Vatican : Messe terminée, Anges et démons étaient ensemble.
Les autorités du Vatican ont accueilli jusqu’à un million de personnes, y compris de très nombreux chefs d’Etat, dont certains controversés, anges et démons donc ce mardi à la messe d’installation du pape François.
Un brillant aréopage de dignitaires, têtes couronnées et chefs d’État, dont certains controversés, ont assisté ce mardi, à Rome, à la messe d’installation du pape François, premier pape venu des Amériques. Les autorités ont accueilli jusqu’à un million de personnes au Vatican pour cette messe de l’ex-cardinal Jorge Mario Bergoglio, qui s’est déjà taillé une belle popularité auprès des fidèles.
La messe est célébrée place Saint-Pierre en ce jour de la Saint Joseph, patron de l’Église.
De nombreux dirigeants d’Amérique latine – où vivent désormais 40% des catholiques – sont arrivés, dont la présidente du Brésil Dilma Roussef et son homologue mexicain Enrique Pena Nieto.
Les États-Unis ont dépêché le vice-président Joe Biden, catholique pratiquant. Doivent aussi être présents la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault et son homologue espagnol Mariano Rajoy. Quant à l’Europe, elle sera représentée par les présidents du Conseil européen Hermann Van Rompuy, et de la Commission européenne, José Manuel Barroso.
La Russie doit envoyer le président de la Douma, Serguei Narychkine.
Côté aristocratie européenne, le roi des Belges Albert II et la reine Paola, ainsi que le Grand Duc du Luxembourg et une partie de sa famille assisteront à la messe, de même que le Duc de Gloucester pour le Royaume-Uni.
Les plus controversés sont venus d’Afrique. Chefs d’Etat accompagnés de leurs ouailles, familles et complices, ministres et autorités rejetés par leurs peuples qui vont trouver refuge sous la messe papale.
Les étapes de la messe
11H10 GMT – Tweet – « Mettons le Christ dans notre vie, prenons soin les uns des autres, protégeons la création avec amour »: un tweet est publié sur le compte officiel du pape (@Pontifex_fr), tandis qu’il continue à serrer des mains.
11H06 GMT – Voilettes – La plupart des épouses de dirigeants arborent des tenues noires et portent des voilettes, seules les reines catholiques sont vêtues de blanc.
10H54 GMT- Défilé – Le pape accueille les délégations officielles debout, disant un mot à chacun. En couple ou seul, les chefs d’Etat et de gouvernement lui serrent longuement la main. Le présidente brésilienne Dilma Rousseff, le président équatorien Rafael Correa, accompagnée de sa mère, le président gabonais Ali Bongo défilent devant le Saint-Père. En larmes, Rafael Correa lui montre une photo, le pape lui donne une bise sur la joue.
10H47 – Têtes couronnées- Le prince Albert de Monaco et la princesse Charlène, la tête couverte d’un châle noir, saluent le pape. Le prince lui baise la main.
Le pape entre Place Saint-Pierre en papamobile
10H45 GMT – L’Argentine d’abord – Vêtue de noir, petit chapeau sur l’avant de la tête, la présidente argentine Cristina Kirchner est la première chef d’Etat à saluer le pape. Vient ensuite Giorgio Napolitano, président italien. Sur la place Saint-Pierre, des Argentins huent Kirchner, les Italiens applaudissent Napolitano, qui apparaît sur les écrans.
10H40 GMT – Relâchement – Les cloches au ton grave de Saint Pierre retentissent. Des fidèles se photographient, des curés saluent les caméras. Certains fidèles brandissent des mains géantes en signe de paix. « Francisco amigo de la paz, » clame une pancarte jaune.
10H30 GMT – Délégations – La messe est terminée, le pape entre dans la basilique, où il va recevoir les délégations officielles.
10H20 GMT – A la maison – « N’ayez pas de haines, de disputes, abandonnez l’envie », « ne critiquez pas les autres, dialoguez ». Par ces mots en espagnol, utilisant une tournure populaire argentine, le pape s’adresse en direct aux fidèles réunis dans la cathédrale de Buenos Aires, dont il était l’archevêque. Ces fidèles réagissent à ses premiers mots en tant que pape par des tonnerres d’applaudissements. La foule brandit des drapeaux de l’Argentine et du Vatican, de nombreuses personnes portent le maillot de San Lorenzo, le club de football dont le pape est supporteur.
