et Messieurs,

Le Forum de Brazzaville se tient dans un contexte marqué par des gains notables sur le plan sécuritaire. C’est ici pour moi l’occasion de renouveler notre profonde appréciation à la direction et au personnel de la MISCA pour l’abnégation dont ils font preuve dans l’accomplissement de leur mandat, ainsi qu’aux pays contributeurs de troupes et de personnels de police pour leur engagement et les sacrifices consentis. Je salue aussi la contribution de l’opération Sangaris et de l’opération EUFOR-RCA, qui apportent un soutien précieux à la MISCA. Les avancées enregistrées ont permis un début de retour à la normale, même si certaines régions à l’intérieur du pays restent encore soumises à de fortes tensions entre groupes armés.

Le moment est venu pour les acteurs politiques de prendre le relais, pour consolider ces acquis et renforcer les perspectives de stabilisation de la situation. Tel est, aujourd’hui, l’objet de ce Forum.

Je salue les efforts des autorités de la transition, en particulier ceux du chef de l’Etat, Mme Catherine Samba-Panza, pour créer des conditions propices à la réussite du Forum de Brazzaville. L’Union africaine est convaincue qu’elles continueront à faire preuve du même engagement pour les autres étapes du processus que nous lançons aujourd’hui.

Je voudrais aussi saisir cette occasion pour rendre hommage au Groupe chargé de la préparation et du suivi des réunions du Groupe international de contact sur la RCA, ainsi qu’aux Vices Médiateurs de l’Union africaine et des Nations unies, Soumeylou Boubeye Maiga et Abdoulaye Bathily, pour l’excellent travail préparatoire accompli. Les consultations qu’ils ont menées avec les acteurs concernés ont permis de lever les incompréhensions quant à l’objectif du Forum et de faciliter une participation inclusive aux assises de Brazzaville.

Permettez enfin que j’exprime la gratitude de l’Union africaine au peuple et au Gouvernement de la République du Congo pour leur généreuse hospitalité et pour toutes les dispositions prises, dans un esprit de solidarité et de fraternité africaine, en vue du bon déroulement du Forum. Il s’agit là d’une preuve supplémentaire de l’engagement du Congo et du Président Denis Sassou Nguesso en faveur de la paix, de la sécurité et de la stabilité en RCA et dans la région d’une façon générale. Notre gratitude va également au Président Idris Deby Itno, qui assure, avec un sens élevé du devoir, la présidence en exercice de la CEEAC, ainsi qu’aux autres dirigeants de la région, pour les efforts inlassables qui sont les leurs.

En conclusion, je forme le vœu que ce Forum, par ces résultats, marque un jalon important et irréversible dans le processus de paix et de réconciliation en République centrafricaine. Telle est l’attente légitime du peuple centrafricain et de la communauté internationale. Les filles et fils de la Centrafrique que vous êtes ont le devoir et l’obligation d’y répondre.

Je souhaite plein succès à vos travaux, et vous remercie de votre aimable attention.

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