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Prix du Gaz : Un gouvernement irresponsable..

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Les consommateurs togolais du gaz butane ont été surpris par une augmentation inédite du prix du gaz butane. Les bonbonnes du gaz de 12 Kg et de 6 Kg ont connu une augmentation vertigineuse de 36 % passant  respectivement de 4055 F CFA et 1945 F à 5500 F et 2640 F CFA. Deux semaines après cette augmentation surprise, aucune démarche ne vient de la part du gouvernement pour expliquer à la population les tenants et les aboutissants d’une telle décision qui frise le cynisme à une période où les Togolais plombent déjà sous le poids de la cherté des produits de premières nécessités tels le riz, sucre, huile, poissons, pâtes alimentaires, savon, farine de blé, lait etc. Ce mutisme crée un  tollé général et une indignation auprès des consommateurs, mettant à nu l’irresponsabilité d’un gouvernement.

Les années se succèdent et semblent se ressembler pour les consommateurs des produits pétroliers  togolais. En effet, il y a près de trois ans que les mois de Juin à Août connaissent toujours des fluctuations cycliques du prix des produits pétroliers.  Mais souvent l’opinion publique est avisée par le biais de la presse des décrets pris par le gouvernement ou par les arrêtés interministériels. Cette fois-ci, l’augmentation du prix du gaz butane a été faite subrepticement par le Comité de Suivi des Fluctuations des prix des produits pétroliers (CSFPPP). L’information sur cette augmentation a été donnée le 24 Août dernier par un Fax simulé que le coordonnateur de ce Comité Francis AJAKLY a adressé aux directeurs généraux de Total et Sodigaz, les opérateurs qui commercialisent le gaz  butane  au Togo. Dans le message, le coordonnateur notifiait à ces sociétés l’augmentation du prix du gaz butane à compter du 25 Août à 00 heure.

Il leur demandait ensuite d’en faire large diffusion auprès de leurs partenaires en attendant que l’arrêté interministériel leur parvienne. Ces opérateurs n’ont pas hésité un seul instant à mettre à exécution une telle décision du Coordonnateur.

La décision du Comité s’exécute depuis plus de deux semaines maintenant  mais l’arrêté interministériel tarde à parvenir à ces opérateurs. Les consommateurs quant à eux avalent la pilule aussi amère soit-elle.

Mais la question que le Togolais lambda se pose aujourd’hui est de savoir si le comité est habilité à opérer à un tel changement. Est-ce de ses prérogatives? Un simple message a-t-il autant de force que les mots contenus aient un effet immédiat sur le vécu des Togolais ? Les sociétés de distribution obéissent-elles aux ordres du Comité ou au gouvernement ? Autant d’inquiétudes qui suscitent la colère des consommateurs. Mais au-delà, le mutisme du gouvernement prouve à suffisance qu’il est partant pour  cette décision. D’ailleurs le sieur Francis Adjakli est un agent du ministère du commerce et de la promotion du secteur privé. Tout porte à croire qu’il a l’onction du gouvernement avant de poser son acte sinon comment pourrait-il prendre un tel risque.

Il serait déjà sanctionné au lendemain de son acte. « Qui ne dit rien, consent » dit un adage du terroir. Et c’est parce que le gouvernement approuve cette augmentation qu’il a gardé d’ailleurs jusqu’alors le silence et de surcroît l’augmentation fait belle affaire pour la plupart des caciques du pouvoir qui sont soit actionnaires ou propriétaires des stations Total qui commercialisent le gaz butane.

En définitive, les consommateurs ne seraient pas blâmés s’ils concluaient que cette augmentation est une complicité entre les sociétés de distribution du gaz butane, le Comité de Suivi et le gouvernement pour augmenter leurs peines. Pour certains observateurs, c’est une véritable maffia qui s’organise autour des produits pétroliers pour rendre la vie dure au peuple togolais.

