Les insurgés talibans et d’autres groupes islamiste armés pourront se présenter et voter à la prochaine élection présidentielle en Afghanistan, a suggéré mercredi le chef de la commission électorale du pays.
La commission a confirmé mercredi la tenue de ce scrutin le 5 avril 2014, quelques mois avant la fin de la mission de combat de l’Otan et près de dix ans après la première élection du président Hamid Karzaï.
Selon la Constitution afghane, M. Karzaï, qui en est actuellement à son deuxième mandat à la tête du pays, n’est pas éligible à ce scrutin.
Le gouvernement afghan, soutenu par les troupes de l’Otan, est confronté à une rébellion musclée menée par les talibans. Or après le retrait des soldats de l’Otan, fin 2014, les talibans pourraient reprendre le pouvoir par les armes, selon des analystes, ou être intégrés au gouvernement par le biais d’un accord de paix.
Le chef de la commission électorale afghane, Fazel Ahmad Manawi, a indiqué mercredi être disposé à autoriser la candidature d’insurgés lors de ces élections cruciales pour la stabilité du pays.
« Nous sommes prêts à ouvrir la voie aux groupes armés de l’opposition, que ce soit par exemple les talibans ou le Hezb-e-Islami, afin qu’ils participent au scrutin comme candidat ou électeur », a déclaré M. Manawi. « Il n’y aura aucune discrimination », a-t-il ajouté.
Le Hezb-e-Islami est le deuxième mouvement le plus important au sein de l’insurrection afghane, après les talibans. Dirigé par Gulbuddin Hekmatyar, un ancien chef de la résistance à l’invasion soviétique (1979-1989), ce groupe armé s’est déjà montré ouvert à des pourparlers de paix avec le gouvernement Karzaï et entretient des liens ambigus avec les talibans.
Les talibans n’avaient pas participé à la présidentielle de 2009, mais plutôt attaqué les bureaux de scrutin afin de décourager la participation populaire. Hamid Karzaï avait été reconduit au pouvoir au terme d’un processus électoral marqué par une faible participation et entaché par des allégations de fraude.
La commission électorale afghane recevra les candidatures du 16 septembre au 6 octobre 2013. Elle vérifiera ensuite les dossiers des candidats et publiera une liste préliminaire le 19 octobre, puis une liste finale le 16 novembre, selon le calendrier électoral annoncé mercredi.
L’annonce de la date du scrutin montre que les « autorités afghanes prennent très au sérieux leurs engagements pris à la conférence de Kyoto », a commenté le représentant spécial de l’Union européenne dans le pays, Vygaudas Usackas.
Les bailleurs de fonds internationaux de l’Afghanistan avaient promis en juillet une aide totale de 16 milliards de dollars d’ici à 2015 mais à quelques conditions, incluant la tenue d’une élection présidentielle crédible en 2014.
AFP