Journée de la femme : à Kaboul, la burka n’a plus la cote
Symbole de l’oppression féminine en Afghanistan, la tunique grillagée n’est plus la seule référence vestimentaire. Les commerçants se plaignent d’une baisse des ventes.
« Ça a commencé avec la fuite des talibans, soupire Abdel Wahed. Les commerçants qui vendaient des burkas ont dû s’adapter. » Propriétaire d’un magasin de burkas dans le vieux Kaboul, il déplore, avec ses confrères, le déclin d’une activité qu’il pratique depuis plus de trente ans. Triste symbole de la condition féminine à l’époque des talibans, période pendant laquelle elle était obligatoire, la burka n’est désormais plus légalement imposée aux femmes. Une évolution légale et sociétale qui, depuis la chute du régime taliban en 2001, se ressent sur les ventes.
Si la pression sur les femmes a mis du temps à se relâcher, même après la chute des talibans, le phénomène est désormais net. Selon les estimations d’Abdel et de ses concurrents, moins de 50 % des femmes portent encore la burka dans la capitale afghane. « Aujourd’hui, c’est le mari qui décide de la liberté qu’il est prêt à accorder à sa femme, explique Abdel. Moi, par exemple, même si c’est mon métier, je pense que c’est à ma femme et à ma fille de choisir si elles veulent la porter ou pas. »
« Aujourd’hui, la mode à Kaboul, c’est le hijab »
De ce fait, le vieux bazar, qui jadis regorgeait de boutiques semblables à celle d’Abdel, a évolué. Les étoffes bleues côtoient désormais les carcasses sanguinolentes des boucheries et les vitrines clinquantes de bijoutiers. La rue grouille de divers commerces. « Avant, il y avait bien plus de concurrence, souffle Abdel. Heureusement que l’on peut se rattraper avec les zones rurales ou beaucoup de femmes la portent encore ! »
Car à Kaboul, dans de nombreux quartiers, des jeunes femmes aux tenues branchées ont remplacé les fantômes bleus. Seules les mendiantes échappent à la tendance : toutes sont (…)