Paf, il est parti dans la désolation et l’isolation, dans le mépris, le cœur aigris, dans la solitude étouffé par la sollicitude.
Hilaire Logo Dossouvi, c’est l’enfant terrible du Professeur Gnininvi, leader la CDPA.
A 54 ans, l’homme s’en est allé, pas aussi très âgé, laissant derrière des balbutiements à la place des hommages mérités, des malaises à exprimer une bravoure engagée pendant plusieurs années, des éloges qui finissent toujours par la proposition subordonnée relative reliée par la conjonction de coordination.. Mais…
Dans une banale discussion avec un confrère, au lendemain bien entendu du décès de Logo Dossouvi, l’image charismatique et téméraire de l’Homme a été évoquée : « la première fois que j’ai connu cet homme, c’est à Bassar ; il a prononcé un discours qui a mis les jeunes et les populations en mouvement. Dans les minutes qui ont suivi, tous les symboles du parti sont mis à terre, symbole dans la statue du Général Eyadéma. Je lui ai reconnu un certain courage, une certaine détermination il était terrible… Lorsque je lui ai rappelé ce fait, il avait les larmes aux yeux à en parler avec moi… cela m’a marqué »
Témoignage émouvant, autant émouvant que le jour du 05 octobre 1990, où, conduits au palais de justice de Lomé pour être jugé, le natif de Gboto et de ses coaccusés ont soulevé des montagnes ; le peuple togolais tout entier.
C’est le début d’un long combat démocratique qui durera pendant plusieurs années et ce, jusqu’à ce jour.
Le dictateur Gnassingbé Eyadéma n’en revenait pas, il avait failli perdre son pouvoir dans la détermination de jeunes étudiants.
Cela coutera cher à Logo Dossouvi et compagnons. Tortures physiques et psychologiques, électrochocs puis exil qui aura duré une vingtaine d’années.
Hilaire reviendra traumatisé, par plusieurs années passées en exil, loin de son pays natal pour lequel il s’est sacrifié…
Il reviendra, déprimé, embourbé dans la nécessité, traumatisé…
C’est la seconde face, cette fois-ci ténébreuse de l’homme, du combattant, de Logo Dosouvi.
Il s’essayera auprès de son mentor, au ministère des mines, sans suite. Il s’engagera aux côtés de Faure Gnassingbé, visiblement sans conviction, en allant un peu trop loin dans la dénomination de son mouvement, fan Club Faure Gnassingbé : Insatisfaction.
Il sera embauché à l’Agence Togolais de Presse, méprisé et abandonné par les anciens commanditaires et les nouveaux maîtres. Hilaire n’arrivera pas à joindre les deux bouts.
La volonté de survivre, de vivre à l’optimum l’obligera à prendre tous les risques, en s’engageant dans toutes les manipulations, en brisant des tabous, en se livrant à tout, en dévoilant tout.
Il perdra définitivement tout et tous. Amis, parents, camarades le fuiront comme un coryza.
Secoué par la maladie, il repartira non sans difficulté, non sans regret, n’espérant pas revenir en vie.
Mais, il sera contraint par le sort, de revenir mourir dans un pays où ses amis d’hier pensent qu’il a connu un revers, pas trop appréciable.
Le bon combat, mené dans la détermination et la bravoure est teintée de vinaigre.
Et c’est dans la discrétion qu’il passera ses derniers jours pour rendre l’âme après avoir laissé tomber l’arme du combat, entre les mains de l’ennemi.
Tous ceux qui l’ont connu ne sont pas très sévères. Ils lui rendent des hommages, sur le bout des lèvres, saluent un passé brillant, parce que, meublé de risques, et un présent récent alambiqué.
Il a mené le bon combat, il n’est sans doute pas allé au bout, mais il a fait ce qu’il pouvait, et les circonstances de la vie lui ont fait prendre une décision. C’est cela, sans doute la liberté ?
Paix à son âme
Carlos KETOHOU