SYRIE : double attentat suicide à Idleb, universités fermées après le carnage d’Alep
Un double attentat suicide à la voiture piégée a tué mercredi 22 personnes à Idleb, principale ville du nord-ouest de la Syrie sous contrôle de l’armée, alors que les universités du pays étaient fermées en signe de deuil au lendemain de la mort de 87 personnes à l’université d’Alep.
Selon l’agence officielle Sana des « terroristes en mission suicide ont fait exploser deux voitures piégées dans la ville d’Idleb », tuant 22 personnes.
Sana a ajouté que deux autres voitures, conduites aussi par des kamikazes, ont « été détruites sur la route reliant Idleb à Mastoumé, avant qu’elles ne réussissent à tuer des citoyens et des forces du régime ».
L’utilisation de kamikazes et la simultanéité des attaques rappellent les méthodes d’Al-Qaïda et du Front al-Nosra. Ce groupe, qui a revendiqué la plupart des attentats suicide en Syrie, a été placé en décembre sur la liste américaine des organisations terroristes étrangères.
L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a dénombré 24 morts, en majorité des soldats, dans l’explosion de trois voitures piégées conduites par des kamikazes, qui visaient des véhicules militaires à Idleb.
Selon le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, « après la prise de la base de Taftanaz (le 11 janvier), Idleb est désormais le prochain objectif des rebelles ».
Rebelles et régimes se sont renvoyé le responsabilité des bombardements sur l’université d’Alep (nord), qui ont fait 87 morts mardi selon l’OSDH.
Les deux explosions ont touché la faculté d’architecture et la cité universitaire où vivent de nombreux déplacés.
Les universités, en période d’examen, ont fermé leurs portes mercredi en signe de deuil.
Pour les Comités locaux de coordination (LCC), qui animent la contestation sur le terrain, c’est l’armée de l’air qui a tiré deux missiles: « Le régime est responsable. Il est seul capable de commettre des massacres et des destructions, mais l’université d’Alep restera un symbole du soulèvement du peuple syrien ».
Alep, longtemps à l’écart de la contestation anti-régime, avait vu ses premières manifestations se tenir sur le campus de l’université.
En revanche, le commandement général de l’armée a accusé les rebelles: « Dans une tentative désespérée de couvrir leur échec, les groupes terroristes ont commis un nouveau crime en tirant des roquettes contre l’université d’Alep (…), tuant des dizaines d’étudiants et de citoyens innocents ».
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a condamné « l’effroyable attaque », rappelant que « prendre délibérément des civils pour cible constitue un crime de guerre ».
Les Etats-Unis ont eux aussi condamné « l’attaque abjecte » à l’université d’Alep, accusant le régime de Damas d’y avoir conduit des bombardements aériens meurtriers.
De con côté, l’Iran a décidé d’ouvrir une ligne de crédit d’un milliard de dollars à la Syrie, a indiqué l’agence Sana. Après des rumeurs de prêts secrets, il s’agit de la première annonce officielle d’une ligne de crédit de l’Iran à Damas, dont les réserves en devises se sont amenuisées depuis le début de la révolte contre Bachar al-Assad il y a 22 mois.
Sur le terrain, l’armée affichait sa volonté d’en finir avec le réduit rebelle de Daraya, dans la périphérie sud-ouest de Damas, qu’elle cherche à contrôler depuis plusieurs semaines.
« L’intensité des bombardements est incroyable », a affirmé à l’AFP via internet un militant anti-régime basé à Daraya, Abou Kinan.
« Il s’agit de la journée la plus violente depuis deux mois et les affrontements sont terribles à Daraya », une localité de 200.000 habitants aujourd’hui quasi-déserte, a assuré de son côté Rami Abdel Rahmane.
Le frère du président en charge de la région de Damas, le colonel Maher al-Assad, « a donné l’ordre d’en finir avec Daraya même si la ville doit être rasée », a-t-il affirmé.
L’armée a récemment progressé dans cette localité qui avait connu durant l’été 2012 le massacre le plus sanglant du pays depuis le début du conflit, avec 500 personnes tuées, selon l’OSDH.
En Jordanie voisine, où sont réfugiés des centaines de milliers de Syriens, huit d’entre eux ont été tués mercredi quand un poêle à pétrole a explosé, déclenchant un incendie dans leur caravane, ont indiqué des responsables de la Défense civile.
AFP