Alliance Togo Informatique

Une sourde oreille aux condamnations

Suite à l’augmentation du prix du gaz butane, les condamnations fusent de toute part. C’est le  Collectif Sauvons le Togo (CST) qui a donné le ton à ces condamnations. A travers un communiqué rendu public le 31 Août, il déplore cette mesure qu’il qualifie d’« injustifiée » et appelle les populations à « rester vigilantes pour faire échec, aux manœuvres du pouvoir, qui tendent à maintenir le pays dans le dénuement et la pauvreté ». S’en est suivie la réaction  de l’Association togolaise des consommateurs(ATC) qui demande « expressément au gouvernement d’annuler cette hausse ». Dans un communiqué  de presse signé par le Secrétaire général Aladjou Agouta, l’ATC accuse le gouvernement et les sociétés de distribution  de n’avoir pas respecté les procédures d’augmentation et de ne pas porter l’information au niveau de la Commission nationale de la vie chère (CNVC) et du Conseil national du dialogue social (CNDS).

L’ATC dénonce les augmentations répétées du prix du gaz butane : dans l’espace de moins de deux mois, ce produit a connu deux augmentations, ce qui fait que la bouteille de 12 Kg est passé de 3859 F à 4055 puis à 5500 F aujourd’hui pendant que celle de 6 Kg est allée de 1852 F à 2640F en passant par 1945F. Jamais ce produit n’a connu une  si grande augmentation. L’ATC appelle les consommateurs  à rester mobilisés pour des actions futures en vue d’amener le gouvernement à revoir sa copie. Une menace de boycott de ce produit est d’ailleurs lancée à compter de ce 11 Septembre 2012 si une solution n’est pas trouvée. D’autres organisations de la société ont aussi ouvertement condamné cette augmentation. Mais devant cette pluie de  condamnation, le gouvernement continue de faire la sourde oreille.

La démission ou complicité des syndicats

C’est en Juin 2010 que le gouvernement a procédé à une augmentation unilatérale du prix des carburants. Cela a provoqué la colère des populations qui sont descendu spontanément dans les rues de la capitale. Les mouvements de protestation ont occasionné des violences et même des morts. Timidement certains syndicats ont réagi pour condamner cela. Alors s’engagèrent  de multiples discussions avec le gouvernement, le patronat et les responsables de l’intersyndical des travailleurs du Togo qui ont trouvé un accord sur le réajustement des prix du carburant. L’accord précise une baisse de 20 f Cfa sur le litre par rapport aux prix à la pompe. Mais l’Association Togolaise des Consommateurs du Togo (ATC) a campé sur sa position, celle de protester contre la flambée des prix des produits pétroliers et a même appelé la population à observer un mot d’ordre de grève le  02 juillet 2010 qui était diversement suivi.

En Juillet 2011, l’histoire s’est répétée. Dans l’espace de six semaines, les produits pétroliers ont enregistré deux augmentations. On a remarqué la démission des différentes centrales syndicales à l’instar de la Confédération générale des cadres du Togo (CGCT), l’Intersyndical des travailleurs du Togo (ISTT), la Confédération syndicale des travailleurs du Togo (CSTT), la Confédération nationale des travailleurs du Togo (CNTT). Seules la Fédération des syndicats des travailleurs du Togo (FESYTRAT) et la Fédération des travailleurs du bois et de la construction du Togo (FTBC-Togo) avaient convié la population à deux jours de grève les 28 et 29 Juillet 2011 suite aux deux augmentations cumulées de 10 % sans mesures d’accompagnement. Le gouvernement tablait sur une augmentation du prix du baril à l’international pendant que son prix  passait de 101 dollars en Juin à 95, 52 dollars US le 14 juillet 2011 au moment de l’augmentation. Le gouvernement mentait à visage découvert sous les regards admirateurs de certains syndicats qui se laissaient  soudoyer au lieu d’agir.

En Août 2012, les informations concordantes font échos d’une augmentation générale du prix des produits pétroliers. Le gouvernement, pour ne pas porter le flanc à ces informations, a jugé bon de biaiser en assénant un coup dur aux consommateurs du gaz butane estimés à 1/5 de la population soit environ 1,2 millions de personnes : 36 % d’augmentation qui constituent  en fait une façon de récupérer la totalité du manque à gagner si tous les produits pétroliers connaissaient une hausse légère. Devant cette situation, les syndicats devraient se  lever comme un seul homme pour contraindre le gouvernement à renoncer à sa décision scélérate.  Mais nenni. Certains d’entre eux se livrent à un marchandage et à un copinage.

