COREE DU NORD : le tir de la fusée condamné
Le Conseil de sécurité de l’ONU, réuni en urgence et à huis clos mercredi, a « condamné » le lancement d’une fusée par la Corée du Nord et décidé de poursuivre des tractations pour trouver une « réponse appropriée ».
« Les membres du Conseil de sécurité continueront les discussions sur la réponse appropriée à apporter en accord avec leurs responsabilités étant donné le caractère urgent de ce dossier », précise la déclaration lue par Mohammed Loulichki, ambassadeur du Maroc, qui préside le Conseil en décembre.
Selon des diplomates, ces nouvelles discussions pourraient déboucher sur un élargissement des sanctions qui frappent déjà Pyongyang, comme cela avait été le cas en avril lors d’un précédent tir, manqué celui-là, d’une fusée nord-coréenne.
« C’est une approche en deux temps, la condamnation aujourd’hui est la réponse immédiate, la première étape », a expliqué un diplomate occidental.
Il n’a cependant pas caché que si les Occidentaux ainsi que Tokyo et Séoul poussaient à des « mesures fortes », la Chine, alliée de Pyongyang, serait difficile à convaincre. Pékin s’est associé à la condamnation émise mercredi mais pourrait user de son droit de veto au Conseil pour bloquer un texte aux conséquences plus sévères pour Pyongyang.
L’ambassadeur chinois Li Baodong n’a pas parlé à la presse après le Conseil. Dans sa première réaction au tir nord-coréen, la Chine avait soufflé le chaud et le froid, appelant Pyongyang à « respecter les résolutions » de l’ONU puis défendant son droit à explorer l’espace.
Lors d’une visite au Pentagone de Qi Jianguo, chef d’état-major adjoint de l’armée chinoise, le sous-secrétaire américain à la Défense Jim Miller a souligné auprès de son hôte que le tir nord-coréen était « une violation claire » des résolutions de l’ONU, a annoncé le ministère américain de la Défense dans un communiqué.
M. Miller « a appelé la Chine à travailler avec les Etats-Unis et la communauté internationale pour faire en sorte que la Corée du Nord respecte ses engagements et ses obligations internationales et vive en paix avec ses voisins », ajoute le communiqué.
S’adressant aux journalistes après la réunion, l’ambassadrice américaine Susan Rice a quant à elle souhaité à mots couverts un renforcement des sanctions. Il faut, a-t-elle dit, « envoyer à la Corée du Nord un message clair sur le fait que ses violations des résolutions du Conseil de sécurité auront des conséquences ».
Acte « hautement provocateur »
Pour Mme Rice, le tir nord-coréen « montre qu’en dépit des exigences posées par le Conseil de sécurité, la Corée du Nord est déterminée à poursuivre son programme de missiles balistiques sans respecter ses obligations internationales ».
L’ambassadeur sud-coréen Kim Sook, qui a été autorisé à assister aux consultations au Conseil, a réclamé devant la presse que « le Conseil agisse de manière rapide et forte ».
La réunion de mercredi s’est tenue à la demande des Américains et des Japonais, moins de 24 heures après le lancement de la fusée.
Le tir nord-coréen est considéré par les Etats-Unis et leurs alliés comme un nouvel essai de missile balistique à longue portée, alors que les résolutions 1718 (2006) et 1874 (2009) de l’ONU interdisent à Pyongyang toute activité nucléaire ou balistique.
Une longue série de tirs ratés a valu à la Corée du Nord une volée de sanctions depuis 2006.
La « percée technologique » que représente ce tir réussi permet au jeune dirigeant nord-coréen, Kim Jong-Un, d’affermir son autorité. Pyongyang a déclaré avoir défié « les forces hostiles » et réaffirmé son « droit légitime » à lancer des engins à des fins pacifiques.
Dénoncé par les Etats-Unis, l’ONU, le Japon, la Corée du Sud, la Russie ou encore l’Union européenne, le tir nord-coréen a été en revanche salué par l’Iran, également soupçonné de poursuivre un programme nucléaire à visée militaire et sous le coup de sanctions internationales.
Les Occidentaux et leurs alliés asiatiques accusent le régime nord-coréen de détenir plusieurs bombes nucléaires et de procéder à des essais atomiques afin de parvenir à les miniaturiser et les installer sur des missiles.
Les experts estiment toutefois qu’elle est loin de posséder une puissance balistique fiable et que la mise au point d’une capacité nucléaire délivrable par missile intercontinental prendra encore beaucoup de temps.
AFP