10H14 GMT – Printemps – Le soleil brille sur la place Saint-Pierre, où règne une température assez clémente, bien qu’assez fraîche pour le printemps romain (environ 15 degrés). Des fidèles argentins unissent les nations des deux papes, en brandissant côte à côte des drapeaux argentin et allemand.
10H10 GMT – Communion- Les co-célébrants se répartissent dans l’assistance et donnent la communion à la foule. Les représentants de délégations étrangères communient à l’autel principal. Pendant la communion, le pape, l’air sérieux, reste tête nue. Il n’a donné la communion qu’à quelques personnes montées jusqu’à l’autel. Les chœurs de la Sixtine et de la basilique chantent des airs solennels et lents.
10H04 GMT – Jaune et blanc – L’assistance échange un signe de paix. Le pape salue des popes orthodoxes. Des officiants parcourent les rangées avec des calices contenant les hosties, accompagnés d’assistants qui portent des parasols aux couleurs du Vatican, jaunes et blancs.
09H59 – Notre Père – Le « Notre Père » en latin est prononcé par le pape et toute l’assistance. Ceux qui le connaissent par coeur le récitent, d’autres le lisent dans un livret.
09H53 GMT – Latin – Le pape lit la liturgie eucharistique en latin, des officiants agenouillés à côté de lui. Il bénit l’hostie et le calice de vin, toujours en latin. La cloche qui indique aux fidèles d’incliner la tête retentit.
09H46 GMT – Polyglotte – Avant la communion, des prières sont lues en cinq langues : russe, français, arabe, swahili et chinois. Le pape va consacrer l’hostie devant l’autel dressé sur le parvis de la basilique.
09H44 GMT – Business – A l’extérieur de la place, dont l’entrée est très contrôlée, des vendeurs ambulants proposent des portraits du pape pour deux euros.
09H36 GMT – Jeunesse – De nombreux adolescents sont assis devant des écrans géants installés sur l’avenue qui mène à la place Saint-Pierre. Certains écoutent la messe, d’autres se racontent où ils se trouvaient au moment de l’élection du pape. « Ma mère s’est précipitée pour me le dire alors que j’étais sous la douche, nous n’arrivions pas à croire que l’Eglise était assez révolutionnaire pour choisir un pape latino-américain, nous avons fait sauter le champagne », raconte une adolescente anglaise de 19 ans. Parmi la foule se trouvent aussi des touristes qui avaient déjà pris leurs billets pour Rome avant l’élection du pape mais sont heureux d’assister à cet événement historique.
09H32 GMT – Credo – Le Credo est chanté solennellement en latin, notamment par les frères franciscains venus du monastère de La Verne et des Jésuites.
09H31 GMT – Voix – Le pape hausse la voix quand il parle d’une église qui doit « accueillir avec affection et tendresse l’humanité toute entière, spécialement les plus pauvres, les plus faibles, les plus petits » et aussi quand il appelle à « ouvrir l’horizon de l’espérance, ouvrir une trouée de lumière au milieu de tant de nuages ».
« Ouvrir l’horizon de l’espérance »
09H30 GMT – LE « VRAI POUVOIR » D’UN PAPE EST « LE SERVICE HUMBLE ET CONCRET ». Cette phrase vaut au pape les applaudissements de la foule.
09H29 – Bonté – « Nous ne devons pas avoir peur de la bonté ou de la tendresse ! », s’exclame le pape François.
09H26 GMT – LE PAPE APPELLE AU « RESPECT POUR TOUTE CREATURE ET POUR L’ENVIRONNEMENT » ET DEMANDE AUX DIRIGEANTS DE NE PAS LAISSER « LES SIGNES DE DESTRUCTION » MENER LE MONDE.
09H20 GMT – Passage de relai – Le nouveau pape commence son homélie en rendant hommage à son « vénéré prédécesseur », Benoît XVI, dont c’est la fête (la Saint Joseph). « Nous lui sommes proches par la prière, pleins d’affection et de reconnaissance », dit-il. La foule applaudit Benoît XVI.