Contraste avec la politique de l’environnement

Le gouvernement ne cesse de clamer qu’il s’est engagé à la préservation de l’environnement et  la lutte contre la désertification. La hausse du prix du gaz butane est aux antipodes d’une politique cohérente de l’environnement. Cette politique instaurée au plus haut sommet de l’Etat est une politique dont la finalité est de réduire la pression que les populations font sur les forêts en particulier et les ressources végétales en général. Beaucoup de départements ministériels se sont inscrits dans cette dynamique. Hormis le ministère de l’environnement auquel le premier rôle est dévolu, celui du développement à la base aussi  multiplie les camps chantiers de reboisement avec les jeunes acquis à sa cause. Mais avec cette augmentation, il y aura un retour aux anciennes sources notamment le bois de chauffe et le charbon de bois qui sont en voie de disparition dans certains ménages.

Le Togo qui perdait chaque année plus de 15 hectares des forêts verra cette destruction s’accentuer.  A ce jour, l’on a à peine 7% de la superficie du territoire national couverte de forêts. Selon le professeur d’Université, Kouakou Komi, coordinateur technique du Réseau de protection de l’environnement, chaque année, près de 3 millions de tonnes de bois sont détruites au Togo pour les besoins domestiques. Celui-ci a rappelé que « le Togo fait partie des pays où le taux de déforestation est le plus élevé dans la sous-région. Notre taux de couverture végétal est en baisse continue. La surface forestière productive totale sur laquelle les producteurs de charbon prélèvent est actuellement estimée à 287 000 ha soit 5 % de la superficie nationale avec un taux moyen de déforestation annuel évalué à 5,1 %  selon le rapport de la FA0 en 2011 »

Au même moment, la FAO lui recommande qu’au moins 23% de sa superficie totale soit couverte de forêt. C’est dire que du travail reste à faire et la tâche doit être très ardue. Dans ce contexte,  l’augmentation du prix du gaz est une décision aux antipodes de la politique de la préservation de l’environnement et quand on sait aussi que 2/3 des Togolais sont pauvres. Selon certaines études, le nombre d’usagers du gaz au Togo a bondi et l’on est passé à plus de 300% de 2007 à ce jour. Cette mesure ne fera qu’inverser encore les tendances.

Sur l’aspect purement écologique, cette situation est un casse-tête à plus d’un puisqu’elle va engendrer le retour de bien de consommateur au bois et charbon de bois. Le risque  de l’élévation du taux de déforestation est grand car, il est clair qu’à ce jour, la première cause de ce phénomène est l’usage domestique du bois et de ses dérivés pour les besoins énergétiques. Au-delà de cet aspect, s’il y a des raisons valables qui sous tendent une augmentation du prix  du gaz butane, le gouvernement doit quand même renforcer la subvention pour sauver les forêts afin qu’elles continuent par jouer leur rôle de stabilisatrices et régulatrices du climat. Pour une meilleure accessibilité à un prix juste de l’énergie, le cap pourrait être mis sur les sources d’énergie renouvelables  dont  le solaire et l’éolien.

En définitive, le Togo devrait emboîter les pas de ses pairs comme le Bénin, le Burkina Faso et le Ghana qui ont pris des dispositions pour une diminution des prix de produits pétroliers et autres produits de grande consommation afin d’agir contre la vie chère. Au Sénégal, le Président Macky SALL dès son arrivée au pouvoir a immédiatement revu à la baisse les prix des denrées de première nécessité. Les autorités togolaises ne devraient pas s’illustrer en cyniques en poussant les populations jusqu’à leur dernier retranchement, en leur faisant payer des impôts exorbitants qui ne servent manifestement qu’à soutenir le train de vie oligarchique des groupuscules. Un gouvernement qui n’a pas le courage d’informer et de communiquer sur une augmentation à hauteur de 36% est tout simplement irresponsable. Vivement que le gouvernement soit à l’écoute du peuple.


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