Togo Telecom, une descente aux enfers qui implique aussi un homme: Charles Walla Azoumaro. Togo Télécom, ce géant de la téléphonie fixe dans notre pays a connu une chute brutale sous la direction générale de Sam Bikassam. Mais depuis des mois, il s’est marié avec Togo Cellulaire, comme pour solder un passif devenu très lourd à supporter par une entreprise propulsée au fond du gouffre financier. Un passif sur lequel nous levons un coin de voile dans une rocambolesque affaire de livraison de « matériels techniques d’origine douteuse » pendant que Sam Bikassam était encore en poste. Une affaire dans laquelle est impliquée un certain Charles Walla-Azoumaro, Gérant de la société African Advanced Technology (AFRIATECH).
Sa réussite dans le monde des affaires est, de toute évidence, ce que l’on appelle un success-story. Son nom, lui, rappelle ce gros financement de 3 milliards FCFA de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) accordé à une structure dénommée VINOLIA dont il est le président du conseil d’administration, pour un projet d’implantation d’une ferme agricole moderne d’élevage de poussins de ponte à Agbélouvé. Un appui financier inédit de l’institution bancaire commune aux pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) à une entreprise active dans le secteur privé. Mais Charles Walla-Azoumaro, puisque c’est de lui qu’il s’agit, c’est aussi le revers de la médaille. L’homme a maille à partir avec la justice dans une affaire qui l’oppose à Sam Bikassam, ancien directeur général de Togo Telecom.
Cette affaire qui remonte en début d’année est restée un caillou dans la chaussure du Gérant de la société African Advanced Technology (AFRIATECH), spécialisée dans l’informatique, les réseaux et télécommunications.
Selon nos informations, la société AFRIATECH a gagné un marché de livraison de matériels techniques à Togo Telecom pendant que Sam Bikassam était aux affaires. Au bout du rouleau, comme par surprise, l’ancien directeur général de Togo Telecom a opposé une fin de non-recevoir au matériel livré par AFRIATECH, d’une valeur de plus de 300 millions FCFA, remettant en cause sa qualité, pour attribuer finalement le marché à une société dénommée AFRITEC qui lui appartiendrait. Une sorte de société écran.
Contacté, Sam Bikassam résume en quelques mots : « Je ne veux pas interférer dans un dossier judiciaire. J’ai agi en tant que DG d’alors, parce qu’il (AFRIATECH) avait de la pacotille qu’il nous avait vendue à un prix exorbitant. Maintenant, s’il pense que j’ai fait des malversations avec lui, qu’il les ressorte au niveau de la justice. Je ne suis pas prêt à répondre par une autre voie que celle de la justice. Je vous prie de considérer ma réponse à titre personnel ».
Charles Walla-Azoumaro, selon nos indiscrétions, reproche à Sam Bikassam d’avoir brouillé les pistes, avec sa société écran qui a presque la même dénomination que la sienne. « Sam Bikassam a personnellement créé les conditions de camouflage de ses produits pour faire valoir ceux qu’il a importés et livrés, pour être payé lui-même à la fin. C’est le nœud du problème. C’est là où Charles Walla-Azoumaro accuse Sam Bikassam », nous apprend l’entourage du Gérant de la société AFRIATECH. « Sincèrement, encore une fois, après toutes les histoires de mensonge qui sont devenues comme une réalité, je préfère que chacun assume ses déclarations », rétorque Sam Bikassam. « J’espère que Charles Walla-Azoumaro apportera les preuves de ses accusations. Je considère qu’au Togo, ce sont ceux qui sont sérieux et honnêtes qui sont détruits, parce que les médiocres et les pilleurs, à vue d’œil, sont bien protégés grâce aux nombreux tuyaux de communication malsains. Je n’ai donc pas à répondre à ça, ni à aucune autre. La vérité se fera d’elle même au grand jour pour tout le monde », fait savoir Sam Bikassam.
La Cour d’Appel de Lomé a eu à connaître de cette affaire et a vidé son délibéré à l’audience extraordinaire du 02 mars 2016 dans laquelle elle a infirmée le jugement entrepris en première instance, en ce qu’il a condamné la société Togo Telecom au paiement des frais de recouvrement. La décision de la Cour d’Appel stipule que la demande de l’intimée (AFRIATECH) tendant à la condamnation de l’appelante (Togo Telecom) au paiement des frais de recouvrement n’est pas fondée, donc rejetée. La Cour a également rejeté la demande d’expertise des terminaux litigieux.
Cette affaire de livraison de faux matériels à Togo Telecom, collée à l’image médiatiquement bien entretenue de Charles Walla-Azoumaro, révèle d’autres dessous dont des dossiers puants de plusieurs centaines de millions de francs CFA entre AFRIATECH et des banques, notamment ORABANK, DIAMOND BANK, l’UTB, etc. Des détails sur lesquels nous reviendrons.
(Source : La Nouvelle Tribune 009)