09H13 GMT – Larmes – « J’attends des changements positifs pour le monde entier, qu’il aide les pays pauvres. C’est une joie pour toute l’Amérique latine », explique Karen, venue de Barquisimeto au Venezuela, avec son mari et leur fils d’un an. « Il me rappelle Jean-Paul II, il inspire le même genre d’enthousiasme et d’affection », estime pour sa part Rosell Macaraig, 30 ans, originaire des Philippines. « Ce n’est pas un jeune pape mais je pense qu’il va bien se débrouiller. » Des femmes argentines sont en larmes.
09H12 GMT – En grec – L’évangile est lu en grec, en référence à la tradition orientale, par un prêtre revêtu d’une chasuble à grosses croix rouges et dorées. Le pape incline la tête en signe de recueillement tenant une grande croix devant lui. L’officiant replie et brandit l’évangile, qui présente des icônes sur la riche reliure. Il le remet au pape qui le lève au-dessus de sa tête.
08H55 GMT – Après avoir reçu les emblèmes pontificaux -le pallium et l’anneau pontifical-, le pape commence à célébrer la messe, en lisant une oraison.
08H51 GMT – Pleine – La place Saint-Pierre est pleine. Elle a été quadrillée et séparée en portions pour y installer les 132 délégations étrangères. Pourtant, le public continue de courir du château Saint-Ange à la place Saint-Pierre. Des Allemands qui ont fait le déplacement pour le marathon de Rome sont venus voir le pape, qu’ils ont raté dimanche lorsqu’ils couraient, raconte Taimaz Szirniks, journaliste à l’AFP.
132 délégations étrangères
08H50 GMT – LE PAPE ENFILE L’ANNEAU DU PECHEUR, autre emblème pontifical, à l’annulaire de sa main droite. Cet anneau en argent doré représente Saint Pierre tenant les clés du royaume de Dieu.
08H49 GMT – LE CARDINAL PROTODIACRE POSE LE PALLIUM SUR LES EPAULES DU PAPE.
08H45 GMT – Ouverte- Le pape ouvre la messe en disant: « Pax vobis », la paix soit avec vous. Il soulève sa soutane pour ne pas trébucher, comme il l’avait fait le premier jour quand il recevait le salut des cardinaux dans la chapelle Sixtine, après son élection.
08H45 GMT – Au grand air – Le cortège sort de la basilique et se retrouve au soleil, sous le regard de la foule. Le pape s’incline devant l’autel. Les chasubles dorées des cardinaux contrastent avec la tenue du pape, très simple, blanche, surmontée d’une chasuble blanche traversée en hauteur par une croix noire et dorée.
08H35 GMT – Procession – Le maître de cérémonie lui remet la mitre. Les archevêques, cardinaux et patriarches s’avancent depuis le maître-autel vers le parvis, à l’extérieur, dans une basilique où ne se trouve absolument aucun fidèle. Un officiant porte l’Evangile richement décoré de pierres précieuses, un autre l’anneau papal et un troisième le pallium, sorte d’écharpe que le pape va revêtir.
08H32 GMT – Simplicité – Le pape arbore une chasuble simple sur une soutane à bordure de dentelle, tout en blanc avec une grande croix verticale. Il s’agenouille sur un prie-Dieu de velours rouge, puis bénit le tombeau avec un encensoir. Il regarde le maître de cérémonie et sourit comme s’il se demandait ce qu’il devait faire.
08H30 GMT – LE PAPE SE RECUEILLE SUR LA TOMBE DE SAINT PIERRE.
08H28 GMT – Crypte – Au son de trombes, le pape entouré d’archevêques s’avance vers le maître-autel et la tombe de Saint-Pierre, où l’attendent les patriarches des églises orientales. Le pape descend sous le maître-autel, dans la crypte. Il enlève sa mitre avant d’entrer dans le tombeau.
08H25 GMT – Mouvement de foule – Le pape entre dans la basilique, les forces de sécurité ouvrent les barrières pour laisser la foule s’avancer. Une petite fille perd sa chaussure dans le mouvement de foule.
08H20 – Vocations – « Il a conquis mon cœur: son exemple, sa joie… C’est un pape qui provoque des vocations. C’est un pape latin, comme l’Eglise de là-bas, comme son peuple », dit Wagner, jeune séminariste brésilien à Rome.
« Il a conquis mon cœur »
08H14 GMT – Humilité – « Il est très simple, très humble avec les pauvres, avec les familles frappées par le destin », s’enthousiasme Maria Cristina Mendez, retraitée de Mendoza, en Argentine, pays d’origine du pape.
