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ITALIE : Un an après l’arrivée de Monti, le pays reste vulnérable

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En un an au pouvoir, Mario Monti a éloigné l’Italie du précipice de la dette et lancé des réformes jusqu’alors impensables, mais le pays apparaît étranglé par la rigueur et les législatives de 2013 pourraient remettre en cause sa politique, au grand dam des Européens.

Arrivé au pouvoir le 16 novembre, au plus fort de la tempête financière européenne, pour remplacer Silvio Berlusconi, accusé de miner la crédibilité du pays, M. Monti, respecté ex-commissaire européen à la Concurrence a réussi à ramener un calme relatif.

Pendant toute une année, Monti-le-professeur a été sur tous les fronts pour empêcher l’Italie de sombrer à la suite de la Grèce et convaincre les Italiens de la justesse de leurs sacrifices. Il a aussi rapproché le pays de l’Europe et combattu inlassablement la division, creusée par la crise, entre le Nord et le Sud du continent.

Sous sa houlette, l’Italie a quasiment achevé son programme d’émissions obligataires 2012 avec des taux d’intérêt en fort recul depuis l’été, signe de la relative confiance des marchés à l’égard de sa politique. Le redouté « spread », qui scande l’écart de taux entre l’Italie et la vertueuse Allemagne, est passé au second plan.

S’il y est parvenu, c’est pour moitié par son intervention d’urgence sur les finances publiques et pour moitié par sa « crédibilité personnelle », estime le professeur Gianluca Spina, président de l’école d’économie de l’institut Politecnico de Milan. Cette opération de sauvetage est son « mérite principal », juge-t-il.

Mais au-delà, le bilan de ce gouvernement dit « technique » car non élu est plus mitigé et même décevant par certains aspects, souligne-t-il.

Si la réforme des retraites mise en place dès le début est « très bonne » et a doté l’Italie de l’un des meilleurs systèmes d’Europe en la matière, la réforme du marché du travail apparaît moins réussie, estime-t-il.

« Mourir guéri »

Enfin, et c’est le plus inquiétant pour l’avenir à ses yeux, la politique actuelle mise trop sur la rigueur et pas assez sur la croissance, au risque d’instaurer un « cercle vicieux ». « Il faut poursuivre avec l’austérité mais pas seulement, sinon on risque de mourir guéri », souligne-t-il.

Sous l’effet des plans de rigueur des derniers mois (environ 80 mds EUR de coupes depuis l’été 2011), le pays, entré en récession fin 2011, devrait connaître une contraction du PIB de 2,3% cette année et de 0,5% l’an prochain. Au 3e trimestre 2012, le recul a toutefois été moins fort qu’attendu à -0,2%, selon une estimation publiée jeudi.

Quant au chômage –qui frise déjà les 11%– il continuera de s’étendre. Et la dette publique italienne continue de battre des records: elle a frôlé le chiffre symbolique de 2.000 milliards d’euros en septembre et devrait représenter 126,4% du PIB de 2012.

M. Monti promet pour sa part une reprise courant 2013, prévision que nombre d’experts jugent optimiste.

Mais dans ce contexte de grande fragilité, le manque de lisibilité du paysage politique n’est pas fait pour rassurer Europe et marchés, qui craignent un coup de frein sur les réformes, voire un retour en arrière, si Monti ne siège plus au gouvernement à l’issue des élections. L’intéressé n’exclut rien, tandis que certains le verraient bien prendre le portefeuille des Finances, ou la présidence de la République.

Quoiqu’il en soit, « l’Italie doit continuer à démontrer un engagement ferme envers son objectif de réduction de la dette publique. Il existe un risque important que les opérateurs de marché recommencent bientôt à mettre en question l’engagement de l’Italie envers l’austérité budgétaire », souligne Giada Giani, analyste de la banque Citi.

Matteo Cominetta, économiste de la banque UBS, tempère les risques liés aux élections: « La crise a enseigné aux politiques italiens que pour empêcher une désastreuse perte de confiance sur les marchés de la dette (et leurs gouvernements de chuter) il est primordial de maintenir le cap de la réduction de la dette », estime-t-il.

« De fait, tous les partis politiques acceptent que le niveau de dette doit baisser. Le désaccord porte plutôt sur comment y parvenir », juge-t-il.

Le scénario « le plus dangereux à court terme » serait celui d’une absence de majorité aux urnes: « L’Italie attire toujours beaucoup trop l’attention des marchés pour se payer le luxe de ne pas avoir de gouvernement (ou qu’il soit faible) pendant des mois », souligne-t-il.

AFP

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