Le HCR contre le sit-in des réfugiés ivoiriens
Le 28 Février dernier, un groupe de réfugies ivoiriens constitué essentiellement de femmes a fait un sit-in dans le camp d’Avépozo. Motifs évoqués pour les uns, la suspension de l’opération de distribution générale des vivres intervenue au 31 Décembre 2012 et pour les autres l’insuffisance du montant qui sera allouée à eux pour faire les activités génératrices de revenus (AGR) courant 2013 par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les refugiés (HCR). Saisi de ce mouvement d’humeur, le Bureau de cette institution onusienne présent à Lomé a tenu une conférence de presse hier à son siège. L’objectif était d’amener les journalistes à accompagner la sensibilisation de ces refugiés et les inviter à revoir leurs comportements.
Les journalistes ont été éclairés hier par le HCR sur la situation qui prévaut au Camp des réfugiés à Avépozo, localité située à environ 10 km dans la banlieue Est de Lomé. Ce camp abrite depuis 2011, des refugiés ivoiriens qui étaient estimés à 8 mille et qui n’avaient pas de moyens pour payer leur logement, les vivres, non vivres pour satisfaire leur besoins vitaux. Pour ce faire, Theophilus Vodounou, Représentant du HCR a déclaré que son institution qui était prise de cours dans son budget 2011, était obligé de tout mettre en œuvre pour créer ce camp et d’y mettre les infrastructures d’accueil convenables. Au total, 307 tentes, 164 maisons en bois, 14 anciennes maisons de l’hôtel Tropicana, 3 salles communautaires servant de cuisines et de salle de loisir, 70 robinets, 71 WC et 41 douches étaient mis à leur disposition. Sur le plan sécuritaire, l’Etat togolais a mis à la disposition du camp des gendarmes qui sont présents 24 heures sur 24. Le HCR a fait une connexion d’électricité en payant pour les poteaux et le câblage. Le coût moyen mensuel payé en électricité selon le Représentant est de 300 mille FCFA.
Sur le plan sanitaire, une clinique est installée dans le camp et les soins et médicaments y sont gratuits. Sur le plan socio-communautaire et éducationnel, une assistance financière mensuelle est donnée aux personnes à besoins spécifiques. Une école primaire loge dans ce camp. Grâce à l’appui du gouvernement togolais par le biais de la Coordination nationale d’assistance aux refugiés (CNAR), les élèves du secondaire et les étudiants sont admis dans les écoles et universités d’Etat au même titre que les Togolais. Le HCR a pris en charge les frais universitaires.
Au début de l’opération (en Avril 2011), le HCR, à en croire ses responsables, distribuait du repas à chaud pendant cinq mois. Grâce à l’appui qu’il recevait du PAM (Programme alimentaire mondial chargé de la distribution des vivres), ces refugiés ont été secourus en vivres pendant trois mois supplémentaires. Mais la priorité étant le Sahel où la nourriture manquait cruellement, la PAM a faussé compagnie aux refugiés ivoiriens basés au Togo. Malgré les ressources financières limitées, le HCR a continué les achats de vivres jusqu’en décembre 2012 ce qui a affecté les autres secteurs d’activités selon le Représentant.
Dans la recherche d’une solution durable, le HCR a opté pour l’évolution progressive de l’assistanat à l’autonomisation des refugiés de ce camp. Depuis octobre 2012, des sensibilisations sur le processus de changement de stratégie en 2013 et la fin de distribution générale de vivre au 31 décembre 2012 ont commencé. Ainsi il était convenu que chaque refugié recevrait une subvention de 150 mille FCFA pour se lancer dans des micros projets.
Le Représentant du HCR se dit surpris par la manifestation des refugiés qui ont brandi des pancartes réclamant 1 million de FCFA en lieu et place de 150 mille pour la subvention aux activités génératrices de revenu (AGR). Il a tenu à rappeler aux refugiés que la mission première de son institution est « la protection internationale » et non l’assistance. Il a également condamné les mains noires qui seraient tapies dans l’ombre pour manipuler ces femmes afin d’assouvir leurs besoins égoïstes.
Signalons qu’en fin d’année dernière, 460 refugiés ont été rapatriés volontairement par voie routière et aérienne en sécurité et dans la dignité dans la cadre de l’accord tripartite signé entre le Gouvernement togolais, la Côte d’Ivoire et le HCR. D’autres ont continué leur chemin à des destinations de leur choix. Aujourd’hui, le camp d’Avépozo ne compte plus que trois mille refugiés.
Jean-Baptiste ATTISSO