08H12 GMT – Footeux – Une immense inscription « San Lorenzo », l’équipe de football préférée en Argentine du pape François, a été déployée place Saint-Pierre.
08H09 GMT – « Par ici! » – Sur son passage, la foule scande « Longue vie au pape! ». « Par ici, votre sainteté », crient d’autres fidèles, un brin déçus lorsque le cortège change de chemin.
08H08 GMT – En famille – Des milliers de personnes, parmi lesquelles des familles avec enfants et poussettes, attendent le début de la cérémonie. Un homme joue de la guitare et chante pour la paix dans monde, raconte Françoise Kadri de l’AFP. « Je m’attends à une révolution chrétienne dans l’Eglise, qui permette de retrouver ses vraies valeurs perdues », confie Jamaica,18 ans.
08H05 GMT – Pouce – Le pape lève le pouce en signe de connivence avec les fidèles. Il descend de son véhicule pour caresser le visage d’un handicapé alité.
08H02 GMT – Allégresse – Des trompettes sonnent et des cris de joie résonnent au passage du pape. Des hélicoptères survolent la foule amassée sur la place, rapporte Eleanor Ide, journaliste de l’AFP. « Le pape François est extraordinaire, il est surprenant, différent, il apporte un souffle d’air frais », commente Tyler Moore, séminariste de 24 ans venu tout spécialement de la Nouvelle-Orléans.
07H56 GMT – Naturel – Très décontracté, vêtu d’une simple soutane blanche et d’une pèlerine de même couleur, le pape prend dans ses bras un bébé que lui tendent des fidèles et l’embrasse sur le nez.
07H55 GMT – Multicolores – Des fidèles brandissent des drapeaux, évidemment des bannières bleu ciel et blanches de l’Argentine, beaucoup de drapeaux italiens, polonais et brésiliens mais aussi des Etats-Unis ou britanniques, d’Afrique (Angola, Nigeria) ou d’îles d’Océanie. Une immense banderole proclame « Assise t’attend », en référence à Saint-François d’Assise.
Décontracté
07H51 GMT- A découvert – Souriant, le pape fait le tour de la place en papamobile entièrement découverte, saluant les fidèles.
07H49 GMT- LE PAPE FRANCOIS ARRIVE PLACE SAINT-PIERRE.
07H48 GMT – Espoir – « L’arrivée du nouveau pape représente pour nous un grand espoir. Nous venons d’un continent où il y a beaucoup d’inégalités. C’est un moment de grâce », confie Susana Montalvo, originaire d?Argentine, au journaliste de l?AFP Pol Costa.
07H46 – Ponctuels – Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et celui du Conseil européen Herman Van Rompuy, se sont installés place Saint-Pierre.
07H45 GMT- Venue de loin – « Je suis très émue d’être ici. Le pontificat de François va être une véritable révolution pour l’Eglise, mais surtout pour les pauvres d’Amérique latine et du monde entier », témoigne Maria Lourdes, une religieuse de 36 ans venue du Salvador.
07H35 GMT – Dès l’aube – Vers 05H00 GMT, des centaines de bénévoles étaient déjà en place pour canaliser la foule. Entre 300.000 et un million de personnes sont attendues place Saint-Pierre. Des tentes de la Croix rouge et des services d’urgence ont aussi été installées à proximité de la place.
07H30 GMT – Siège – Des milliers de personnes affluent sous un grand soleil vers la Place Saint-Pierre. Le centre de Rome et les alentours du Vatican semblent en état de siège. Plus de 3.000 agents des forces de l’ordre (policiers, carabiniers, policiers municipaux) dont des dizaines en civil sont déployés.
EN DIRECT – Le pape François va célébrer place Saint-Pierre la messe d’inauguration de son pontificat, devant des dizaines de milliers de fidèles et des délégations de plus de 130 pays et organisations internationales.
Il recevra les attributs pontificaux, pallium et anneau du pêcheur, avant de prononcer une homélie qui devrait fournir des indications sur les orientations qu’il souhaite donner à son pontificat.
Déjà très populaire moins d’une semaine après son élection, le nouveau pape a montré lors de son premier Angélus qu’il ne craignait pas les bains de foule et préférait le contact direct avec les fidèles à la pompe de l’Eglise. Un style qui le distingue de son prédécesseur Benoît XVI.
