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AFRIQUE : GAFAN DE BOLLORE, UN CAS D’ECOLE…

 

Ses admirateurs magnifient « sa passion pour l’Afrique », ses détracteurs fustigent « son sadisme économique », mais Vincent Bolloré veut, lui, imposer ses atouts technologiques et sa vision. Après plusieurs ports en Afrique, la polémique ne démord pas. Au Togo, avec son « homme », Charles Gafan, (Photo ci contre à gauche avec Vincent Bolloré) c’est le terrain qui commande. Après avoir affronté coups et pièges, il s’active dans l’ombre de son maitre, pour asseoir un groupe qui n’a jamais été autant sous les feux de projecteur. Décryptage !

 

Mi-novembre, alors que le Président du Togo arrive en France pour une visite officielle, Vincent Bolloré est au premier plan des rencontres d’investissements d’avenir : Vincent Bolloré, milliardaire français que ses détracteurs accusent, à tors ou  à raison, de monopoliser plusieurs Ports africains. S’il a surement suivi de près  une telle sortie entre un Chef d’Etat et son patron dont il est l’oreille dans la sous-région, Charles Gafan n’apparaitra nulle part dans le dispositif officiel. Discret et introverti, c’est derrière son modeste bureau au siège du Groupe à Lomé que ce fin manager tire les ficelles. Pour les proches collaborateurs de Charles, Vincent n’est pas pour lui qu’un « patron », c’est aussi « un père » et un modèle dont il est devenu, plus qu’un collaborateur, un « fan vivant ».  Manutentions, conteneurs et vrac,  logistique, le septuagénaire du Sud Finistère n’a lésé sur aucun moyen, même pas ceux de l’Etat français, pour être le maitre d’orchestre de Ports africains qui, selon une étude du port Autonome de Cotonou, « s’en sortent bien ». S’il a, sur ses adversaires, une avancée technologique, une vision et une passion du risque, son emprise sur les ports du continent dérange certains. Autour du cas du Togo, coup de projecteur dans les labyrinthes portuaires de Bolloré en Afrique.

 

Ce que ses détracteurs ne disent pas…

 

Il vient de remporter la victoire contre Nécotrans à Dakar, alors que le régime Wade l’avait recalé au second plan. Entre calme et combat juridique, Bolloré sans sort, au Sénégal comme il y a quelques années, au Togo. Ses détracteurs le disent « égoïste », Vincent Bolloré lui, dit se remettre toujours au système judiciaire en place. Cinq ans après le Togo, sa victoire de Dakar sonne comme un coup de soutien.  Mais au siège à Paris, on recommande « discrétion et prudence ».

Yayi Boni, un autre qui croit aux capacités de Bolloré lui confie la construction d’un Terminal  portuaire au Nord du pays, dans des circonstances que certains déplorent. Mais pour le président béninois, « Bolloré a les moyens de mieux faire que quiconque d’autre. ». Il s’inspire d’un rapport  de Bolloré Africa Logistic au port de Cotonou et qui conclut que « … non seulement l’arrivée de l’opérateur a restructuré le secteur portuaire, notamment dans les domaines où il intervient, mais offre aussi plus de moyens logistiques et techniques, démultipliant les avantages et augmentant les potentialités… ». Pour l’ancien banquier, le plus important est l’influence « positive » économique, que peut apporter le groupe français à son pays.

Au Togo, Bolloré africa Logistic avance sur terrain miné.

 

Un coup bas bien pensé par Dupuydauby Jacques, le franco-espagnol ancien dirigeant de Progossa et mandaté de Bolloré à Lomé changera tout, une fois découverte. Mais avant, statu quo. Début des années 2000, années prospères pour l’aventurier espagnol qui, montant des failles grotesques dans le système qu’il est censé représenté pour Bolloré, s’appuie sur la complicité de barons du régime togolais pour s’arroger toutes les potentialités du Port, au détriment du moindre raisonnable, ignorant tout ou presque des intérêts du peuple. Le sadisme progossariste installe ainsi ses bases. En une multitude de procès télescopés, la vérité a fini par triompher, pour que Dupuydauby ne prenne la clé des champs.

Bolloré se retrouve ainsi sur un terrain miné par un agent-dissident, et se devait de tout reconstruire. C’est sans compter avec la grande concurrence naissante d’autres groupes qui, comme lui, interviennent dans le domaine portuaire et qui ont profité de la fragilisation occasionnée par Progossa, mais qui ne durera pas. Faure prend vite la mesure des choses et s’investit personnellement.

