La lutte contre la corruption, on n’en cessera jamais d’en parler dans les discours et les actes à la limite de l’échec face aux fossoyeurs de l’économie. Mais depuis quelques temps, au Togo, un rouleau compresseur semble emballer des personnalités dans plusieurs institutions. Ceci au lendemain du vote du nouveau code pénal qui punit sévèrement la corruption et le détournement comme infraction. Depuis 2001, une commission anti corruption a agité les milieux politiques et économiques. Elle fera long feu avec quelques traques mais avec une commission mise sous éteignoir. Depuis la création de l’Office Togolais des recettes, on semble exhumer le combat qui est ressassé par tous les premiers ministres qui prennent fonction. Mais on ne comprend pas pourquoi, il n’y a pas de sanctions rigoureuses contre les voleurs de la République. Mais depuis quelques mois déjà, certains gros bonnets sont inquiétés, comme pour être explicite, interpellés. Le moment est-il donc arrivé pour Faure Gnassingbé de traduire les discours en actes ? Et donc, jusqu’où ira le Chef de l’Etat dans la lutte contre la corruption ? Comment démanteler et casser les poches de corruptions et de magouilles qui inondent le secteur public et l’administration togolaise ? Equation à plusieurs inconnues. Dossier.
54 millions de FCFA, c’est un montant banal pour les bourreaux de son détournement. Cette somme a été partagée entre certains intendants de la présidence togolaise, parce que, celui à qui elle était due et qui a exécuté le marché est décédé entre temps. Donc, rapidement, de cyniques individus n’ont pas pensé à verser cet argent aux ayants droits ni à la personne défunte. Ils se sont partagés l’argent et effacer les traces.
Togotelecom : dans le financement de la réhabilitation d’un ouvrage, le devis et la facture émis par l’architecte était de 47 millions de Francs. Dans le circuit de décaissement, cette somme a connu un coefficient et est monté jusqu’à 300 millions de FCFA. La différence est passée par l’entonnoir des poches d’individus véreux.
Ministère de l’économie et des finances, des soupçons de commissions et de retro commissions accablent le maître des lieux. D’après nos informations, une enquête a été ouverte et a conclu de graves détournements de fonds dans le système d’attribution de marchés. Le ministre serait sommé de rembourser certains sommes. Mais cela n’ébranle guère Adji Otheth Ayassor. Il s’en frotte les mains, parce qu’ayant réussi à tirer son épingle du jeu. Le ministère de l’économie et des finances est juteux. Les recettes de corruption ont permis au ministre de se taper un appartement luxueux à Neuilly en France, sous couvert de son enfant, qui d’après nos enquêtes n’a pas de revenus conséquents pour s’acheter un tel appartement. Un recoupement d’information adressé au ministre Ayassor par notre rédaction n’a jamais eu de suite favorable. La requête est de vérifier l’information selon laquelle le ministre a perdu la somme de 200 milles dollars dans une escroquerie. Il aurait engagé des agents pour retrouver les escrocs. Ceux-ci sont revenus bredouilles du Bénin. Où le ministre a-t-il trouvé cette somme pour investir dans un projet risqué pour se faire escroquer. Notre lettre adressée au Ministre attend toujours sa réponse.
OTR, dans le cadre d’une mission de la douane d’Azerbaïdjan au Togo, le commissaire général de l’Office Togolais des Recettes, le sieur Henri Gaperi a reçu est dissimuler un objet de grande valeur offert par la délégation azerbaidjanaise. Une histoire de colis contenant un objet en or. Cet objet a-t-il été conservé au patrimoine de l’OTR ou détourné par le commissaire Gapéri. Une question énigmatique qui attend réponse auprès de l’autorité suprême de l’OTR.
Dans le même sens, les immenses immeubles qui se ressemblent et qui trônent sur le prolongement du Grand contournement de Lomé au quartier Kégué appartiennent d’après nos enquêtes au Commissaire des impôts nommé ADOYI. La construction de ces grandes maisons est-il le fruit des revenus réguliers de ce fonctionnaire des impôts ? Ce n’est toujours pas sûr.
Du côté du ministère du commerce, un comité mis en place pour réguler les prix des produits pétroliers est carrément devenu une société privée qui s’arroge le droit d’importer, de fixer les prix et de vendre les produits pétroliers, passant outre, son rôle régalien. Le président de la commission en question, le sieur Adjakli a détourné l’objectif de ce comité et s’enrichit vachement sur le dos du contribuable, avec des complices.
Développement à la base, la gestion des différents programmes de finance inclusive comporte de graves anomalies liées à la corruption. La ministre Victoire DOGBE, Directrice de cabinet de la Présidence possède elle, ses frères et sœurs, et même amis une fortune inestimable dépassant largement les revenus normaux. Plusieurs immatriculations en leurs noms et aux noms des frères et sœurs meublent les parutions du journal officiel de la République togolaise. Comment sont gérés les milliards de Francs débloqués pour promouvoir la lutte contre la pauvreté ?
La liste de cas similaires de ces situations n’est pas exhaustive et il en existe de plusieurs cas, de plusieurs catégories et de plusieurs options pour contourner l’orthodoxie financière et détourner les fonds publics.