Intégralité de l’homélie du Pape François
Chers frères et sœurs !
Je remercie le Seigneur de pouvoir célébrer cette Messe de l’inauguration de mon ministère pétrinien en la solennité de saint Joseph, époux de la Vierge Marie et Patron de l’Église universelle : c’est une coïncidence très riche de signification, et c’est aussi la fête de mon vénéré Prédécesseur : nous lui sommes proches par la prière, pleins d’affection et de reconnaissance.
Je salue avec affection les Frères Cardinaux et Évêques, les prêtres, les diacres, les religieux et les religieuses et tous les fidèles laïcs. Je remercie de leur présence les représentants des autres Églises et Communautés ecclésiales, de même que les représentants de la communauté juive et d’autres communautés religieuses. J’adresse mon cordial salut aux Chefs d’État et de Gouvernement, aux Délégations officielles de nombreux pays du monde et au Corps diplomatique.
Nous avons entendu dans l’Évangile que « Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse » (Mt 1, 24). Dans ces paroles est déjà contenue la mission que Dieu confie à Joseph, celle d’être custos, gardien. Gardien de qui ? De Marie et de Jésus ; mais c’est une garde qui s’étend ensuite à l’Église, comme l’a souligné le bienheureux Jean-Paul II : « Saint Joseph a pris un soin affectueux de Marie et s’est consacré avec joie à l’éducation de Jésus Christ, de même il est le gardien et le protecteur de son Corps mystique, l’Église, dont la Vierge sainte est la figure et le modèle » (Exhort. apost. Redemptoris Custos, n. 1).
Comment Joseph exerce-t-il cette garde ? Avec discrétion, avec humilité, dans le silence, mais par une présence constante et une fidélité totale, même quand il ne comprend pas. Depuis son mariage avec Marie jusqu’à l’épisode de Jésus, enfant de douze ans, dans le Temple de Jérusalem, il accompagne chaque moment avec prévenance et avec amour. Il est auprès de Marie son épouse dans les moments sereins et dans les moments difficiles de la vie, dans le voyage à Bethléem pour le recensement et dans les heures d’anxiété et de joie de l’enfantement ; au moment dramatique de la fuite en Égypte et dans la recherche inquiète du fils au Temple ; et ensuite dans le quotidien de la maison de Nazareth, dans l’atelier où il a enseigné le métier à Jésus.
Comment Joseph vit-il sa vocation de gardien de Marie, de Jésus, de l’Église ? Dans la constante attention à Dieu, ouvert à ses signes, disponible à son projet, non pas tant au sien propre ; et c’est cela que Dieu demande à David, comme nous l’avons entendu dans la première Lecture : Dieu ne désire pas une maison construite par l’homme, mais il désire la fidélité à sa Parole, à son dessein ; c’est Dieu lui-même qui construit la maison, mais de pierres vivantes marquées de son Esprit. Et Joseph est « gardien », parce qu’il sait écouter Dieu, il se laisse guider par sa volonté, et justement pour cela il est encore plus sensible aux personnes qui lui sont confiées, il sait lire avec réalisme les événements, il est attentif à ce qui l’entoure, et il sait prendre les décisions les plus sages. En lui, chers amis, nous voyons comment on répond à la vocation de Dieu, avec disponibilité, avec promptitude, mais nous voyons aussi quel est le centre de la vocation chrétienne : le Christ ! Nous gardons le Christ dans notre vie, pour garder les autres, pour garder la création !
La vocation de garder, cependant, ne nous concerne pas seulement nous les chrétiens, elle a une dimension qui précède et qui est simplement humaine, elle concerne tout le monde. C’est le fait de garder la création tout entière, la beauté de la création, comme il nous est dit dans le Livre de la Genèse et comme nous l’a montré saint François d’Assise : c’est le fait d’avoir du respect pour toute créature de Dieu et pour l’environnement dans lequel nous vivons. C’est le fait de garder les gens, d’avoir soin de tous, de chaque personne, avec amour, spécialement des enfants, des personnes âgées, de celles qui sont plus fragiles et qui souvent sont dans la périphérie de notre cœur. C’est d’avoir soin l’un de l’autre dans la famille : les époux se gardent réciproquement, puis comme parents ils prennent soin des enfants et avec le temps aussi les enfants deviennent gardiens des parents. C’est le fait de vivre avec sincérité les amitiés, qui sont une garde réciproque dans la confiance, dans le respect et dans le bien. Au fond, tout est confié à la garde de l’homme, et c’est une responsabilité qui nous concerne tous. Soyez des gardiens des dons de Dieu !
