FRANCE: Jérôme Cahuzac renonce aux législatives, le PS soulagé
PARIS (Reuters) – Les socialistes ont exprimé leur soulagement dimanche après l’annonce par Jérôme Cahuzac de sa décision de renoncer à se présenter à la législative partielle provoquée par sa démission dans sa circonscription du Lot-et-Garonne.
L’ex-ministre du Budget alimente toutefois les spéculations sur une candidature aux municipales de 2014 en soulignant dans le quotidien La Dépêche qu’il reviendra à Villeneuve-sur-Lot.
En outre, le candidat d’Europe Ecologie Les Verts (EELV), Lionel Feuillas, a tempéré le soulagement du PS en indiquant qu’il n’avait pas l’intention de renoncer à sa candidature au profit d’un ticket avec le Parti socialiste.
Sa présence dans le scrutin risque de priver le candidat PS dans la circonscription, Bernard Darras, de précieuses voix.
« Je ne serai pas candidat. J’espère que chacun comprendra et respectera ce choix douloureux et qui me fut bien difficile à faire », a dit pour sa part Jérôme Cahuzac, précisant qu’il voterait pour Bernard Darras.
« C’est ce qu’il fallait faire », a réagi le ministre de l’Economie Pierre Moscovici soulignant que Jérôme Cahuzac avait reconnu son mensonge au sujet de la détention d’un compte bancaire secret à l’étranger.
« Dans ces conditions, se présenter devant les électeurs n’aurait pas eu de cohérence, », a-t-il dit sur radio J.
Le Premier secrétaire du Parti socialiste, Harlem Désir, s’est lui aussi félicité du choix fait par l’ancien ministre, contraint à la démission fin mars fin après l’ouverture d’une information judiciaire pour blanchiment de fraude fiscale.
Il a avoué quelques jours plus tard détenir un compte bancaire à l’étranger et a été mis en examen.
Jérôme Cahuzac avait entretenu le suspense sur ses intentions en faisant une apparition le 11 mai sur le marché de Villeneuve-sur-Lot, dont il fut maire de 2001 à 2012.
Sa candidature aurait eu un effet désastreux pour le Parti socialiste sur le plan médiatique mais risquait aussi d’éliminer du second tour son candidat.
« J’AIME TROP CE TERRITOIRE »
Selon un sondage Ifop, le faible score (11%) qu’aurait obtenu l’ex-ministre du Budget aurait en effet empêché Bernard Barral d’accéder au second tour, qui se serait joué entre l’UMP et le Front national.
L’écologiste Lionel Feuillas a cependant compliqué la donne dimanche en confirmant sa candidature. « Je serai bien candidat. Demain matin je vais déposer ma candidature à la préfecture », a-t-il dit sur i>Télé.
Lionel Feuillas a justifié sa candidature par le fait que son parti souhaitait « une inflexion de la politique du gouvernement » qui prenne en compte ses propositions » et que le gouvernement ne risquait pas de perdre la majorité à l’Assemblée.
« Pour cette élection donc le seul enjeu, c’est le FN qui peut se retrouver au second tour. Mais nous ne sommes pas responsables de cette situation. Le seul responsable c’est Cahuzac », a-t-il dit.
Dans La Dépêche, Jérôme Cahuzac a précisé par ailleurs qu’il avait fait procéder au rapatriement des sommes qu’il détenait d’abord en Suisse, puis à Singapour. « Ils sont en France à la disposition de la justice. Je paierai ma dette. Et je ferai don du reliquat, s’il existe, à des oeuvres caritatives de l’arrondissement de Villeneuve. »
Pierre Moscovici, qui n’a pas voulu commenter ce rapatriement, a répété que l’Etat ne pouvait pas contraindre Jérôme Cahuzac à renoncer à ses indemnités de ministre pendant six mois, sous peine d’être sanctionné par le tribunal administratif.
Se déclarant « choqué » par le choix de l’ancien ministre de toucher cet argent, il a cependant précisé qu’il préparait une loi pour que ce cas de figure ne se reproduise plus.
La loi actuelle autorise tout ministre à toucher son salaire pendant les six mois suivant une démission.
Le nouveau texte réduira de six à un mois le temps pendant lequel l’indemnité sera perçue.
« Deuxièmement, s’il apparaît qu’il y a eu un manquement à l’obligation de déclaration devant la haute autorité chargée du contrôle des patrimoines, alors cette indemnité ne sera pas versée », a précisé le ministre de l’Economie.