Des cas récents viennent encore une fois corroborer les différentes formes de malversations au détriment de l’Etat.
Au ministère de la santé, le ministre a démantelé le réseau de détournement de fonds de l’OMS dans le cadre de la campagne de vaccination contre le paludisme. Pour l’heure, il s’agit de la somme de 100 millions de FCFA.
Les voleurs sont conviés à rembourser le butin. Ils s’exécutent.
A l’OTR, plusieurs agents, auteurs de faux diplômes ont été purement et simplement jetés en prison. Une grande partie des agents concernée par cette infraction baigne toujours allègrement, non seulement à l’office togolais des recettes mais aussi dans l’administration togolaise.
Ils seront en prison si la traque menée actuellement a droit de cité et se poursuit.
Le plus spectaculaire concerne le transfèrement hier à la prison civile de Lomé de l’ancien ambassadeur du Togo auprès des Nations Unies à New York.
Kodjo Menan, pour ce qui le concerne est poursuivi pour malversations. Un dossier sur lequel nos enquêtes se poursuivent de Lomé à New-York et qui nourriront nos prochaines parutions.
En allant en prison, Kodjo Menan va rejoindre le sieur Franck Cessou, le consul de la Turquie au Togo, lui aussi imbibé de faux et usage de faux ainsi que d’autres actes de malversations.
En développant ces cas, on se rend compte que le Togo baigne dans la corruption et s’éloigne continuellement de la bonne gouvernance qui est aussi gage de la bonne gestion d’un Etat, donc de la démocratie.
C’est pourquoi, les dernières sorties qui consistent à traquer les personnes qui sont coupables de cette infraction devraient permettre de siffler la fin de la récréation pour ces fossoyeurs de la République. Mais seulement le constat est amer. On commence et on ne termine pas et les pratiques irrévérencieuses se perpétuent et tuent progressivement l’économie togolaise.
L’impunité économique a le vent en poupe.
Au Togo, on a comme l’impression que le détournement des deniers publics est un sport national, puisqu’aucune mesure draconienne, jusqu’à récemment, du moins n’existe pour décourager la pratique. En 2001, le président d’alors, père de l’actuel, Gnassingbé Eyadéma avait mis une commission anti corruption en place. Les investigations de cette commission dirigée par Assiongbo Follivi ont permis de découvrir de graves cas de malversations au niveau des sociétés d’Etat.
Mais depuis, la commission est tombée en désuétude. Les membres se sont dispersés, les locaux à la présidence de la république sont envahis par les toiles d’araignée, et les auteurs de malversations ont pour certains, repris service, sans complexe. D’autres sont venus s’ajouter.
Les cas des Directeurs généraux des sociétés d’Etat comme la LONATO, la Caisse Nationale de sécurité sociale, la Société Aéroportuaire de Lomé sont des illustrations parfaites de l’impunité qui règne dans les détournements des deniers publics.
Le plus grand scandale est celui de l’ancien DG du fond d’entretien routier. Le sieur Ferdinand Tchamsi à gérer dans une grande opacité des milliards de Francs CFA du FER. Il a été relevé de ses fonctions sans aucune forme de procès et circule librement en toute impunité.
C’est la plus grande difficulté constatée dans la lutte contre la corruption au Togo.
Les cas impunis encouragent les nouveaux candidats qui ne lésinent pas sur les moyens pour saigner à blanc l’économie togolaise. D’où la responsabilité au sommet de l’Etat.
Faure Gnaasingbé, le Zorro
Les faits et gestes démontrent de plus en plus que le Chef de l’Etat est devenu le Zorro des fossoyeurs de l’Economie togolaise. Cet acteur du cinéma qui traque les malfaiteurs et protège les victimes. Il ne semble plus avoir pitié pour les salopards. C’est pourquoi, la porte de la prison par le couloir de la direction générale de la police judiciaire est désormais largement ouverte pour tous ceux qui sont tentés de voler l’argent du pays.
Malheureusement, le constat est que l’entourage du Chef de l’Etat lui-même est miné par le fléau. Des individus, hommes et femmes qui utilisent à tort ou à raison, le label du Président pour s’adonner à toutes les formes de comportement de gangstérisme économique. Ou bien Faure Gnassingbé est incapable de sévir pour décourager ces pratiques, ou bien, il en est conscient mais laisse faire en raison du militantisme et de l’amitié qui le lie à ces personnes.
Somme toute, la guerre enclenchée actuellement, dans le domaine de l’économie et des finances, dans le domaine de la santé, dans le domaine des affaires étrangères devrait être élargie à tous les niveaux.
Un audit devrait être fait au niveau des secteurs, où certains responsables ont laissé des caisses vides pour s’ériger des fortunes à crever l’œil ;
Une évaluation des biens des uns et des autres, passif et actif devrait permettre de comparer les revenus et les richesses.
Ceci sera un véritable combat contre le blanchiment d’argent et l’enrichissement illicite, fruits de la corruption et des malversations au détriment de l’Etat.
Faure Gnassingbé devra jouer au Zorro jusqu’au bout. La bonne gouvernance, principe fondamental de tout développement s’en sortirait grandie.
Carlos KETOHOU