Panique à Adidogomé

     Les   populations riveraines du camp   d’Adidogomé ont été affolées la semaine dernière par la ronde d’un hélicoptère blanc qui volait au dessus de leurs têtes. Deux jours après, la panique a laissé place à la curiosité et à l’admiration des décollages et des atterrissages successifs de cet étrange hélicoptère. Alors que certains peuvent savoir ce qui s’était passé la semaine dernière dans le ciel d’Adidogomé, beaucoup nourrissent encore des interrogations. Nous sommes allés aux informations.    

« Hélicoptère espion, c’est le pouvoir qui cherche encore à voir ce qui se passe dans nos maisons…c’est le président, Faure Gnassingbé qui est venu au camp et on met l’hélicoptère pour assurer sa sécurité…. C’est mauvais signe, un coup se prépare à partir du camp ici…. » Voilà entre autres ce que les gens pensent du survol au dessus des maisons de l’hélicoptère blanc qui ne laissait personne indifférent.

Notre rédaction a été aussi préoccupée par ce fait qui n’est pas banal et habituel.  C’est ainsi que nous avons cherché à rencontrer certains responsables qui mènent cette opération qui provoque la panique chez la population.

Dans nos investigations, nous sommes tombés sur un géant, costaud moulé dans son treillis panthère à bord d’un pick-up, très en sueur et beaucoup acharné à donner des consignes. Il n’avait pas le temps, mais nous a accordé quelques minutes pour expliquer ce  qui passait. Quelques mots dans un calme qui contrarie avec sa forme, son grade et sa responsabilité dans cette opération ont suffit. Nous avions donc rencontré le Colonel Nakoura, c’est lui qui est le Chef du Centre d’Entraînement aux Opérations de Maintien de la Paix (CEOMP) de Lomé. Ce centre a pour vocation de servir de base nationale d’entraînement et de mise en condition opérationnelle pour les contingents militaires et de police appelés à servir dans des opérations de maintien de la paix.

Il nous a expliqué l’opération qui se menait. Il s’agit d’une opération de guidage. Cela veut dire que sur le champ de maintien de la paix dans les pays en guerre, il faut que l’officier soit guide du pilote en vue de l’orienter à aller dans une direction donnée ou dans une autre. Cette opération de guidage prépare au deuxième envoi des soldats togolais au Mali pour le compte de la Mission au Mali.

Une première mission de contingent togolais est déjà envoyée au Mali en appui à l’intervention militaire française pour chasser les djihaddistes qui avaient occupé le Nord. Aujourd’hui, il reste encore des foyers terroristes qu’il faut combattre au nord du Mali et on a encore besoin des forces spéciales, notamment africaines.

Alliance Togo Informatique

Le Togo est très actif dans l’envoi de ces forces spéciales qui sont déjà intervenues en Côte d’Ivoire pendant la guerre.

Selon le Colonel Nakoura, le guidage par hélicoptère est très important pour le maintien de la paix et l’officier doit maîtriser ses contours. L’hélicoptère blanc faisait donc des simulations avec des officiers différents et des soldats qui montaient et qui descendaient à chaque décollage et atterrissage de l’hélicoptère.

Les populations ont fini par s’accrocher au mur du camp pour suivre les allers-retours de l’hélico et chacun allait de son commentaire.

Inauguré en février 2009, le Centre d’entraînement aux opérations de maintien de la Paix (CEOMP) de Lomé au bénéficie de l’appui de la France et des États-Unis (programme ACOTA – African Contingency Operations Training and Assistance). Il constitue un exemple des synergies efficaces qui peuvent être obtenues grâce à une approche multilatérale.

Le centre a mobilisé rapidement son contingent au cours du dernier trimestre 2012. Le Togo  a été l’un des premiers pays africains à déployer ses troupes au profit de la MISMA à Bamako.

En début de cette année la coopération française a participé à la mise en place d’une cellule de montée en puissance (point des effectifs arrivant de toutes les unités contributrices, contrôle des aptitudes, perception et point des matériels armements, munitions, transmissions, vie en campagne, vivres et eau). L’objectif était d’appuyer les Forces Armées Togolaises (FAT) pour projeter le bataillon dans l’urgence, en assurant notamment la liaison avec la force SERVAL pour la gestion des vecteurs aériens (organisation des rotations Transall et Hercule français, belges et allemands). C’est ce qui nécessite donc cette opération qui fait planer l’hélicoptère dans le ciel d’Adidogomé.

Désormais le Togo prépare la relève du contingent, cette fois dans le cadre de la MINUSMA. Le CEOMP s’y emploie avec des séances d’entraînement qui se poursuivent sous la houlette du Colonel Nakoura.

Carlos KETOHOU