Et quand l’homme manque à cette responsabilité, quand nous ne prenons pas soin de la création et des frères, alors la destruction trouve une place et le cœur s’endurcit. À chaque époque de l’histoire, malheureusement, il y a des « Hérode » qui trament des desseins de mort, détruisent et défigurent le visage de l’homme et de la femme.
Je voudrais demander, s’il vous plaît, à tous ceux qui occupent des rôles de responsabilité dans le domaine économique, politique ou social, à tous les hommes et à toutes les femmes de bonne volonté : nous sommes « gardiens » de la création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement ; ne permettons pas que des signes de destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde ! Mais pour « garder » nous devons aussi avoir soin de nous-mêmes ! Rappelons-nous que la haine, l’envie, l’orgueil souillent la vie ! Garder veut dire alors veiller sur nos sentiments, sur notre cœur, parce que c’est de là que sortent les intentions bonnes et mauvaises : celles qui construisent et celles qui détruisent ! Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, et même pas non plus de la tendresse !
Et ici j’ajoute alors une remarque supplémentaire : le fait de prendre soin, de garder, demande bonté, demande d’être vécu avec tendresse. Dans les Évangiles, saint Joseph apparaît comme un homme fort, courageux, travailleur, mais dans son âme émerge une grande tendresse, qui n’est pas la vertu du faible, mais au contraire, dénote une force d’âme et une capacité d’attention, de compassion, de vraie ouverture à l’autre, d’amour. Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, de la tendresse !
Aujourd’hui, en même temps que la fête de saint Joseph, nous célébrons l’inauguration du ministère du nouvel Évêque de Rome, Successeur de Pierre, qui comporte aussi un pouvoir. Certes, Jésus Christ a donné un pouvoir à Pierre, mais de quel pouvoir s’agit-il ? À la triple question de Jésus à Pierre sur l’amour, suit une triple invitation : sois le pasteur de mes agneaux, sois le pasteur de mes brebis. N’oublions jamais que le vrai pouvoir est le service et que le Pape aussi pour exercer le pouvoir doit entrer toujours plus dans ce service qui a son sommet lumineux sur la Croix ; il doit regarder vers le service humble, concret, riche de foi, de saint Joseph et comme lui, ouvrir les bras pour garder tout le Peuple de Dieu et accueillir avec affection et tendresse l’humanité tout entière, spécialement les plus pauvres, les plus faibles, les plus petits, ceux que Matthieu décrit dans le jugement final sur la charité : celui qui a faim, soif, est étranger, nu, malade, en prison (cf. Mt 25, 31-46). Seul celui qui sert avec amour sait garder !
Dans la deuxième Lecture, saint Paul parle d’Abraham, qui « espérant contre toute espérance, a cru » (Rm 4, 18). Espérant contre toute espérance ! Aujourd’hui encore devant tant de traits de ciel gris, nous avons besoin de voir la lumière de l’espérance et de donner nous-mêmes espérance. Garder la création, tout homme et toute femme, avec un regard de tendresse et d’amour, c’est ouvrir l’horizon de l’espérance, c’est ouvrir une trouée de lumière au milieu de tant de nuages, c’est porter la chaleur de l’espérance ! Et pour le croyant, pour nous chrétiens, comme Abraham, comme saint Joseph, l’espérance que nous portons à l’horizon de Dieu qui nous a été ouvert dans le Christ, est fondée sur le rocher qui est Dieu.
Garder Jésus et Marie, garder la création tout entière, garder chaque personne, spécialement la plus pauvre, nous garder nous-mêmes : voici un service que l’Évêque de Rome est appelé à accomplir, mais auquel nous sommes tous appelés pour faire resplendir l’étoile de l’espérance : gardons avec amour ce que Dieu nous a donné !
Je demande l’intercession de la Vierge Marie, de saint Joseph, des saints Pierre et Paul, de saint François, afin que l’Esprit Saint accompagne mon ministère et je vous dis à tous : priez pour moi ! Amen.