C’est le début d’une nouvelle aventure, celle sans doute de la lumière pour Bolloré. Tout recommence à zéro. Une base stable à construire, une équipe polyvalente et compétente, un directoire visionnaire, un planning pragmatique. Il fallait un condensé de tout. Dans les ténèbres de cette nouvelle émergence, un autre cadre, Pascal Cotty, français et deuxième personnalité du groupe au Togo, joue son double jeu bien gaullien. Peaux de bananes, quelques coups bas, une dose de calomnie, il fait tout pour écarter celui qui, naturellement, émerge, après 30 ans de bons et loyaux service au sein du Groupe. Il digérait mal qu’un petit africain puisse lui ravir la vedette. Il manipule certains expatriés du groupe à Lomé mais aussi malheureusement certains Togolais pour mener la vie dure au nouveau  promu Charles Gafan. De côté de Paris, la lucidité prévaut. « Au-delà de cette lucidité, il y a aussi le calme de Gafan et la confiance qu’il a de Bolloré », confie un proche du Breton. « Dans une affaire aussi délicate, seule la confiance et la connaissance qu’on a de ses collaborateurs paient » ajoutent un autre. Le Togolais, nouveau Président Directeur général,  le premier africain à accéder à un tel niveau de responsabilité dans le grand groupe français, peut compter sur l’immense banque de sympathie dont il dispose au siège à Paris mais aussi l’inconditionnelle confiance de son maitre.  Mais pour ses proches, le plus important est ailleurs, « l’avenir du Groupe, demain et l’intérêt de son pays, le Togo ! ».

 

Togo : Gafan, cas d’école ?

 

Il est à la tête du Groupe depuis quelques années.  Mais c’est depuis trois décennies tout de même, qu’il est dans la boite, passant de la direction d’un département à une autre, avec la détermination et l’endurance d’un sportif. Aujourd’hui Président directeur général du Groupe au Togo, il ne doit son salut qu’à son expérience, son sang-froid et à sa discrétion. « Pendant les machinations dont nous avions eu vent, contre lui, il ne faisait qu’une seule chose, son travail » insiste-t-on à Paris, base du groupe.

Son destin a retrouvé ses aires tracées à partir de la fin des années 1985 où sa voie croise celui de son « Maitre ». Tout de suite, Vincent Bolloré qui a déjà la culture des subtilités tropicales décèle en lui « un garçon battant ». Charles Gafan, selon ses collaborateurs directs, s’est alors accroché à la perche glissant de l’ascenseur, perche sans cesse huilée par ses détracteurs qui, d’une année à l’autre, ne cessent de s’augmenter. Il gravit les échelles, dans sa discrétion notoire. Esquivant, comme il le peut, les pièges. Il ne s’en sortira qu’à la découverte d’un complot ourdi contre sa personne et qui fera partir, presque précipitamment, Pascal Cotty, jusque-là, l’adjoint bien plus papiste que le pontife.

Des fausses rumeurs et montages grotesques  préparés par certains expatriés du groupe à Lomé, autour de sa modeste personne ont même failli créer un désordre dans la société, en 2012. Ses valeureux employés ont cru à ces mensonges sur le train de vie de leur patron, malheureusement supposé et loin de la réalité pour bouder leur direction. N’eut été sa méthode palissée, son style du management, il ne s’en serait jamais sorti. La suite lui a été favorable, ces rumeurs  n’ont pas tenu devant la réalité. S’il trouve, selon ses proches, que la vengeance se mange à froid, il a opté pour le pardon. « Nul n’est parfait et l’essentiel est ailleurs, c’est le travail bien fait », répète-t-il, selon ses collaborateurs directs. Depuis le calme et la confiance sont de retour dans la boite.

 

L’avenir du Groupe en Afrique…

 

Avec le Port de Dakar qui vient s’ajouter à sa gibecière, le Groupe Bolloré confirme son monopole. S’il peut, par les emplois qu’il entretient en France comme à l’étranger, bénéficier du soutien de l’Elysée, Vincent Bolloré doit son succès à sa vision de l’Afrique et sa culture bretonne de risque. Investir en Afrique est bien plus risqué qu’ailleurs, lui s’y livre sans mesure, croyant, pour paraphraser l’ancien président ivoirien, « en l’avenir du berceau de l’humanité ». L’autre atout du groupe Bolloré, c’est la consistance de son réseau, la modernisation de son système et son souci d’apporter toujours une bien meilleure technologie au continent. En plus, Vincent Bolloré tient toujours parole. Il fait toujours ce qu’il a dit et surtout dans les délais. C’est ça peut-être qui fait pâlir ses adversaires !!!

 

MAX-SAVI Carmel

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